Rassurez-vous, c'est les vacances, je fais court !
En dénonçant le travail dominical depuis des lustres, je ne me limite pas à un sujet ou à une question qui peut paraître très circonscrit-e.
Je dénonce (mais pas seulement...) une conception de la société qui réduit les citoyen-ne-s à leurs revenus, ce qu'ils perçoivent en qualité de salariés, fonctionnaires, retraités, chômeurs et ce qu'ils dépensent en tant que consommateurs.
Les tenants du travail dominical estiment que le dimanche est indispensable pour faire repartir la croissance. Le travail dominical entraînerait un surcroît d'activité et de recettes susceptible de créer des emplois... Aucune étude sérieuse n'a démontré cette équation.
Jusqu'à présent, la banalisation du travail dominicale ne profite qu'aux grosses enseignes et à leurs actionnaires, au détriment des salariés, des petits commerçants ainsi que des centres-villes et des petites villes qui se désertifient.
Et, in fine c'est toute une partie de la population qui est contrainte de bosser le dimanche et de prendre la bagnole pour faire ses courses. Après cela, les zozos productivistes évoqueront l'écologie, la lutte contre la pollution et la préservation de la biodiversité, n'est-ce pas Fabius ?
Réduire les citoyen-ne-s à leurs revenus et mettre la société au service de la croissance économique n'ont pas permis d'atteindre les objectifs officiels. Et encore moins, une vie décente à chacun des membres du corps social.
Pire, les statistiques officielles ne permettent plus de cacher la récession économique et le chômage de masse, ni même l'augmentation de la pauvreté.
Et, même si on fait abstraction de cet échec complet, cette politique productiviste néolibérale s'avère totalement irresponsable puisqu'elle tend à toujours plus de croissance économique et de gaspillage alors que les ressources naturelles sont limitées...
Mais dénoncer ne suffit pas même si c'est indispensable, comme l'ont fait récemment les organisations syndicales et les salariés des Galeries Lafayette et du Printemp.
Il faut devenir offensif. Ne plus se contenter de dénoncer et de riposter pour sauver l'existant.
Les forces politiques de gauche qui ne se reconnaissent pas dans la politique du PS doivent porter une autre conception de la société où l'économie capitaliste et son cortège de malheurs ne doivent plus dominer nos vies, où l'argent ne doit plus être aussi central. En quelques mots : L'Humain d'abord !
Les salariés manquent de temps pour consommer affirment les tenants du travail dominical. Alors, créons au moins un jour de repos supplémentaire et la semaine de travail de 4 jours ! Avec plus de temps libre, chacun pourra consacrer plus de temps à lui-même, à ses proches et aux autres.
Et ceci fait, donnons-nous l'objectif de créer dans les 5 ans, le revenu d'existence qui permettra à toutes et tous de disposer d'un revenu en dehors du salariat : nos vies sont trop précieuses et trop courtes pour les gaspiller à un patron.
Il ne s'agit pas de donner un SMIC à X euros à chacun, mais de réduire la marchandisation à outrance qui sévit actuellement et d'instaurer des secteurs de gratuité [1] ou peu onéreux. Ainsi, le logement qui est indispensable à la dignité humaine doit être retiré de l'économie capitaliste. Idem pour l'eau, le chauffage et l'électricité. Le logement doit devenir un droit concret !
Le Front de gauche, toutes les forces de gauche et les citoyen-ne-s qui ne se reconnaissent plus dans la politique du PS doivent reprendre le flambeau de la réduction du temps de travail, voire de la suppression du salariat, et de la gratuité.
En fait, ils devraient - il me semble - prendre comme socle idéologique le manifeste pour l'écosocialisme, et sur cette base définir des propositions concrètes. Ils devront aussi se mettre au clair pour éviter de confondre mondialisation et internationalisme, nationalisme et protectionnisme, ouverture des frontières à la concurrence et fraternité entre les peuples, Union européenne et paix en Europe, décentralisation ou jacobinisme et démocratie...
Pour faire court...
Note
[1] avec des seuils de consommation ou d'usage qui permettront par exemple de limiter le gaspillage de l'eau afin que la gratuité ne serve pas à remplir des piscines privées
Commentaires
Tiens y'a de l'écho jusque du côté de chez moi.
J'ai vu ça ! ;-)
Salut DPP,
Beaucoup de choses dans un billet moins long que d'accoutumée.
Ton fond est très juste, très humain, ce n'est certainement pas moi qui vais le remettre en cause.
L'argumentaire s'appuiera en outre sur des faits, à savoir que le travail disparaît, comme tu le sais, comme prévu.
Le truc c'est que ce n'est pas une vision humaniste qui dirige le politique mais une vision libérale, une vision acceptée, bon gré, mal gré, par la majorité des citoyens.
Je le réfléchissais à l'occasion de mon dernier billet justement, on ne peut même pas dire que le politique est vicié par le libéralisme, c'est "simplement" une politique libérale.
Partant de là il ne sert de rien de porter le débat sur untel ou untel, ce n'est pas une histoire de personnes ou de partis, c'est un affrontement idéologique qui doit voir le libéralisme rendre gorge, définitivement.
Je me suis sans doute mal exprimé Arthurin, mais je partage ton analyse sur le libéralisme.
"Libéralisme", c'est un euphémisme poli pour dire "fascisme"…
@ DPP
Non, tu t'es fort bien exprimé ; je te mettais en garde de la personnification du débat (j'ai été à l'école mélenchonienne :p), les oppositions de personnes ou de partis sont les arbres qui masquent les forêts.
Exemple en temps réel au FdG où l'opposition de façade PG/PC, JLM/Laurent masque la lutte idéologique, ainsi on se trouvera à défendre le tribun ou le laquais mais jamais à démontrer le bien ou le mal fondé de la stratégie à tenir (vis à vis de quoi ? ce ne sera pas défini non plus).
@ Auxi
Le capitalisme néo-libéral est un fascisme, le libéralisme est une idéologie régressiste (mais ça reste de la merde en branche :p).
Je fuis la personnalisation comme la peste...