Avant de chanter le blues, Little Bob a vécu le blues. En 1958, toute la famille quitte l'Italie pour rejoindre le père au Havre qui travaille à l'usine. Trois ans plus tard, il le rejoint à l'usine, mais dans les bureaux. Sa passion de la musique est si dévorante qu'il joue en amateur avec quelques amis dans un groupe de rock. Il abandonnera la guitare pour se consacrer au chant.
« Il nous fallait traverser la moitié de la ville avec nos instruments(...). Les gens nous regardaient très étonnés, ils n'étaient pas habitués à voir de vrais groupes déambuler avec leurs instruments dans les rues, et de plus, nous étions originaires des quartiers ouvriers, et forcément, ça se devinait dans notre attitude et notre allure. »
Bob et son groupe enchaînent les concerts. Leur renommée déborde les frontières du Havre, ils jouent même au Golf Drouot, croisent les vedettes de l'époque. Concilier l'usine, les répètes et les concerts devient inconciliable. En 74, le groupe enregistre enfin son premier 45 tours. Désormais, Bob consacre sa vie à la musique, entre enregistrements studio et tournées en France et en Angleterre.
« Pendant ce temps, je n'ai pas vraiment de vie privée. Tout pour les groupes et la musique, les filles ne sont que de passage, rien qui compte vraiment et je ne suis jamais amoureux. »
Little Bob raconte les difficultés de trouver une maison de disque ou un label fiable, l'évolution de la scène musicale sur plus de 40 ans, la raréfaction des salles de concert, l'organisation des tournées, la gestion du groupe...
« S'il me fallait recommencer aujourd'hui, il me semble que ce serait impossible de franchir la barrière de l'underground. Le réseau des lieux de musique qui accueillent quelques centaines de personnes est trop loin de celui des médias. C'est un problème politique. Qu'il existe des grosses vedettes qui remplissent les Zénith et les stades me paraît dans l'ordre des choses, mais des artistes qui se produisent et remplissent des lieux alternatifs, des lieux de culture underground, ça relève plus que jamais du contre-pouvoir. Personne ne peut les contrôler car ils ne sont pas assez importants, et pourtant ils existent. C'est l'une des raisons pour lesquelles, à mon sens, les subventions dans ces lieux sont coupées au fur et à mesure, pour éradiquer ce bouillonnement qui dérange. »
La route, l'alcool, la dope, les musiciens qui partent, qui arrivent, qui reviennent, les répètes, les rencontres et les amitiés qui permettent parfois de mener de sortir du cadre du groupe, l'écriture des morceaux, les concerts, les festivals, notamment celui de Mont-de-Marsan, les studios, les voyages... Tout cela pourrait faire très cliché, sauf que Bob n'en rajoute pas. Il n'est pas une star pourrie par le fric, mais une légende qui remplit les salles. Pas d'amertume, pas de regret, mais la conscience d'avoir choisi une ligne directrice et de s'y tenir. Et au final, l'amour ! Respect.
« Je n'ai jamais pensé arrêter un jour. je vieillis. j'ai soixante-quatre ans, mais tant que j'ai la force, le courage, l'envie, la passion, il n'est pas question d'arrêter. »
Commentaires
Little Big Man, le dernier des Mohicans...
Robert, c'est le cas de le dire.
Au début, j'ai cru que c'était un roman, mais non. Je vais le recevoir demain et j'ai déjà la version mp3 gratuite avec. Tu me coûtes, Des pas.
J'ai commandé le dernier, dont tu donnes un extrait : Howlin'
Lou, tu as lu trop vite...
Trop vite ? Il s'agit bien de la biographie de Little Bob - Piazza - par Eudeline. J'ai commandé le dernier album, Howlin'
Je confirme Lou.