2013, année du désenchantement ou du changement ?

un léger décalage...

Billet

Un bilan provisoire s'impose depuis l'élection de François Hollande à la présidence de la République pour tenter de se projeter dans l'année qui vient.

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Des mesures de gauche ont été prises telles que la taxation à 75 % des plus hauts revenus, la retraite à 60 ans, la limitation de la spéculation, l'arrêt de la RGPP à l'Education nationale et à l'Intérieur, et les hausses du SMIC et du RSA, mais en les examinant attentivement, elles trahissent leur caractère purement symbolique.

La dynamique de la victoire, propice habituellement pour marquer la rupture avec la droite et sa logique inégalitaire, est retombée comme un soufflet sans qu'une seule et large disposition de justice sociale n'ait été mise en oeuvre. La décision du Conseil constitutionnel révèle l'amateurisme, la manque d'ambition et les absurdités relatives à la taxation précitée. Voire l'incompétence notoire...

Pire, le gouvernement Ayrault et sa majorité PS-EELV ont poursuivi la politique de la droite : la ratification du pacte budgétaire, la non remise en cause de la réforme des retraites de Fillon, la poursuite de la RGPP, le budget de la sécurité sociale qui conserve les franchises médicales et qui prévoit la taxation des mutuelles et des retraités, l'aggravation de la limitation des crédits aux collectivités territoriales ou la réformette bancaire, etc.

Cette liste des renoncements au véritable changement n'est pas exhaustive. Une pensée pour les travailleurs de Florange et les résistants de Notre Dame des Landes. Sans oublier l'intervention de Hollande à la télévision grecque pour soutenir un gouvernement de droite menacé de défaite par la gauche.

Si fondamentalement depuis 7 mois, il n'y a pas de changement majeur au niveau économique et social, c'est parce que les priorités politiques n'ont pas changé en passant de Sarkozy à Hollande : la politique de la France repose sur le prétexte de la crise des finances publiques. La gauche française de renoncement à la transformation sociale promet le redressement des finances publiques... comme au Portugal, en Grèce !

Ce qu'il y a de triste et de rageant aujourd'hui,

avec

ce président de la République,

ce premier ministre,

ce gouvernement PS - EELV

cette majorité parlementaire,

c'est qu'ils n'ont pas voulu tirer les leçons des politiques austéritaires mises en oeuvre en Grèce, en Espagne, en Irlande, en Italie. Les sacrifices sociaux imposés à ces peuples n'ont servi à rien : la dette publique de ces pays explose alors que les politiques austéritaires devaient réduire l'endettement public. De plus, leurs économies sont en récession, et socialement le bilan est désastreux.

Ils auraient dû écouter le Front de gauche, à savoir que :

  • l'austérité ne sert que les intérêts particuliers du patronat et de l'oligarchie.
  • l'austérité est à la fois inutile pour réduire les déficits publics et dangereuse pour l'économie, le social et l'écologie.

Même le FMI a émis de gros doutes sur l'objectif affiché du gouvernement français de respecter la fameuse règle d'or.

Par conséquent, il est illusoire de croire à un tropisme français.

La même politique austéritaire (casse des services publics, probable baisse des allocations familiales sociales, possible nouveau recul de l'âge de la retraite, casse à venir du SMIC, éventuelle baisse des salaires et des pensions de retraite, flexibilité sociale bientôt aggravée) produira les mêmes effets (aggravation de l'endettement public, explosion du chômage et de la pauvreté sur fond récession économique et de désert industriel).

Aussi, 2013 risque de marquer l'année du grand désenchantement chez les sympathisants socialistes et les blogueurs de gouvernement... dont les plus obtus pourront toujours s'accrocher au relativisme (c'est moins pire) et au sociétal. Une méthode Coué qui n'a pas empêché la débâcle du PSOE de Zapatero ou du PASOK de Papandreou, n'en déplaise au 1er secrétaire du parti socialiste.

