Aussi, nous te déconseillons d'aller plus loin, tant ce billet, dont le début ressemble à un rêve éveillé et à la fin à un cauchemar sans fin, risque de te dévoiler certaines vérités insoutenables...
Mais avant d'entrer dans le vif du sujet...
Au commencement, des commerçants et autres vendeurs de cognac imaginèrent l'Union européenne comme le paradis du libéralisme et de la concurrence libre et non faussée... Ils clamèrent que «l'Europe c'est la paix...» Il y avait bien un ancien président du conseil qui avait flairé l'arnaque mais devant l'enthousiasme général, personne ne l'écoutât.[1]
A la chute des pays du bloc soviétique, la construction s'accéléra aux motifs que «le capitalisme c'est la démocratie» et «l'Europe c'est la prospérité économique et un haut niveau de protection sociale»...
Vingt ans plus tard, chacun peut mesurer concrètement ce qu'est l'Union européenne du traité de Lisbonne [2] :
Le Portugal est un des tous derniers pays européens à subir un plan d'ajustement structurel qui a été d'abord appliqué par le parti socialiste, puis par la droite. Des mesures qui respectent les dogmes néo-libéraux parce que vous savez...
La Grèce a été le premier pays européen à subir un plan de d'ajustement structurel de la troïka (UE - BCE - FMI). La droite et les socialistes français ont salué le courage du premier ministre socialiste grec. Le 1er plan de rigueur ayant aggravé les finances du pays, un second plan d'ajustement de même nature, encore plus injuste, vient d'être mis en œuvre.
La lecture des mesures mises en place se passe de commentaire, non ?
On ajoutera - pour la bonne bouche - que l'ancien vice-président international pour l’Europe de la Goldman Sachs, banque affairiste qui avait aidé la droite grecque à maquiller les comptes publics [3] - deviendra le président de la Banque centrale européenne (BCE)... grâce au soutien de la droite, du centre et de la social-démocratie...
Enfin, depuis un an, l'Irlande est également soumise à un plan d'ajustement structurel, couramment dénommé «plan de sauvetage» en novlangue libérale. [4] A priori, les mêmes mesures provocant les mêmes effets, le gouvernement irlandais d'union centre-droit et travailliste devra sans doute prochainement négocier un nouveau plan avec la troïka...
Ces trois exemples démontrent que des gouvernements de droite et des gouvernements de la social-démocratie appliquent consciencieusement des politiques d'essence néo-libérale comme ce fut le cas sur d'autres continents dans les précédentes décennies... D'ailleurs, au parlement européen, les votes des députés du PPE et du PSE se rejoignent souvent...
Droite ou gauche social-démocrate ?
Peu importe, c'est surtout TINA... [5]
Notes
[1] des pas perdus - PS : l'impossibilité d'une Europe sociale
[2] les trois copies, ci-dessous, sont extraites du mensuel Le monde diplomatique
[3] Basta ! - La Banque centrale européenne est-elle passée sous la coupe de Wall Street ?
[4] des pas perdus - Et il est où le modèle irlandais ?
[5] les encadrés sur le Portugal, la Grèce et l'Irlande sont extraites du mensuel Le Monde diplomatique de juillet 2012
Commentaires
Merci pour ce billet on ne peut plus clair !
Le problème avec les socialistes, les libéraux, c'est que ça, ils ne le subiront jamais eux-même puisqu'ils ne font pas partis des milieux qui morflent le plus.
Les premiers à souffrir, sont les déjà pauvres, précaires, à contrat merdique ou en fin de droit.
On se souviendra de la soumission à l'ordre économique des socialistes au moment de voter, à moins d'être socialiste soi-même, auquel cas on oubliera tout, on fera comme si de rien n'était, et on aura la larme à l'oeil en faisant passer des mesures de "rigueur", constatant que les pauvres "pourraient tout de même faire un effort" (et que c'est de leur "dignité" dont il est question, bien évidemment, l'attrape-couillon venant du fait de faire croire que c'est de la personne-même que vient la requête).
Le monde économique ne tire plus rien, c'est un boulet qui tire systématiquement les peuples vers le bas, et qui les enfonce dans une mouise de plus en plus balèze, en même temps que dans un monde de plus en plus violent et glacial.
Mais les crétins qui nous dirigent lui lèchent systématiquement le museau puisqu'ils en ont pris la mesure depuis bien longtemps et qu'on les a dressé à le faire.
Comme tu dis. Il y a des alternatives, mais ça demande autre chose qu'un cerveau consommateur de pubs et de formules toutes faites gonflées aux hormones et théorisées dans des écoles dévolues au décervelage total et global (traversé une fac de sciences éco aujourd'hui, bizarrement j'ai tout de suite pensé à ça, au vide que représentaient tous ces murs)
Merci pour ce billet.
Pour certains ça ne peut paraitre que répétition, que psalmodie, mais il faut sans arrêt le dire, le répéter, à défaut de s'endormir complètement (également une des grandes qualités de cette société)
Je suis d'accord avec toi, à ceci près que cet ordre-là commence à toucher les classes moyennes maintenant. Sinon, il faut répéter inlassablement...
