Le travail dominical détruit le lien social

un léger décalage...

Billet

Alors que certains prédisent la fin du travail ou plus exactement sa raréfaction dans certains domaines, le travail dominical se banalise. En 40 ans, hors agriculture, la part de la population active impactée est passée de 6,5 % à 14 %.

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Le seul quotidien national indépendant de tout milliardaire, L'Humanité, a interviewé les sociologues Laurent Lesnard et Jean-Yves Boulin qui viennent de publier une analyse sur le travail dominical. Ils distinguent le travail dominical à domicile qui préserve le lien social au sens général à celui hors du domicile :

« Avec un dimanche entièrement travaillé à l’extérieur, les temps de sociabilité diminuent mécaniquement. On peut objecter que ces conséquences existent aussi en semaine. Mais notre étude démontre qu’un coût social supplémentaire s’ajoute avec le dimanche. Ce jour est en effet consacré aux liens parents-enfants et à la sociabilité amicale. Pour le travail dominical hors domicile, ces temps sont perdus car ils ne peuvent être compensés par un jour de repos en semaine. »

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De surcroît, le travail dominical hors domicile impacte plus les classes populaires :

« Il est un facteur d’inégalités sociales, car le travail dominical hors domicile, soit le plus pénalisant socialement, concerne surtout les ouvriers, les employés du commerce et des services, notamment publics (transports, police, santé…). Le travail dominical à domicile touche quant à lui un peu les cadres, mais surtout les professions intellectuelles et culturelles. D’autre part, le travail dominical s’ajoute très souvent à des temps de travail décalés et à des horaires atypiques dans la semaine : travail le samedi, travail lors de pics de fréquentation, à l’image des caissiers employés le midi et en fin de journée. Avec le dimanche et les horaires imposés la semaine, certains salariés cumulent donc les mauvaises conditions de travail. »

L'étude souligne que seuls 4 % des salariés s'estiment libres et 86 % se considèrent contraints. Cette proportion m'étonne en raison des contrats à temps partiels imposés et des bas salaires. Cela démontre que les salariés sont attachés à disposer d'une journée commune pour profiter de leurs enfants, leur famille et leurs amis.

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Les auteurs de cette étude s'interrogent sur la pertinence de la banalisation du travail dominical :

« Des services sont indispensables. Mais a-t-on besoin du tout ouvert ? (...) ce débat souffre d’un manque d’étude scientifique et de trop d’idéologie. C’est d’autant plus vrai en termes économiques : les effets positifs de l’ouverture des magasins le dimanche restent à démontrer. »

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C'est tout de même bizarre que les parangons de la modernité (Macron) et de la gauche officielle (Hamon) ne remettent pas en cause cette tendance, non ? Certes, la réponse est évidente pour le premier qui est le promoteur de l'insécurité sociale et le représentant du CAC 40 dans cette présidentielle, mais pour le second que dire ? Que cette gauche incarnée par le PS a perdu la quasi totalité de ses marqueurs idéologiques en 5 ans d'hollandisme.

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Commentaires

1. Le mardi 7 février 2017, 15:21 par LaSalleDesMachines

Le problème de cet argument du lien social, c'est qu'il est aujourd'hui une pratique en raréfaction. La question du travail dominical est largement secondaire, elle reflète seulement un enfermement idéologique.

S'il on avait une société favorisant les interactions entre les individus tout au long de la semaine, on pourrait travailler ou non le dimanche, sans rien perdre. Il faut avant tout améliorer la perception de l'autre : faire se rencontrer les gens, dans leurs similitudes et leurs différences, pour que "l'autre" ne soit plus perçu comme une menace en devenir.

2. Le mardi 7 février 2017, 18:22 par des pas perdus

Effectivement, mais je raisonne à partir du réel... ce qui n'empêche pas de militer pour une réduction drastique du temps de travail et donc un meilleur partage de ce dernier.