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Pour finir sur une note optimiste, 2013 pourrait être également l'année de l'autre gauche. Il suffirait qu'un des membres du parti de la gauche européenne prenne le pouvoir pour démontrer aux autres peuples qu'une vraie alternance politique est possible avec des priorités politiques diamétralement opposées à l'austérité néo-libérale. Il n'en faudrait probablement pas plus pour que citadelle néo-libérale de l'Union européenne tombe.

Commentaires

1. Le lundi 31 décembre 2012, 11:30 par babelouest

"Il suffirait qu'un des membres du parti de la gauche européenne prenne le pouvoir"

Seule difficulté : la majorité des citoyens européens, pays par pays, sont-ils prêts pour ce changement ? Ils sont abreuvés de propagande, soit. Mais ce que propose la gauche européenne est un chemin plus égalitaire, où certains de ceux qui se prennent pour "des privilégiés" parce qu'ils gagnent plus que le SMIC, avec un emploi plutôt stable, risquent de ne pas vouloir oser l'aventure.

2. Le mardi 1 janvier 2013, 07:24 par Lou

Eh oui !
Pour te ressourcer, viens donc chez Mimile, c'est la nature !
http://www.libellus-libellus.fr/art...

3. Le mardi 1 janvier 2013, 11:26 par Marie Jo

Je partage à 100% votre analyse et votre déception sur ces renoncements de ce gouvernement de "gauche" à changer quoi que ce soit (l'enchainement de renoncements que vous décrivez a été très bien résumé en images dans cette vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=JYI-...).
J'ai envie aussi de garder l'espoir pour 2013 et l'émergence d'une vraie gauche en Europe...
Bonne année et bonne continuation

4. Le mardi 1 janvier 2013, 11:30 par candide

pas de bla bla, ce matin, pour moi.
juste des voeux de bonheur et de bonne humeur pour 2013!

5. Le mardi 1 janvier 2013, 16:20 par des pas perdus

Babelouest, bien d'accord mais s'ils avaient près d'eux un pays qui mène une autre politique...

Merci Lou.

Merci pour le lien Marie Jo

Meci et bonne année Candide

6. Le mercredi 2 janvier 2013, 10:31 par Le Mousquetaire des Mots

Hello,
Je retrouve avec beaucoup de plaisir tes articles. Oui, je sais, mon absence a été longue. Je reprends peu à peu le cheminement de mes pensées et te remercie de ce que tu as si bien décrit dans cet article. Je partage ton analyse encore que je me doutais bien que la gauche était un peu trop libérale pour casser une dynamique confortable. Apparemment, nous sommes dans la continuité du précédent quinquennat. Faut-il l'accepter et se taire ? Je n'en sais fichtre rien. Et si je me tais, c'est sans doute parce que mon pessimisme naturel m'incite à rester dans le silence. Pessimisme ne signifie pas fatalisme. Je crois au changement, au besoin de chacun de vivre sans avoir à tirer sur la corde, je crois que l'argent ne fait pas tout mais plutôt qu'il détruit beaucoup. Il était évident que le chambardement attendu ne serait pas au rendez-vous. D'où le sentiment de frustration que l'on connaît. Le "Tout, sauf" n'était sans doute pas assez clair. Nous sommes dans la mouise ? Oh oui ! Faut-il baisser les bras ? Certes non ! Puisque nous sommes le 2 janvier, je formule le souhait qu'il y ait un déclencheur qui fasse prendre conscience aux élites qu'elles ont tout faux et qu'il faut revoir la copie. Bonne année quand même.

7. Le mercredi 2 janvier 2013, 18:13 par joel

Demander à cette secte libérale au pouvoir , d'écouter le front de gauche, c'est mission impossible !
il faut les virer ! c'est pour quand le printemps français ? :-)

Ne desespérons pas ; Bonne année !

8. Le vendredi 4 janvier 2013, 14:04 par BA

Ramzan Kadyrov est le dictateur au pouvoir en Tchétchénie depuis 2007.

Pour son trente-cinquième anniversaire, le 5 octobre 2011, des vedettes acceptent son invitation pour des montants inconnus : Jean-Claude Van Damme, Hilary Swank, Eva Mendes, Vanessa Mae (celle-ci pour 500 000 dollars, selon la presse locale).

