Une éducation américaine (B. Gifford)

un léger décalage...

Billet

« Roy avait déjà vu des hommes arracher avec leurs dents les capsules des bouteilles, mais il préférait ne pas essayer. Skip Ryan avait perdu de cette manière une partie de ses dents de devant, sur le côté droit. Désormais, il était capable de cracher à vingt mètres de distance.»

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La quatrième de couverture indique qu'une éducation américaine est un roman. A mon sens, c'est plutôt un recueil de récits qui narre la vie de Roy, un jeune américain aux stades de l'enfance et de l'adolescence, et celle de ses proches, en particulier sa mère et son grand-père.

« La guerre est l’occasion de faire des affaires, les gars, disait le vieil homme, de bonnes affaires. C’est une manière pour les gros bonnets de se faire du fric quand les choses ne vont pas assez vite. Ils s’imaginent ainsi que les citoyens ordinaires se réjouiront de leur sort et dépenseront plus d’argent après l’arrêt des hostilités. Les gros bonnets vivent pour vampiriser les petites gens. »

Des récits ou des nouvelles, guère plus longs que deux à cinq pages qui retracent les rencontres, les événements, les dialogues, les légendes, les rumeurs des uns et des autres dans le Chicago de l'après la seconde guerre mondiale. Roy va en cours, sort avec des amis, gagne son argent de poche le week-end, discute de tout et de rien, regarde les filles, écoute des conversations, rapporte des anecdotes...

« J’espère que cela ne te dérange pas que je prenne mon petit déjeuner tout en roulant, dit Ernie. Boire une vodka-orange est la façon la plus saine de commencer la journée. Je prendrai le jus d’orange plus tard , si j’en ai l’occasion. Jusque-là, la vodka fera l’affaire. »

Le tout forme un ensemble original et passionnant qui rappelle, d'ailleurs, Bukowski, dans un autre registre. Que dire de plus, si ce n'est que Barry Gifford a une belle plume qui transcende des faits pour le moins quotidien ? Pour moi, c'est une belle découverte qui ne restera pas sans suite...

« Le vrai nom de Benski Face de requin était Moses. Le sobriquet Face de Requin lui venait de ce qu'il avait eu le nez ouvert depuis l'arête jusqu'à la pointe par le stylet de Bobby Bittapalo, un homme de main de joe le Batteur, parce qu'il l'avait doublé sur un pari. Battipalo avait glissé dans la blessure une coupure de cinq dollars. Il l'avait fait de telle manière que le billet s'était dressé comme un aileron de requin. »

Commentaires

1. Le samedi 13 juin 2015, 17:36 par Lou de Libellus

"La guerre est l’occasion de faire des affaires, les gars, disait le vieil homme, de bonnes affaires."
C'est même pour cela que "on" a assassiné Kennedy qui voulait arrêter la guerre au Vietnam.

Qui vole un œuf etc.
Qui produit des Falcon s'enrichit par le commerce des armes de destruction massive. Tout est dans la mesure, il faut garder un volant de clientèle.

2. Le samedi 13 juin 2015, 22:05 par des pas perdus

Exactement surtour pour les 24 heures du Mans !

3. Le dimanche 14 juin 2015, 09:23 par Lou de Libellus

"Qui vole un œuf etc.", c'est dans la ligne droite des tribunes de mon article sur les prisons (en cours - j'ai de belles images, un peu de texte, ce sera médiocre - au mieux).

Quant au volant... Il y a un circuit permanent à l'intérieur de celui des 24 heures. Je suis venu m'y amuser. Il faut des relations.
Sur le circuit principal, temporairement fermé pour les 24 heures, la vitesse est limitée très bas. La ligne droite des Hunaudières à 70 km/h est très longue.

On m'attend, dans une heure un quart, en la collégiale Saint-Paul, à Ir-Rabat, Malte. Je saute dans mon Falcon. Car pour être chrétien, comme le disait à peu près un personnage de Molière, on n'en est pas moins soucieux de soin confort.