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Eric Hazan s'est inspiré du travail scientifique de Victor Kemperer. Ce philosophe a étudié la langue du IIIème Reich, la LTI, en observant que le nazisme à force de propagande avait profondément modifié la langue pour mieux imprégner la société allemande.

«Dans le cas de modernité (...) la novlangue joue sur l'imprécision du mot pour l'utiliser dans deux directions diamétralement opposées. Tantôt la modernité est présentée comme un idéal qui suppose que soient intériorisées les précieuses valeurs occidentales. (...) Tantôt au contraire, la modernité est présentée comme une sorte de malédiction, le moteur des grands désastres... La modernisation, elle, est toujours présentée comme un processus indispensable pour éviter le déclin...»

A l'instar de le LTI, la LQR nous imprègne et nous endort, nous transformant parfois en agents de l'idéologie dominante. Combien d'entre nous ont conscience que certaines expressions disparaissent au profit d'autres, plus neutres : organisations syndicales et patronales a été remplacée partenaires sociaux, exploitation par exclusion ou harcèlement, égalité par équité, gouverner par gouvernance, "programme politique" par "feuille de route"... ? Une évolution sémantique qui n'est pas le fruit du hasard.

En effet, la LQR imprègne le vocabulaire, la grammaire, la syntaxe. Elle vide également les mots de leur sens, en élimine et en invente d'autres. Elle modifie la langue elle-même. Au final, Eric Hazan démontre combien la LQR manipule probablement notre façon de penser la vie, les autres, la société, la politique, voire notre pensée elle-même.

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