Un an plus tard, le 5 octobre 2012, Ramzan Kadyrov a de nouveau payé quelques vedettes pour venir fêter ses 36 ans dans la capitale de la Tchétchénie, Grozny.

Question : combien de dollars le dictateur Ramzan Kadyrov a-t-il payé à Gérard Depardieu ?

500 000 dollars ?

Lisez cet article :

« Gloire à Kadyrov ! » Depardieu célèbre son ami l’autocrate tchétchène.

Depardieu n’est pas seulement l’ami de Nicolas Sarkozy et de Fidel Castro.

Le 5 octobre 2012, Grozny a célébré sa fête annuelle, qui tombe opportunément en même temps que l’anniversaire du président de la République et autocrate tchétchène Ramzan Kadyrov, soupçonné de nombreux crimes.

Invité d’honneur, l’acteur Gérard Depardieu est venu rendre gloire à son ami Ramzan Kadyrov, qu’il célèbre sur cette vidéo :

« Gloire à Grozny, gloire à la Tchétchénie, gloire à Kadyrov ! »

Selon un communiqué de presse officiel tchétchène, le gala auquel assistait Depardieu s’est terminé par une danse caucase au cours de laquelle Kadyrov a dansé quelques pas avec l’autre invitée de marque, l’actrice italienne Ornella Muti.

Voir la vidéo complète :

http://www.rue89.com/zapnet/2012/10...

9. Le vendredi 4 janvier 2013, 21:38 par BA

Islam Karimov est le dictateur d'Ouzbékistan, au pouvoir depuis presque 23 ans.

Islam Karimov a une fille, Gulnora Karimova, qui lui succèdera à la tête de l'Ouzbékistan lorsqu'il mourra.

Je recopie l'article "Gulnora Karimova" de Wikipedia :

Sa fortune et son lien de parenté avec le président ouzbek lui ont permis d'accéder au poste de vice-ministre ouzbèke des affaires étrangères chargée de la coopération culturelle et humanitaire. Elle est ainsi, par le biais de ce poste, la représentante officielle de l'Ouzbékistan auprès de nombreux organismes internationaux. Ce rôle lui permet de bénéficier d'une immunité diplomatique, laquelle lui a permis d'échapper à la justice américaine en 1999, lorsqu'elle fut poursuivie pour « enlèvement d'enfants » à la suite de son divorce. Elle se prépare à succéder à son père à la tête du pays, notamment en procédant à d'importants dons socio-culturels.

Mercredi 5 décembre 2012 :

Gérard Depardieu en duo avec la fille du dictateur ouzbek.

Gérard Depardieu est partout où on ne l'attend pas et surtout là où il y a des polémiques. Il vient d'enregistrer une chanson avec Gulnara Karimova, la fille aînée du président ouzbek Islam Karimov. Un dictateur décrié sur la scène internationale pour ses méthodes brutales.

En 1999, Islam Karimov avait d'ailleurs déclaré qu'il était "prêt à faire sauter les têtes de 200 personnes, à sacrifier leur vie, afin de préserver la paix et le calme dans la République". Un personnage loin d'être sympathique en somme, mais ce n'est pas ce qui repousse notre Gégé national. Loin de là.

Dans cette chanson intitulée "Nebo moltchit" ("Le ciel se tait" en russe) et mise en ligne sur le site de Gulnara Karimova, Gérard Depardieu lit des poèmes en français écrits par la jeune femme."Excuse-moi, excuse-moi pour tout ce que je n'ai pu te dire, excuse-moi pour ce que je n'ai pu te garder...(sic)", dit Depardieu au début de la chanson d'amour.

http://www.metrofrance.com/people/g...!nUQVMFJ2UFHO6/

10. Le samedi 5 janvier 2013, 10:06 par des pas perdus

Le Mousquetaire des Mots : je formule le même souhait.

Joel : merci, il faut y croire malgré tout...

BA : Merci pour les liens. Je crois que tout a été écrit sur Depardieu. Triste personnage...