Il y a d'abord les premières pages percutantes du roman qui se situent quelque part dans le grand ouest dans le trou du cul des États-Unis en pleine Dépression. Une rencontre entre un motard et une jeune serveuse de bar. L'union. La séparation. La naissance de l'enfant. L'abandon, et puis la fin tragique.
« La prison, c'est nul vieux. Pense à tous ces enculés dehors qui savent pas ce que c'est et qui se disent qu'on est à notre place. Mec, pense à tous ces types. Y en a pas un qui contourne pas la loi chaque fois qu'elle lui barre la route.»
Il y a ensuite le roman proprement dit, celui de l'enfant ou plutôt de l'Amérique des bas-fonds et des déclassés, loin bien loin du rêve américain. Le récit de Jack qui au sortir de la seconde guerre mondiale, est déjà un survivant de l'orphelinat, de la maison de correction de Saint Quentin, de l'hôpital psychiatrique et de la taule.
« Je fais un seul chèque en bois de toute ma putain de vie et j'écope de cinq ans ! T'appelle ça comment ? A côté, un salopiot de comptable qui fauche trente mille dollars, il prend six mois ! Ouvre les yeux mon pote, tout ce qu'il y a ici, ce ne sont que des putains de voleurs de poulets ; tous les gros bonnets, les pros, les cols blancs, y sont dehors ou à Chino, en train de se faire dorer la pilule. Évidemment qu'il faut s'occuper des criminels, mais dans ce cas, de tous les criminels, sinon ça veut dire qu'il y a un truc pourri quelque part. »
Sa vie n'est qu'une suite d'accidents, de petits larcins, de cuites, de nuits de débauche, de journées pleine d'ennui, de paris stupides perdus, d'hôtels pourris, de désirs inassouvis, d'excès, d'enfermements. Et pourtant, il tente d'échapper à sa condition. Malgré les amis de passage, Billy son compagnon d'infortune, les femmes, l'amour, la paternité, Jack demeure un maudit, en butte à l'injustice et à la violence sociale. Tout finit par lui échapper, par mal tourner. Seule la solitude se cramponne à lui. Et, la littérature aussi qui lui révèle qu'il n'est pas si seul, finalement.
Sale temps pour les braves est un grand roman qui vous happe de la première à la dernière page. Un récit sans fioriture, terriblement réaliste et efficace sans pathos ni discours... A lire.
Commentaires
Un autre "Eric Miles Williamson", ça a encore l'air politique, je ne vais plus être reçu à l'ambassade des Etats-Unis !
Du jour, http://www.libellus-libellus.fr/art...
magnifique livre que j'ai lu en deux jours il y a plusieurs années...l'amérique dans toute sa splendeur,ce livre m'a énormément marqué...depuis que tu as parlé de Sépulveda,je dévore tout ce qu'il a écrit...un grand merci a toi
Je le crains Lou... Non pas politique, mais très noir.
Jacques G, je confirme...