Florange et la démocratie sociale

un léger décalage...

Billet

Comme aux beaux temps de la gauche, il fut question de nationalisation pour sauver Florange. La droite, le patronat et les éditocrates ont immédiatement réagi. Puis, ce fut la négociation et cet accord avec Mittal, l'affairiste qui n'a jamais tenu ses promesses.

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On comprend la déception des travailleurs et de leurs organisations, d'autant que l'accord est plus que fragile et contestable puisque Mittal doit respecter sa parole et l'Union européenne adopter le projet européen d'enfouissement du CO2.

Mais, au-delà du contenu d'un accord qui marque l'énième capitulation d'un gouvernement social-démocrate face aux puissances de l'argent, il ressort que les salariés et leurs représentants syndicaux ont été traités comme des citoyens de seconde zone en étant écartés des négociations. Une sorte de relégation sociale et citoyenne à l'encontre de travailleurs qui luttent depuis des mois pour sauver leurs emplois et leur outils industriel.

Bien qu'il n'existe aujourd'hui aucune disposition légale et réglementaire ad hoc, un gouvernement qui se réclame de la gauche, composé de socialistes, d'écologistes et de radicaux, aurait dû inviter les organisations syndicales à participer à ces négociations.

En l'espèce, le gouvernement a ignoré la démocratie sociale.

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Sans tomber dans la critique systématique, il est tout de même frappant que les dix années d'opposition du PS - une période propice à la réflexion - n'aient pas débouché sur des mesures concrètes pour instaurer la démocratie sociale.

Ainsi, la vie et l'avenir des salariés des entreprises en difficulté dépendent encore des "accords" pris au sommet, sans leur demander leur avis, et sans que leur avis soit décisif, comme sous Sarkozy ! Il y a là quelque chose de révoltant et d'archaïque.

Comment qualifier cette société où la démocratie s'arrête à la porte des entreprises et des administrations ?

Certes, les salariés n'ont pas le capital mais ils possèdent les compétences et sont les créateurs de richesses. Par conséquent, ils doivent, au même titre que les autres parties, avoir les mêmes droits de négociation et de décision en toutes circonstances.

L'accord sur Florange porte la marque de cette absence de démocratie sociale. Il conviendrait que la gauche y remédie.

Commentaires

1. Le jeudi 6 décembre 2012, 23:27 par Pensez BiBi

Sur ce mot de Négociation que le discours néo-libéral veut faire tomber en désuétude :
Dans les plus durs conflits sociaux (ex : Florange) les travailleurs sont désormais écartés de toutes négociations. Les "négociations" ne sont plus - et ce, de plus en plus - d'actualité.

Le discours néo-libéral ( et celui du Gvt en suit les pentes) a pour objectif double :



1. de substituer aux conflits un "déficit d'explication" Si vous, ouvriers de Florange, vous venez à l'Elysée, c'est pour que moi - Ayraut Co - je vous explique.

2. de remplacer les négociations par des discussions purement techniques ( par exemple on parlait d'ajustements comptables pour les conflits Retraites, d'adaptations juridiques pour le Traité européen, de modernisations statutaires pour le CPE etc.)



Cette façon de psalmodier ces répétitions (dans les médias et par "nos" Dirigeants) vise à ancrer ces décisions unilatérales comme étant dans la nature des choses.

Écoutons Attali : il ne dit pas autre chose : "Il faut être réaliste. Florange c'est fini". Et il est à craindre que cela ne continue car pour moi, il y aura beaucoup beaucoup beaucoup d'autres Florange.

Bien à toi.

2. Le vendredi 7 décembre 2012, 11:19 par des pas perdus

Bibi, merci pour ton commentaire que je partage.

3. Le samedi 8 décembre 2012, 14:59 par leunamme

D'accord avec tout ce billet. Il restera quand même un bien maigre acquis : l'idée même de nationalisation est redevenue possible. Pas par ce gouvernement là, certes, mais crédible en tout cas !

4. Le dimanche 9 décembre 2012, 10:37 par des pas perdus

Oui, il y a au moins ça...

5. Le dimanche 9 décembre 2012, 12:25 par joel

Même Montebourg n'a pas assisté aux négociations ! c'est dire !

quel gouvernement de merde ! on va regretter Sarko ! au moins avec lui les choses étaient claires et moins sournoises ! :-)

6. Le lundi 10 décembre 2012, 18:29 par des pas perdus

Tu as raison, il a été écarté... Mais, il reste en fonctions !

7. Le jeudi 13 décembre 2012, 08:22 par patrick

la gauche va sans complexe sur des terrains que la droite hésitait à emprunter si bien qu'à la sortie, on va encore se rendre compte qu'il n'est pire droite que la gauche, à tout le moins ce qu'on appelle "gauche" rue de solférino. "Comment faire confiance, me répétait mon père, comment faire confiance à des gens qui n'ont jamais vu un ouvrier?"

8. Le dimanche 16 décembre 2012, 09:00 par Annie

… bien sûr que la gauche fait le boulot que la droite n'osait faire, c'est pas nouveau. Mais les électeurs ont une nette tendance à croire au Père Noël.
Un article de Mauduit démontre aussi que bientôt le SMIC c'est fini. Vive le modèle Allemand…
Bien sûr il est révoltant que les salariés qui connaissent tout de leur secteur… etc… mais en plus cette constante désindustrialisation de la France m'épouvante