L'ombre des chats (Arni Thorarinsson)

un léger décalage...

Billet

« Je balaie brièvement du regard la chambre individuelle qu'il occupe à l’hôpital de Fossvogur, à deux pas de son domicile. Les murs nus sont à mille lieues du luxe ambiant que le premier secrétaire sortant du parti socialiste connait avec son épouse. La biographie de Barack Obama surmonte une pile de documents : encore un homme politique qui a laissé entrevoir un monde meilleur avant de se révéler n'être qu'un politique de plus. »

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En Islande, la vie n'est pas un long fleuve tranquille : un couple de lesbiennes découvre dans sa corbeille de mariage un bocal qui contient le pénis d'un homme, un cadre dynamique bon père de famille est hospitalisé entre la vie et la mort après une sauvage agression nocturne en ville, un couple est retrouvé suicidé dans son appartement avec une perfusion au bras reliée à un ordinateur, un politicien ambitieux et véreux envoie des SMS romantiques du genre « tu es nue » ou « tu veux tirer ton coup »...

« Les sommes vont de quelques milliers de couronnes à des dizaines de millions et proviennent de divers noms plus ou moins transparents, exactement comme l'étaient ceux de la sphère des milliardaires à l'origine de l'effondrement de l'économie, dans un environnement légal assurant le caractère privé des profits et celui, public, des pertes. Il semble bien qu'aucun gouvernement ne soit disposé à changer la donne. »

Einar, le narrateur, ancien alcoolique, père célibataire et journaliste au Journal du soir à Reykjavík, consacre l'essentiel de son temps à démêler les fils de diverses intrigues criminelles et affaires politiques, en tentant de déjouer les pressions et les tentatives de manipulations susceptibles de l'induire en erreur ou de le détourner dans sa quête de la vérité.

« Notre rédacteur en chef disserte sur notre société désabusée, qui n'entrevoit pas la moindre forme de justice. Une nouvelle classe dominante est venue s'ajouter à l'ancienne, laquelle continue de détenir la majorité de ses biens mal acquis tandis que les petits revenus sont pourchassés par les sociétés de recouvrement et subissent la pression des impôts décrétés par un pouvoir politique qui trahit systématiquement ses promesses vides quant à des temps meilleurs. Pendant la crise tout s'est effondré à part l'injustice, le désarroi et la malhonnêteté, tout ceci ne bouge pas. »

L'ombre des chats est un excellent roman. L'intrigue ou plutôt les intrigues sont, certes, importantes, mais l'essentiel réside dans la description sans concession de la société post crise des subprimes. Au fil des pages, on découvre un personnage passionné par son métier qui tente de préserver la liberté de la presse et l'indépendance de son journal dans un contexte financier et politique délicat.

« Je suis un socialiste de la vieille école, j'ai travaillé comme un esclave toute ma vie, mais je suis sûr que si on nettoyait toute la merde que les capitalistes ont foutue et qu'on redistribuait toutes les cartes, les gens vivraient mieux. Au lieu de ça, les riches se voient offrir un nouveau départ avec un bel avantage. »

Commentaires

1. Le mercredi 28 janvier 2015, 18:23 par Lou de Libellus

On se louellise encore un peu plus : alternance, de bonne politique, entre citations et phrases de résumé, et musique !

Serais-je contagieux, comme ma cousine Yueyin, qui n'est ma cousine que par son image de profil et qui n'est pas chinoise ? Elle est charmante, bien sûr, comme ses deux grandes filles.
Redoutable ! Elle vient encore de me faire commander un roman d'une jaune Québécoise : Saïgon, radeau populaire, Montréal.
La vendeuse du livre me paraissant charmante, je lui ai commandé d'autres livres, aussi chinois que finlandais - je ne suis pas dans le "prêt une semaine".
Avec tout ce que j'ai en pile, je suis paré jusqu'à Pâques et plus.

"L'ombre des chats", c'est pour moi.

"En Islande", bien.

"Barack Obama ... encore un homme politique qui a laissé entrevoir un monde meilleur avant de se révéler n'être qu'un politique de plus" - je l'ai dit, il y a des années, je ne donne plus mes liens, ça fait auto-promo.

http://www.libellus-libellus.fr/art...
http://www.libellus-libellus.fr/art...

Là, ça m'a échappé.

"un couple de lesbiennes - de mieux en mieux - découvre dans sa corbeille de mariage un bocal qui contient le pénis d'un homme" Quelle horreur ! (je parle de la chose et non du bocal)

"un personnage passionné par son métier qui tente de préserver la liberté de la presse et l'indépendance de son journal dans un contexte financier et politique délicat"
Celui-là n'est pas Charlie.

Je vais monter ma PAL (pile à lire) à l'étage, là, il y a quatre mètres et quelques en hauteur, mais ne récidive pas tout de suite.

2. Le jeudi 29 janvier 2015, 08:16 par des pas perdus

Oui, un peu avec l'ajout de musique... Pour le reste, je le pratique avant d'avoir eu l'honneur de faire ta connaissance !
Le prêt d'une semaine est réservé aux livres récemment acquis par la bibliothèque, dans le soucis d'en faire profiter les usagers.
Il parait que les livres permettent de bien isoler une maison, non ?

3. Le jeudi 29 janvier 2015, 11:53 par Lou de Libellus

C'est vrai. Je connaissais le papier journal fortement compacté (choisir un modèle économique au poids et jetable : Le Figaro, Le Monde, Libération - Minute n'est pas écologique et Charlie sème le vent, des récoltants se sont plaints). Mais ça doit marcher avec des livres.
Si tu veux bricoler, j'ai peut-être encore au fin fond du grenier un peyrefitte (alain, je garde le roger) ou un aron (je garde le jean-paul).
Tout cela est très sérieux. C'est pratiqué, surtout, il me semble, dans les maisons en bois. Entre les deux cloisons en bois, on met de l'isolant, paille ou papier, le tout arrangé contre le feu. J'ai un ami qui a fait cela, avec la paille, il avait du blé.

4. Le jeudi 29 janvier 2015, 17:26 par des pas perdus

Oui, si je devais construire, ce serait une maison en bois avec de la paille compacté entre les deux cloisons.