Ma mémoire assassine (KIM Young-ha)

un léger décalage...

Billet

« Les spécialistes, quels qu'ils soient, ne me paraissent crédibles que lorsqu'ils parlent d'un sujet qui m'est inconnu. »

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Voici un curieux et surprenant roman noir sur la fin de vie d'un assassin retiré des affaires depuis une vingtaine années, jamais arrêté, jamais condamné malgré une quarantaine de meurtres. Ce dernier vit avec sa fille qui s'occupe de lui en dehors de ses heures de travail. En fait, sa fille adoptive, puisqu'il a occis les parents naturels.

« Quand je perds la mémoire du passé, je ne sais plus qui je suis, tandis que si je perds la mémoire du futur, je suis coincé dans le présent pour toujours. Quel sens a le présent, s'il n'y a plus ni passé ni futur ? »

Le narrateur, c'est-à-dire ce charmant et inoffensif vieillard, ambitionne de remettre le couvert malgré un début d'Alzheimer. Le nouvel ami de sa fille lui est particulièrement antipathique, ce qui constitue un excellent prétexte pour sortir de sa paisible retraite...

« Les hommes sont tous prisonniers du temps. Et ceux qui sont atteints d'Alzheimer sont enfermés dans une prison dont les cellules rétrécissent de plus en plus vite. J'étouffe. »

Au fil du récit, nous lisons ses pensées, ses doutes, ses peines, ses difficultés à vivre normalement et à communiquer avec les autres, son combat contre la maladie autant par la médication que par divers subterfuges comme les post-it ou les notes qu'il enregistre et qu'il réécoute, sa détermination à accomplir un dernier meurtre pour sauver sa fille...

« Savoir que je peux mourir sans souffrir est ma seule consolation. Avant de partir pour l'au-delà, je deviendrai complètement idiot au point d'ignorer qui je suis. »

Mais, en fin de compte, le narrateur est-il vraiment certain que les choses se soient ainsi déroulées ? Ses souvenirs sont-ils vraiment le fruit de la réalité vécue ou d'une réalité fantasmée ? Suspens...

Ma mémoire assassine est un court roman qui ne manque pas d'humour et qui décrit les ravages de la maladie par le malade lui-même. Une réussite. A lire.

Commentaires

1. Le mercredi 9 septembre 2015, 15:18 par Lou de Libellus

J'aime tellement d'avance que je viens de le commander.
Des post-it, j'en ai partout, c'est grave, docteur ?

2. Le mercredi 9 septembre 2015, 17:53 par des pas perdus

Pense à acheter un dictatophone ;-)

3. Le mercredi 9 septembre 2015, 17:59 par Lou de Libellus

J'ai déjà un dictaphone.
Oui, ça doit être grave, je vais consulter.

4. Le mercredi 9 septembre 2015, 18:41 par des pas perdus

Tu as déjà consulté, si je me souviens bien...

5. Le mercredi 9 septembre 2015, 18:50 par AgatheNRV

Merci du conseil; )

A signaler un petit roman truculent chez Zulma "Nuits de laitue" écrit par une jeune brésilienne (dont j'ai oublié le nom c'est contagieux)

6. Le mercredi 9 septembre 2015, 21:00 par des pas perdus

Je note...