C'est le constat de la dirigeante de la société coopérative d'intérêt collectif (SCIC), Les Atelières.
Les Atelières, ce sont ces ouvrières de Lejaby qui avaient mené une lutte exemplaire et réussi à créer une SCIC grâce à une souscription publique.
Elles avaient ainsi préservé un savoir-faire unique en France et sauvé leurs emplois. Les commandes étaient au rendez-vous. La société était viable. Mais, après l'épuisement de leurs fonds propres, elles espéraient que les banques leur accorderaient un crédit ou que l'Etat les soutiendrait.
Hélas, après 13 mois d'activité, Les Atelières vont fermer boutique... pour la modique somme de 585 000 euros, malgré le soutien du préfet et du président PS de la région.
Elles auraient du bénéficier du fonds de revitalisation, un dispositif créé pour sauver l'emploi des bassins sinistrés par le soutien financier des nouvelles entreprises. Un fond financé par les entreprises mais géré par les banques...
Or, ces dernières refusent de prêter les 585 000 euros... qui ne lui appartiennent pas ! Au passage, je note que la loi relative aux banques, tant vantée par la socialosphère, en particulier par la députée Karine Berger, ancienne conseillère en économie du candidat Hollande, n'a pas modifié le comportement des banques qui préfèrent toujours spéculer plutôt qu'accorder des crédits aux entreprises...
Mais que fait la BPI ? RIEN !
Les Atelières espéraient le soutien de la fameuse Banque Publique d'Investissement.
Cette banque publique qui est sous la responsabilité directe de l’État, et donc du gouvernement, n 'a pas bougé d'un iota !
Je rappelle que la BPI, créée sous Sarkozy et présidée par Jouyet, devait pallier les insuffisances des banques privées, en soutenant les investissements des entreprises. Selon la même dirigeante :
« Les dispositifs d'innovation en partie portés par la banque publique d'investissement sont centrés sur la robotisation. Dans notre pays, les personnes valent donc moins que les robots. »
No comment...
585 000 euros sur 50 milliards d'euros ? NON !
Le pire, c'est que Les Atelières n'ont pas touché un seul euro sur les 50 milliards d'euros accordés sans contrepartie au patronat via le pacte de compétitivité et le pacte de responsabilité !
Entre les objectifs de compétitivité et d'emplois de cette politique de l'offre qui justifient ces cadeaux et la réalité, il y a un gouffre que les discours officiels et les éléments de langage du gouvernement de drauche ne peuvent pas dissimuler.
Toujours est-il, que ce cas concret permet de mesurer l'incompétence économique de Hollande, un benêt qui croit que c'est en se conformant aux dogmes de l'idéologie dominante que les entreprises créeront de l'emploi; à moins qu'il soit cynique... J'avoue hésiter.
Tous les cadeaux du gouvernement PS-EELV accordés à l'oligarchie sous diverses formes de réductions des cotisations sociales, de défiscalisation et de casse du droit du travail ne se matérialisent pas en investissements, ni en emplois mais en dividendes aux actionnaires et en placements spéculatifs...
Le capitalisme dans sa version néolibérale, c'est le capitalisme plus la finance puisqu'il est bien plus rentable de spéculer que d'investir, grâce à l'opacité des flux financiers et à la libéralisation des marchés financiers (merci Bérégovoy) .
J'en déduis que Les Atelières sont les doubles victimes du capitalisme néolibéral et de la politique de l'offre du gouvernement PS-EELV qui l'encourage...
Et le redresseur productif dans tout ça ?
Des paroles et de l'enfumage avec en étendard le Made in France, selon la même dirigeante de Les Atelières :
« Dans notre pays, la fabrication française est un grand mensonge, les produits "Made in France" sont souvent conçus à l’étranger et finalisés en France. »
Fermez le ban !
Commentaires
La compétence en économie du président remise en cause par un gars qui pense que l'avenir économique du pays passe par la fabrication de soutien-gorges.
Smiley.
Une citation m'a amusée. La dame de plaint que les produits fabriqués en France sont conçus à l'étranger. Elle ne devrait pas de plaindre d'avoir des produits à fabriquer. Néanmoins, je pense que l'avenir est de concevoir les produits en France pas nécessairement de les produire. Après tout, si les autres veulent bosser...
Le travail n'est pas une fin en soi. Et mettre en concurrence les emplois français avec les emplois étrangers est du dumping social. Ce qui importe est d'avoir des revenus et de mieux les repartir. Pour avoir des revenus, il fait développer l'innovation.
Les soutiens gorge ne sont pas novateurs...
Nicolas : Bel exemple de mépris pour ces ouvrières qui travaillent dans ce secteur.
Oui, les usines sans ouvrier, une idée d'un PDG d'Alcatel, je crois. Dans les années 80, selon certains bureaucrates libéraux et éditocrates, la sidérurgie non plus n'était pas novatrice et très ringarde...
Sans protectionnisme social et écologique, il est illusoire de résorber le chômage, à moins, bien entendu, de mettre les salaires et le droit du travail en France au niveau des pays dits émergents
"Pour avoir des revenus, il fait développer l'innovation."
Trop con : outre, comme l'écrit DPP, le mépris affiché pour les ouvrières qui travaillent dans ce secteur, cette assertion est totalement crétine car selon les instances internationales, la France est le troisième pays le plus innovateur au monde ! Le pays qui invente le plus, juste derrière le Japon et les USA.
Référence : OCDE.
Par contre, la France possède également les banquiers certainement parmi les plus frileux (et/ou rapaces ?)au monde (je ne parle même pas des gouvernements les plus "grandes gueules" au monde (du genre "moi président" ou "j'ai sauvé le monde par mon intervention en Géorgie" avec la variante "mon action en Libye")!
La France possède une quantité d'innovateurs.... Sauf que les banques ne suivent jamais. Le meilleur exemple ? Pourtant, il date ! Moreno et la carte à puce. Présentée aux banques française pour son financement, elles ont toutes, sans exception, refusées. Résultat ? Moreno est allé aux USA pour déposer le brevet. Depuis, se sont les USA qui touchent une partie des royalties sur les cartes bancaires (et autres) à puce !!! Plusieurs milliards par an...
Autre exemple : l'ordinateur personnel, inventé par un Français, mais dont personne ne voulait (personne égale banques et gouvernement). Résultat, IBM s'est installé avec son OS que lui a piqué Bill Gates. 40 ans plus tard, on voit qui dépend de qui !
Aaaah... Par contre, le "meilleur avion" du monde (Rafale) et l'EPR, là on se plante, mais là on donne des milliards (budget multiplié par 3 en 10 ans pour une centrale qui aurait du être livrée depuis 2007!)
Alors oui, je préfère l'innovation de ces ouvrières, car la première innovation dont elles ont su faire preuve est d'avoir eu l'immense courage de reprendre leur propre entreprise. Et ça, c'est la plus belle des innovations dans ce monde bouchonné par les l'oligarchie pseudo-économique !
CanluCat : exactement.
J'ajoute que dans un secteur qui peut paraitre désuet, il y a aussi de la recherche, notamment sur les matières, qui peut être utile à d'autres secteurs.