Le sens de la formule (A. G. Pinketts)

un léger décalage...

Billet

« Je ne sais pas skier, je ne joue pas au tennis, je nage couci-couça mais j’ai le « sens de la formule ». »

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Lazare Santandrea, le narrateur est une sorte d'adulescent, tout juste la trentaine, glandeur, prétentieux, alcoolique, séducteur... et malgré lui enquêteur.

« Le sens de la formule est le sexe de la phrase, le son et le sens même de la phrase. Le sens de la formule baptise le discours, le porte à l’extrême et même s’il le souille d'obscénités, il le sublime pourtant jusqu’à en faire un absolu. Le sens de la formule est le point achèvement du concept exprimé alors que les mots n’ont pas encore quitté le ventre maternel. C’est le point de non-retour. Point à la ligne. Point d’exclamation , mais surtout 666 points d’exclamation. »

Il vit dans son monde, celui des basfonds de Milan, la bourgeoise, avec ses amis fêtards, paumés et marginaux qui occupent leur temps sans penser au lendemain, entre fêtes, amours de passage, bastons entre bandes rivales et tournées des bars...

« C’était un jour d’une tristesse infinie. Mon trentième non-anniversaire. N’importe qui aurait célébré son anniversaire le jour de sa naissance. J’avais refusé d’attendre la condamnation à mort biologique qui aurait entériné l’évidence que, moi aussi, je vieillissais. Je décidai donc de fêter la chose avec un mois d’avance, afin de devancer le temps et de ne pas me rendre à lui. »

Un original qui vit chez sa mère, promène sa vieille grand-mère tous les mercredis et qui de rencontres féminines en alcôves glauques est obnubilé par une mythomane qui a disparu.

« Une église industrielle dans une zone industrielle. La croix ressemblait à une antenne ? Il ne manquait qu’une cheminée et j’aurais pu même penser que même Dieu, à Opéra, possédait sa petite mine. Rien de prétentieux, soyons honnête. Pas le genre Les Noces de Cana. Ni un petit tableau naïf. Juste le mausolée aseptisé des temps modernes. Un temple frigide. »

Le sens de la formule est un roman complètement déjanté, entre tragédie et comédie avec sa galerie de personnages inclassables, à première vue caricaturaux comme Pogo le taxi architecte, Caroli l'acteur qui à défaut de jouer vit ses divers jobs comme un rôle au cinéma, Bidoche le mangeur de paninis sodomisé à son insu, ou Leone la nymphomane.

A lire cul sec !

Commentaires

1. Le vendredi 9 mai 2014, 18:59 par Lou de Libellus

Je viens de le commander à un sympathique vendeur (non professionnel) de PriceM pour 2 euros, comme neuf. Il a plein de choses (un homme, ou une femme, qui lit plus que son appartement ne peut contenir de livres). Du coup, j'ai commandé 'La Môme vert de gris', édition originale (le n°1 de la Série Noire ! - "état correct", il dit même en commentaire "malgré le mauvais état" - d'après la photo, c'est correct et ce n'est pas cher pour un livre de collection). En plus, il a réussi à me fourguer une édition de 1843 de 'La Nouvelle Héloïse', reliée en cuir d'époque : selon les photos, a bien traversé trois guerres. Vingt-trois euros. Tu me coûtes ! Evidemment, j'ai le livre, en Pléiade, un roman génial d'un certain Jean-Jacques. Le cartonnage qui abrite les Pléiade a un peu souffert d'un autre cartonnage, en 1969. Je n'étais pas au volant, sans cela, tu penses bien...
Tant que les retraites ne diminuent pas, je dépense.
Et puis, cette année - surprise, on ne me dit jamais rien -, je ne vais pas payer d'impôt direct. J'ai un bon de réduction des impôts (pas des revenus) de 1500 et quelques euros (ils retiennent la moitié de 3000 euros pour mon artisan jardinier). Avec les réductions que j'ai déjà (j'entretiens ma fille - j'aime mieux que ce soit moi qu'un petit djeune -, je fais des dons, pour les animaux et les personnes handicapées victimes des mines anti-personnel : coût de la mine = moins d'un euro ; coût d'une jambe = ça ne se chiffre pas).
Ça s'appelle : aide à la personne. Et pour moi, ce n'est pas une niche : je ne vais pas grimper dans les arbres pour élaguer. Les rosiers, ça va.

2. Le samedi 10 mai 2014, 06:33 par des pas perdus

Tiens, ça me fait penser que j'ai lu sur tes recommandations éclairées un roman de G.-J. Arnaud.
Donc des chroniques littéraires en perspective...
Fichtre, tu as un jardinier à temps complet ? Et de l'optimisation fiscale ;-)

3. Le samedi 10 mai 2014, 12:37 par Lou de Libellus

Le pauvre ! S'il avait un chiffre d'affaires (même pas le bénéfice) de 3000 euros par an à temps complet, il serait mieux au RSA : - )

Pour les chroniques, j'hésite à reprendre tant que je ne sais pas comment la "nouvelle version" d'OB s'imposera, ni même si, finalement, elle sera imposée.

Je vais peut-être redémarrer avec un de ces petits romans que j'aime bien. Il y en a un qui commence bien, écriture classique mais pas standardisée-répétitive-copiercoller - je ne vais pas renouveler mon exploit sur Gérard Morel (certains ont bien compris qu'il s'agissait d'une démonstration : je peux démolir un Diderot, un Flaubert, ou, pourquoi pas, un Spinoza ; je peux déclarer écrivain majeur de tous les temps un --- selon la demande). Là, il y a du sang, et des abeilles, quelques clins d’œil, comme dans 'Le démon de midi' (on a de jolies professions et on ne s'habille pas au Monoprix), et puis des meurtres en série sont annoncés. J'adore les meurtres en série - quand c'est Caryl Férey qui s'y colle, ça vaut le voyage.
J'ai aussi Orwell, les chroniques, et bien d'autres choses.
Pour Héloïse, j'avais un "fil de lecture" (c'est bien plus intéressant qu'une chronique), je ne le sais plus. En relisant, je pourrais retrouver.

4. Le dimanche 11 mai 2014, 06:54 par des pas perdus

Je lis actuellement un récit qui devrait te plaire, et qui sera chroniqué avant la fin du mois. J'adore Ellroy.

Tu vises l'autosuffisance en légumes et en fruits ?