Appelle-moi Jean-Ed [1], comme tous mes camarades, en plus ça passe bien auprès du populo qui fait ses courses au marché populaire Saxe-Breteuil.
Mon engagement ne s'est pas forgé par réaction contre ma famille. Il remonte à mes années ZEP quand j'étais au lycée Henry IV. Il a muri et s'est affiné ensuite à Sciences Po. C'est en intégrant l'ENA, promotion Jacques Delors, que j'ai décidé sur un coup de tête, de prendre ma carte au parti socialiste. Depuis, j'ai pris quelques responsabilités nationales au MJS, et j'occupe mes heures de loisirs à pondre des rapports pour la fondation Terra Nova.
Je dois avouer que le socialisme rénové m'a profondément séduit : le socialisme mouderne ! Quand je remonte à ses racines, c'est-à-dire jusqu'au molletisme et au mitterrandisme, en incluant le rocardisme sarkoziste, on est frappé par l'esprit d'entreprise et le pragmatisme non dogmatique qui caractérisent le socialisme mouderne.
Le socialisme mouderne est internationaliste : il défend la mondialisation heureuse et le libre échange sans entrave, et porte haut les valeurs de l'Europe qui protège grâce au PSE de MM. Zapatero, Papandreou, Schröder et Blair ! Le Manifesto est mon livre de chevet.
D'un point de vue dialectique, le socialisme mouderne français a rompu avec l'idéologie marxiste de Jaurès et son dérivé marxiste-léniniste inventé par Blum. Le matérialisme mendèsiste a été complètement éradiqué depuis le 20ème congrès démocratique de Reims! La rénovitude est un succès !
Durant mes années de formation, l'enseignement du Mitterrandisme m'a particulièrement séduit, abstraction faite de la dictature du prolétariat mauroyssienne de 1981 - 1983. Dans ce bilan remarquable, je n'oublie pas la gouvernance Jospiniste.
Les politiques socialistes de progrès et de dérégulation ont permis de mouderniser la France. Je vous ferais grâce du détail de leurs gouvernances respectives en citant seulement les réformes les plus emblématiques :
- Fabius a flexibilisé le marché de l'emploi, en créant notamment le TUC...
- Rocard a supprimé l'administration des PTT en créant deux entreprises publiques pour apporter plus de souplesse dans l'organisation du travail et dans le recrutement d'un personnel moins privilégié !
- Bérégovoy a vraisemblablement accomplit la réforme la plus importante en dérégulant les marchés financiers pour libérer les énergies spéculatrices de l'actionnariat populaire !
- Cresson a interdit aux demandeurs du droit d'asile de travailler;
- Enfin, Jospin a réussi l'exploit de privatiser plus que Chirac, Balladur et Sarkozy réunis !
Enfin, le bilan du parti socialiste dans l'opposition est digne d'être rappelé : presque tous nos leaders ont vaillamment défendu le TCE et le traité de Lisbonne présentés par la droite, ainsi que le 1er plan d'aide à la Grèce du camarade socialiste Papandreou...
Malgré tout, je suis miné par l'incertitude. Je devrais être fier des primaires mais pourtant le doute m'assaille.
Avant l'épisode new-yorkais, comme la majorité de mes camarades, tous mes espoirs reposaient sur DSK : son expérience gouvernementale sous Jospin, sa gouvernance inoubliable au FMI, et sa gestion socialiste de la crise grecque, ainsi que ses compétences annexes, notamment en relations humaines, le rendaient incontournables et en faisaient un candidat imbattable !
Mais depuis, la victoire certaine s'est éloignée. Aussi, ai-je du lire toute la production intellectuelle de nos candidats pour en choisir un-e !
J'ai kiffé grave ma race avec la Lettre à tous les résignés et aux indignés qui veulent des solutions de Royal, La démondialisation de Montebourg, La lettre aux français d'Aubry, Un destin pour la France de Lollande, et Sécurité : La gauche peut tout changer de Valls.
Lesdits ouvrages sont d'égale valeur, et dignes de nos plus grands penseurs de Montaigne à Rousseau en passant par de Closets et A. Minc, mais j'hésite toujours !
- Martine Aubry me séduit par son côté bon vivant catholique et travailleur, son bilan est vraiment remarquable, excepté les 35 h., la dernière université d'été atteste de l'unité, de la démocratie et de l'audace du parti sous sa direction en invitant des intellectuels publicitaires et télévisés comme Gilles Finchelstein et Élie Cohen. Mais, mon assertion à la bière Ch'ti et aux gros corons constitue un trop lourd handicap!
- François Lollande serait le choix de la raison et du lol, sa volonté infaillible de rigueur avec un retour à l'équilibre budgétaire dès 2013, ainsi que son côté girouette le rendent éminemment séduisant. Mais devoir passer mes week-ends en bronzothérapie ne m'enchante guère.
- Arnaud Montebourg a les défauts de ses qualités, jeune mais impatient, impétueux et inexpérimenté, anti-cumul des mandats mais cumulard, il est également un peu trop dogmatique et idéaliste à mon goût. Je crains de ne pouvoir supporter l'ambiance zouk en qualité de secrétaire général de l’Élysée.
