Recrutement bureaucratique

un léger décalage...

Billet

Hier soir, j'ai échangé quelques twits avec le chef de file des blogueurs du gouvernement qui s'extasiait sur la prochaine réforme de la décentralisation. Quelques heures plus tard - mystères de la mémoire - je me suis souvenu que j'ai failli devenir employé du Conseil général de la Vienne.

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Il y a 20 ans, je me suis retrouvé, comme on dit, sur le marché de l'emploi, après la fac et le service militaire. Le parcours parfait... Du jour au lendemain, j'entrais dans cette armée anonyme de main d’œuvre au chômage. Chaque matin, je me rendais à l'ANPE, l'ex Pôle emploi, où les offres d'emplois étaient plutôt rares.

Miraculeusement, après une conférence-recrutement où le patron local d'une assurance Mondiale expliquait à mes camarades d'infortune et moi qu'il fallait en vouloir et en avoir pour y arriver..., je "tombais" sur une annonce relativement intéressante : le conseil général recrutait !

Il s'agissait du recrutement d'un agent contractuel pour exercer les fonctions de chargé de mission dans le domaine l'apprentissage pour une durée de 9 mois. L'heureux bénéficiaire devait donc effectuer une sorte de lobbying pour "vendre" le dispositif de l'apprentissage aux chefs d'entreprises du département. En ces temps de disette et 6 mois de chômedu , j'étais quasiment prêt à accepter la tête de liste du PS aux européennes n'importe quel boulot. Je pensais même qu'après cette mission, le Conseil général s'empresserait de me proposer une nouvelle mission pour ne pas se priver d'un collaborateur aussi précieux, compétent et efficace !

Bien entendu, le soir même, je pondais ma lettre de motivation et la postais avec mon CV. Quelques jours plus tard, mon futur employeur me faisait part de son impatience de me rencontrer. Le jour J, vêtu de mon uniforme de demandeur d'emploi dynamique, costard-cravate-souliers cirés-bien coiffé-sourire ultra bright-air sérieux-et-rasé de près, j'arrivais avec quelques minutes d'avance.

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La secrétaire, qui m'avait fait patienter dans la salle d'attente, vint me chercher pour me conduire à l'abattoir dans le saint des saints. Deux femmes et un homme, forts sympathiques, m'attendaient et m'invitaient à m'asseoir devant eux. Après les présentations d'usage, l'entretien fut mené à bâtons rompus.

Tout allait bien jusqu'au moment où l'homme me fit la remarque suivante d'un ton sentencieux :

« Vous savez, c'est bien d'avoir des diplômes, mais c'est mieux de travailler... »

GLOUPS...

Rétrospectivement, ça ne m'étonnerait pas que cet enfoiré n'ait pas parié avec ses congénères bureaucrates pour placer systématiquement cette saillie verbale, particulièrement cynique, aux chômeurs qui se sont présentés pour décrocher cet emploi. C'est probablement, le genre de type qui aime agrémenter son boulot en humiliant certains collaborateurs...

Je ne sais plus qu'elle fut ma réponse, ni comment j'ai rebondi ou plutôt éludé... Par contre, je me rappelle très bien la question innocente de la femme assise au milieu des deux autres larrons :

« Vous connaissez quelqu'un au Conseil général ? »

Heu, NON ???

J'étais sidéré ! Trop honnête et trop con pour inventer quelque mensonge avantageux, je savais avant même la fin de cette mascarade que je n'en aurais pas terminé avec le chômage. L'emploi était probablement "flêché" pour quelqu'un qui connaissait quelqu'un... Heureusement, quelques mois plus tard, La Boite me recrutait...

Commentaires

1. Le jeudi 19 décembre 2013, 21:49 par Un partageux

Tiens y'a pas bien longtemps j'ai causé de fifille, progéniture d'un conseiller général. Je suis resté évasif mais fifille existe bel et bien comme Monsieur le Conseiller général son père… Et fifille, malgré son absence de diplôme, son absence de talent et son absence de réussite aux concours, a néanmoins obtenu un poste peu épuisant bien que correctement rémunéré, grâce à l'intervention de Monsieur le Conseiller général son père...

2. Le vendredi 20 décembre 2013, 04:11 par Dudule

Hébin ici c'est toute la tête de la fédé d'un gros partenaire du FdG qui est salariée à la mairie PS.

3. Le vendredi 20 décembre 2013, 07:19 par babelouest

CG Vienne ? Eh bien, je connais quelqu'un qui a eu de la chance ! Il est vrai que parfois, on peut être la bonne personne au bon moment.

4. Le vendredi 20 décembre 2013, 07:44 par des pas perdus

Hubert : c'est beau la solidarité !

Dudule : c'est vague, quel statut (fonctionnaire, CDI, ou collaborateur de cabinet) ?

Babelouest : je n'en doute pas.