Et il est où le modèle irlandais ?

un léger décalage...

Billet

Il parait que l'Irlande est au bord de la faillite. L'article du Point, un parmi d'autres, est éloquent :

«Il faut sauver le soldat irlandais pour sauver la zone euro. Même à son corps défendant. Jeudi, des experts européens et du Fonds monétaire international (FMI) vont devoir faire preuve de doigté pour convaincre Dublin d'accepter un plan international de sauvetage de ses banques. Les Irlandais, grisés par une croissance économique dynamique et l'attractivité de leur territoire, s'offusquent de se retrouver au rang des mauvais élèves européens, au même titre que la Grèce. »

Après la Grèce accusée de tous les maux et même de tricheries et de mensonges au printemps dernier, c'est au tour de la vertueuse Irlande...

Et pourtant, l'Irlande était présentée comme un modèle ! D'autant plus qu'elle avait fini par accepter le traité de Lisbonne...

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Qu'est-ce qu'on nous culpabilisait !

«on est littéralement stupéfait par les écarts d'efficience (croissance économique, chômage, etc.) entre les Etats membres.» (...) on retrouve invariablement dans le peloton de tête l'Irlande, le Luxembourg, le Portugal, l'Espagne, la Norvège et la Grande-Bretagne. Les facteurs favorisant la croissance économique sont connus de la science économique [1]

C'était scientifique ! L'Irlande appliquait les dogmes néo-libéraux...

Dans un autre article, la propagande s'en donnait à cœur joie:

«Tête de pont de l'industrie américaine en Europe, l'Irlande continue de présenter nombre d'avantages aux investisseurs étrangers : fiscalité attrayante, population jeune et formée, appartenance à l'UE. »

Nos amis libéraux vendaient du rêve irlandais :

«En 2002, l'Irlande est classée par l'OCDE au premier rang des exportateurs de logiciels au monde. Classement identique un an plus tard réalisé par l'IMD (International Institute for Management Development).»

La NUMBER ONE :

«Ce même institut classe en 2005 l'Irlande comme le pays ayant la population active la plus flexible et adaptable au monde. Et sur le critère de la productivité, le pays arrive encore en tête, juste devant la France.»[2]

L'Irlande était devenue un modèle à imiter :

«Si la période du miracle irlandais est terminée, l'inquiétude n'est plus au rendez-vous. Il est certain que les dirigeants irlandais auront d'autres défis à surmonter : la crise du logement, l'inflation, l'accès aux ressources énergétiques et le maintien de la compétitivité irlandaise (...) Il serait souhaitable que les États d'Europe de l'Est s'en inspirent dans leur aventure européenne...» [3]

Fiscalité attractive... paradis fiscal... population formée, flexible et adaptable... Union européenne... Zone euro... Europe qui protège...

Il faut croire que ça ne suffit plus.

Faudrait peut-être penser réhabiliter l'esclavage ? Qu'en pensent nos éditocrates, nos experts économiques radio-téléphoniques et le MEDEF ?

Notes

[1] workforall - Le modèle Irlandais

[2] Le journal du net - Face à la concurrence, le modèle de réussite irlandais résiste

[3] perspective Université de Sherbrooke - L'Irlande : tigre celtique ou modèle d'intégration?

Commentaires

1. Le vendredi 19 novembre 2010, 09:49 par romain blachier

Que le libéralisme aie flingué l'Irlande et que nos éditocrates s'en trouvent tous cons, ok. Que l'euro soit forcément libérale par nature c'est faux. L'Euro, le franc ou le bolivar ne sont pas socialistes ou libéraux de par leur existence même. C'est la politique européenne de la droite au pouvoir à Bruxelles (le PPE est le premier parti de l'Union) qu'il faut combattre.

2. Le vendredi 19 novembre 2010, 10:34 par alf

vu tout ce que tu rappelles ici, ca donne franchement envie de leurs fourguer du fric européen (le nôtre donc) pour leur éviter la faillite... En même temps quand un Van Rompuy, qui est loin d'être idiot, déclare que la zone euro (et l'Union) joue sa survie dans l'histoire... Ca fait frémir

3. Le vendredi 19 novembre 2010, 14:03 par des pas perdus

Romain, je sais bien mais regarde un peu les votes des eurodéputés socialistes...

alf : la politique monétaire de la zone euro n'est pas décidée par les politiques...

4. Le vendredi 19 novembre 2010, 16:09 par Rodrigue

La seule chose nouvelle de ce 21ème siècle: les financiers dirigent la planête et les politiques exécutent. Rien, ni personne, ne semble vouloir ou pouvoir les arrèter.

5. Le samedi 20 novembre 2010, 14:06 par Annie

on le prévoyait pas vraiment, mais enfin on le dénonçait durant la campagne du NON. On aurait pu le prévoir.

6. Le samedi 20 novembre 2010, 14:29 par des pas perdus

Bien d'accord avec vous deux