Palmer Stoat revient de la chasse. Il a tué un rhinocéros dans une réserve non naturelle à quelques kilomètres de chez lui, ce qui lui a évité un long et pénible voyage en Afrique. Dans quelques jours, la tête de l'animal rejoindra les autres trophées qui ornent les murs de son luxueux bureau. La cinquantaine bedonnante, marié à une jeune femme bien plus jeune que lui, lobbyiste reconnu et plein aux as, il est heureux dans son couple et dans sa vie professionnelle. Tout roule pour lui !
« Le fait est, quand on est un labrador retriever — c’est qu’on est né pour le fun. Il est rare que votre mental loufoque et indépendant s’encombre de méditation transcendantale et jamais, au grand jamais, d’idées noires; chaque jour, c’est le pied. Que demander d’autre à la vie? Bouffer, c’est la fête. Pisser, un délice. Chier, la joie. Et se lécher les couilles ? La félicité suprême. Et où que l’on aille, plein d’humains crédules vous caressent, vous serrent dans leurs bras, tout à vos petits soins. »
C'est d'ailleurs sur la route, chose qu'il ne sait pas, que ses ennuis commencent. Derrière lui, Twilly Spree, un jeune millionnaire, féru d'écologie qui a passé un séjour en prison après s'être fait justice lui-même, en faisant littéralement sauter la banque de son oncle, le suit sur l'autoroute et note les cordonnées de sa plaque d'immatriculation. Si l'affairiste avait su, il n'aurait pas jeté ses ordures en conduisant !
« Le privé, fiston, il n'y a que ça de vrai ! Et bien que ce fût le salaire confortable qui ait poussé Steven Brinkman à signer avec Roger Roothaus, il pensait aussi honnêtement qu'il pourrait faire entendre sa différence. Frais émoulu de l'université, il croyait naïvement possible de trouver un terrain d'entente entre les amoureux végétariens des petits lapins et la piraterie impitoyable des grandes entreprises. Il croyait que science et bon sens pouvaient rapprocher les deux camps, croyait de tout son cœur à l'avenir d'une "ingénierie de l'environnement".»
Twilly Spree commettra quelques mauvaises blagues de potache, par exemple en déversant des tonnes de déchets ménagers sur la luxueuse décapotable de l'affairiste, avant de passer aux choses sérieuses quand il apprendra que ce dernier participe à un projet immobilier gigantesque - avec pont pour relier l'île au continent, immeubles sur le front de mer et golf - qui défigurera définitivement une des dernières iles sauvages de Floride...
« Les étiquettes politiques n'étaient qu'une façon de distinguer les équipes; les questions du jour n'étaient qu'écrans de fumée et pure farce. Personne ne croyait à rien sinon à s'accrocher au pouvoir, à n'importe quel prix. Palmer Stoat conseillait-il toujours à ses clients de couvrir largement leurs arrières, en faisant don de grosses sommes de tous les côtés. »
Mal de chien est un polar réjouissant qui, sans avoir l'air d'y toucher, dénonce la corruption, le cynisme des capitalistes et des politiciens, et les atteintes à l'environnement. L'humour de Carl Hiaasen rappelle celui de Donald E. Westlake.
« Cette stratégie était aussi immensément pragmatique que cynique. Stoat lui-même, qui était inscrit comme indépendant, n'avait pas mis les pieds dans un bureau de vote depuis quatorze ans. Il ne pouvait pas prendre le concept au sérieux; il en savait trop. »
Un excellent roman.
Commentaires
Ce qui pose problème, c'est quand les retrievers commencent à t'expliquer pour quoi (et pour qui) voter ou qu'ils font des phrases qui commencent par "moi si j'étais président".
Arthurin, ça ne me pose plus problème, je ne les écoute plus.
Pas de problème non plus à ce qu'ils fassent des projets de loi alors ?
Faire l'autruche mène à exposer son croupion.
Cashmir est un labrador croisé de golden retriever et il est bien élevé, il ne dit jamais : "moi, si j'étais président...". Et il ne fait pas de politique.
https://www.facebook.com/Cashmir-16...
LOUL
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Ouais, ça va, ok, , d'accord, c'était nul.
Pas nul Arthurin.