Souvenirs d'une morte vivante (Victorine B.)

un léger décalage...

Billet

Faute de trouver à la bibliothèque municipale La semaine sanglante de Maxime Vuillaume, nous avons emprunté la biographie de Victorine Brochet qui fut à plusieurs reprises officiellement fusillée par les versaillais ! D'où le titre...

Cette femme a vécu deux révolutions. Après juin 1848, ces parents quittent Paris pour Orléans, mais quelques années plus tard, le coup d'Etat de Napoléon III contraint son père, fervent républicain, à l'exil. Elle ne le reverra qu'une seule fois.

«Qu'est-ce que la patrie ? C'est le coin de terre où l'on respire librement, où notre esprit se développe, où le soleil nous sourit. Ce sera dans un avenir plus ou moins lointain, la terre promise, où les mères pourront et sauront élever leurs fils sans crainte de les jeter en pâture à ce monstre infernal que l'on appelle la guerre.»

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Couturière, instruite, admiratrice de Victor Hugo, mère de famille (elle perd ses deux enfants) et fervente militante, elle adhère clandestinement à la section parisienne de l'Internationale et participe à diverses initiatives coopératives. Après la Commune, condamnée à mort par contumace comme "pétroleuse", elle s'exile en Suisse :

«On s'était figuré que tous les ouvriers comprendraient bientôt que leurs amis, c'étaient tous les travailleurs du monde, et que leurs ennemis n'étaient pas les Allemands, ni les Anglais, etc., mais tous les exploiteurs à quelque nation qu'ils appartinssent, les gouvernants et leurs suppôts. (...) Les gouvernants comprennent mieux que les prolétaires la puissance énorme que pourrait avoir une véritable internationale.»

Victorine Brochet (1838-1921) livre un témoignage passionnant sur l'après juin 1848, la vie sous le Second Empire, la Commune, la semaine sanglante, et la condition des femmes :

«Paris est le paradis des demi-mondaines et des chevaux de luxe, l’enfer des honnêtes travailleuses et des chevaux de fiacre. Tous les deux entrevoient la mort comme une heureuse délivrance. Voilà leur idéal ! »

A lire.

Commentaires

1. Le jeudi 21 avril 2011, 16:15 par pamphile

cela rejoint les analyses du couple PINSON dans leur bouquin dont tu avais fait un très beau compte rendu :
les prolétaires ne voient pas les vertus de l'union. Les capitalos, si !

2. Le jeudi 21 avril 2011, 17:28 par des pas perdus

il existe une certaine permanence hélas...