- Ségolène Royal a l'expérience de la présidentielle et la connaissance de Sarkozy, sa volonté, sa foi en elle, son amour de l'armée, son côté maîtresse d'école en font une candidate sympathique. Je suis pour la parité mais je ne m'imagine pas manger du chabichou au café dans mon cabinet.
- Manuel Valls serait mon choix de cœur mais sa franchise quant à la politique de rigueur, aux nécessaires sacrifices et son réalisme sécuritaire risquent de rebuter notre électorat le plus conservateur. De plus, passer mes fins de semaine à Evry ne m'enchante guère.
- JM Baylet... ? Il n'est pas pas socialiste. J'ai le droit d'être sectaire, non ? Être chargé de mission d'un vieux rad-soc, jamais !
En définitive, j'apprécie tous les candidats putatifs du parti. Aussi vais-je attendre par convictions celle ou celui qui aura été désigné-e à l'issue des primaires...
Notes
[1] Jean-Ed est un militant parmi d'autres... Vous l'avez probablement croisé
Commentaires
Merveilleux billet. C'est décidé, Montebourg, large, rien que pour l'ambiance zouk en qualité de secrétaire général de l’Élysée...
Bravo, on en redemande....
Allo, ici l'autre pays du fromage... dig dig dig boum...
dans une autre vie, ma "belle" (un mot cata, ils étaient laids) famille était du 7è, on dirait que tu connais l'avenue de Ségur ?
et autres lieux distingués. Ils sont plus moderne que dans le 16è, certains même liraient le canard enchainé. Ce jeune militant a de l'avenir… mais que dans son quartier.
rhooo tu exagères dans ton portrait là :)
Gauche mouterne serait encore plus précis. Chuis allé à une réunion des troupes de Lollande. Je pensais pas que la France était un pays comptant à l'aise 80 % de retraités. Je savais que Lollande était mou et ben, mon camarade, j'ai pas été déçu. Mais si tu vires la douzaine de blagues carambar de son heure de cours au tableau, Lollande est aussi terriblement terne. La blouse grise de l'instit qui reste accroché à son tableau par la craie, c'est quand même pas glamour. Surtout pour les chômistes à qui il promet de la sueur, du sang et surtout encore beaucoup, beaucoup, beaucoup de larmes. La ternitude, c'est qui déjà qui a forgé ce néologisme ?
La gauche mouterne.
J'ai lu ça dans des livres pas signés par Dukan ou Montignac qui sont devenus les œuvres de référence de Lollande si j'en crois la presse. En 1969 Gaston Defferre a fait une aussi magnifique campagne aussi décalée des préoccupations basiques du populo, aussi peu branchée sur son temps et aussi dynamique que les pâtes hollandaises trop cuites. Bon, il avait fait 5 % le Gastounet. Lollande n'a manifestement pas relu ses cours d'histoire...
tiens, tu tapes pas sur Hollande ? Dommage ! j'aurais pu te republier sur TSH...
Un camarade attentif me signale que pour l'année 69 Hollande a arrêté le cours d'histoire à la saillie (euh oui, je sais...) de Gainsbourg proclamant : "69, année érotique".
Et le camarade de la Rénovitude proteste vigoureusement : paraît que je lui aurais un peu piqué le concept de la ternitude. Bon, il est bien gentil, il colle bien les affiches dans le 16e arrondissement, il distribue bien les tracts à Neuilly, il fait bien la campagne de Lollande à Passy, mais c'est quand même pas lui qui aurait inventé la bravitude.
Y'a plus qu'à appliquer la bravurance, comme il y a la gouvernance (beurk) et la bienpensance. On a déjà les cahiers Conquérant© parfois qualifiés de super (pour faire le plein... de voix ouf ouf ouf).
"Ce plat pays.... qui est le sien" est le symbole d'un homme, qui ne fait pas plus de vagues que le parvis de la Défense, là où rien ne se passe. Que la mort des faibles. Dans les tours aux noms évocateurs.
Tiens, j'y laisserais bien tomber une peau de banane, pour voir valser un trédeur de ces banques qui nous narguent. Mais bah ! que ce serait mesquin...
Merci MHPA
Babelouest ; tous ces mots en "ance" sont suspects à mes yeux... autant que les traders !
Peut-être Annie ?
Gael, à peine...
Un partageux : tu es encore plus sévère que moi et le camarade de la rénovitude sur Lollande !
GdeC : je ne suis guère élogieux avec Lollande... Je ne lui tape pas comme un sourd parce que le pauvre, il n'est pas le seul...
je suis prete a manger du chabichou au ptit dej....
je vote Royal !!;))
No comment !
Du chabichou au p'tit déj ? Plutôt du préfou....
hein?
Ah ! ah ! le préfou, c'est çà http://jojocuisine.over-blog.com/ar... , mais il est recommandé de ne pas avoir un rendez-vous galant ou chez un futur patron juste après ce genre de repas...
Merci pour le lien ;-)
Sage décision Jean - Edouard, vous irez loin!
NB: vous avez une aversion pour la bière Ch'ti et non une assertion. Votre plume a fourché sans doute.
Merci cher ami, s'il n'y avait que ma plume....