Déjà, c'est un peu facile de réduire l'impact de l'Europe sur les PIGS aux mesures qu'ils sont forcés de prendre en 2011. L'Europe leur a assuré de la croissance et un enrichissement pendant 10 ou 15 ans.
Ensuite, la Grêce a fraudé. Vous donnez une prime à la fraude ?
Enfin, les pauvres souffrent plus en économie socialiste qu'en régime libéral. Il n'y a qu'à comparer le niveau de vie des menages ouvriers en Suisse ou en Allemagne avec ce dont ils bénéficient en Corée du Nord ou à Cuba.
Le Parisien Libéral, mon propos ne concerne ni la Suisse, ni les pays qui ont subi stalinisme ou le libéralisme, soit les deux faces d'une même pièce...
Quand l'oligarchie aura complètement appauvri la Grèce et ce que vous appelez les PIGS, comme en Amérique latine, en Argentine, alors l'oligarchie s'attaquera à l'Italie, à la France, à l'Angleterre, et même à l'Allemagne.
hier soir sur FI (téléphone sonne sur la démondialisation et l'Europe ) l'un nous expliquait qu'il nous suffisait d'être patient que l'Europe est le progrès social… et aussi que c'est de notre faute de consommateur si on ferme les usines because on achète pas french… il a oublié ou ne doit pas être informé aussi bien que toi (et nous) qu'avec un smic on n'a pas le choix… sinon de vivre comme au XIXè
ouahh je viens de lire le parisien libéré (un courageux)
vous ignorez :
1- l'histoire de l'Europe et l'évolution économique de ces pays depuis le XIXe
2- qu'à la chute du mur ceux qui ont dégusté sont les pauvres, ils n'avaient plus de couvertures sociales, ni de service publics…
3- la fraude de la grèce était connu et de connivence avec l'Allemagne et la France
4- comparer la suisse à cuba… vous êtes un comique (je vous apprend que Cuba a subi un embargo depuis 1962)
… enfin j'arrête il vous faudrait un peu lire quelques livres
D'accord en tout point avec toi Annie.
La mondialisation comme l'explique Sapir n'a pas profité aux populations des pays riches et des pays dits émergents...
Juste une remarque, cette situation là n'est pas liée au TCE de Lisbonne. En effet toutes les saloperies liées à ça datent de bien avant. Par exemple l'endettement massif de la Grèce a été aggravé par les Jeux Olympiques de 2004.
Quel lien avec Lisbonne ?
Par exemple de l'acte unique, Maastricht ou de l'apparition des produits dérivés sur obligations (emprunts d'états) dans les années 70 et la financiarisation à outrance des années 80 avec par exemple la cotation en temps réels de titres complètement indépendant de la possession d'un bien.
Rajoute à ça le statut de la BCE (cf traités cités plus haut et antérieur au TCE/Lisbonne) , et l'interdiction aux états (France 1973 Pompidou) de faire tourner la planche à billet en empruntant à sa banque nationale.
Cela ne retire pas bien sur , la véracité de tes autres remarques.Tout cela est terrible, et montre que le personnel politique ne pense plus du tout à la vie des citoyens, et subit (volontairement ou pas) les diktats d'une oligarchie qui installe tranquillement une ploutocracie parfaite pour eux.
J'appelle ça le maoïsme pour les riches: corruption et partage du pactole, avec révolution culturelle et camp de travail libéral pour les autres .
Le traité de Lisbonne, parce que nous sommes en plein dedans et qu'il aggrave bien les choses... en confirmant certains choix faits précédemment (Maastricht)... On subit le respect aux dogmes du libéralisme et du monétarisme qui profitent aux privilégiés, en particulier aux rentiers.
Sinon, je suis d'accord avec toi . Par contre, j'ai l'impression que tu t'illusionnes dans ton engagement pro-Royal.
je ne m'illusionne pas: Royal parle de changer le statut de la BCE (déjà en 2007). Elle était allé le dire devant les zozos du PSE à l'époque , ils avaient couiné.
Et personne ne l'a remarqué elle a été OK avec Chevenement quand celui-ci nous a expliqué que quelque soit le candidat de gauche élu en 2012 , il devra prendre son courage a deux mains et aller taper à la porte des partis de gauche de l'UE (sans exclusive) et leur dire : bon on fait quoi avec cette BCE et ces conneries ?
Par ce qu'il faut bien commencer par poser une question , pour juger des accords ou des rapports de force.
Certes, on peut aussi adopter la démarche préconisée par Mélenchon...
La mondialisation n'a pas profité aux populations des pays riches et des pays dits émergents... ?
vivement qu'en 2012, nous demondialisons pour voir si la classe moyenne française peut vivre sans uranium du Niger, sans Logan fabriquées en Roumanie, sans t shirts d'Asie, sans vacances à 400 euros la semaine au Maroc, sans oranges à moins de 2,50 euros le kilo etc.
http://leparisienliberal.blogspot.c...
Le parisien libéral, je vous renvoie au dernier bouquin de Sapir et pourquoi à celui aussi de Kempf...