Le délire néolibéral n'épargne pas le repos dominical

Au détour d'une phrase, l'auteur, un dénommé Vincent Nouzille qui se présente comme journaliste "indépendant" de la presse dominante, du Figaro à l'Express, en passant par Libération, l'Expansion ou RFI, évoque, Ô surprise, la question du travail dominical :

« Est-il question de pouvoir travailler le dimanche dans certains magasins pour mieux répondre à la demande de la clientèle? Les défenseurs du repos dominical attaquent les contrevenants en justice. Veut-on raboter les 70 milliards d'euros de niches fiscales dont l'efficacité est sujette à caution? (...) A chaque lobby sa capacité de nuisance. »

Dans la même paragraphe, ce jourmaliste réussit l'exploit de mélanger le travail dominical vu sous le prisme de la clientèle brimée, les niches fiscales immobilières des DOM-TOM, le statut de l'auto-entrepreneur, les vilains artisans, la sécurité sociale et les labos pharmaceutiques ! Le reste de l'article est à l'avenant !

Pour donner à son propos les apparences de l'objectivité, le plumitif mélange tout, tout en s'attardant très longuement sur les organisations syndicales, et sur la Fonction publique qu'il ne traite que sous l'angle des hauts-fonctionnaires et des contractuels. Même en semblant traiter la question à fond, il ne cite que ce qui l'arrange quitte à travestir la réalité : pas un seul mot sur les fonctionnaires de catégories C et B moins rémunérés que dans le secteur privé et qui occupent des fonctions plus élevés que leur grade, des primes non prises en en compte dans le calcul des retraites qui peuvent représenter jusqu'à la moitié de leurs revenus, des contractuels qui préfèrent rester sous CDI parce que mieux payés que sous statut public, les plans de titularisation successifs pour réduire la précarité dans le secteur public ! A contrario, les lobbies patronaux qui défendent les intérêts d'une minorité et qui ne représentent personne sauf eux-mêmes, les salaires de nababs des patrons du CAC40, les prix de transfert, et les exilés fiscaux qui plombent les comptes du pays sont à peine ou même pas évoqués...

Dans son délire néolibéral, le journaliste "indépendant" cite Jacques Attali, un lobby néolibéral à lui tout seul, ainsi qu'un représentant de l'Institut Montaigne, un think tank créé par Claude Bébéar, financé par des entreprises du CAC40 ! Tous les deux dénoncent cette France bloquée par les lobbies, conservatrice... et clientéliste ! Il va de soi que Nouzille n'évoque pas les cotisations patronales qui baissent depuis plus de 20 ans au nom de l'emploi et de la compétitivité, ni le crédit d'impôt de 20 milliards accordé sans contrepartie aux entreprises, ni la financiarisation de l'économie.. Vous avez dit lobby ?

Bref, rien de neuf sous le soleil néolibéral ! Le néolibéralisme est un échec mais la propagande officielle assène qu'il faut encore plus de néolibéralisme...