Il s'agit-là d'une grossière manipulation. En effet, le leader de la France Insoumise a appelé à faire barrage au FN, soit par l'abstention, soit par le vote blanc ou nul, soit par le bulletin Macron.
Aussi, je l'ai plutôt amère en voyant débouler tous ces macroniens, antifascistes du dernier quart d'heure ordonner de voter Macron alors que celui-ci par sa participation très active à la politique antisociale du quinquennat Hollande a contribué à l'essor du FN.
Seule une politique de préférence sociale fera reculer la préférence nationale brandit par le FN. [1]
De plus, il y a quelque chose de bizarre de voir des néolibéraux se la jouer démocrates face au péril brun. En l'espèce, le néolibéralisme de Macron ou de Hollande ou de Valls ou de Bayrou ou de Fillon ou de Sarkozy ou de Juppé ou de Gattaz ou de Juncker est une sorte de fascisme ou de totalitarisme économique dont la formule acronyme est TINA : there is no alternative !
Ce fascisme ou ce totalitarisme économique qui est gravé dans le marbre des traités européens est la cause des succès de l'extrême droite dans les pays membres de l'Union européenne. Une extrême droite parfois au pouvoir qui s’accommode très bien du néolibéralisme comme dans la Hongrie d'Orban, à l'instar du Chili de Pinochet.
Par ailleurs, l'habit ne fait pas le moine.
Entendez par là que si le FN n'a jamais pris politiquement et institutionnellement le pouvoir, les idées du FN, elles, sont au pouvoir depuis près de 30 ans.
En effet, à mesure que les gouvernants du PS et de droite classique imposaient leurs politiques néolibérales de régression sociale, le FN progressait aux élections. Il y eut les premières triangulaires et les premiers votes républicains pour sauver... la démocratie !
Alors, le PS et la droite classique ont durci les lois relatives à l'immigration pour récupérer leurs électeurs : s'attaquer aux immigrés permettait de flatter l'électorat frontiste, de diviser les classes populaires et de faire diversion pour poursuivre les politiques néolibérales préconisées par Bruxelles.
Cela a commencé avec les lois Pasqua sous la première cohabitation.
Sont apparus les premiers sans-papiers, soit des immigrés de longue date et en règle qui du jour au lendemain se sont retrouvés clandestins du fait du changement et du durcissement de la législation et de la réglementation.
Et, comme le FN progressait toujours, les lois votées par les majorités parlementaires socialistes ou de droite classique sont devenues de plus en plus dures pour les immigrés jusqu'à ces pauvres migrants, abandonnés dans des conditions de vie indignes, voire pourchassés.
Ce fut aussi les centres de rétention, les reconduites aux frontières, le nombre jamais vu jusqu'alors de manifestants estropiés par des tirs des forces de l'ordre, les contrôles d'identité au faciès, les déclarations des chefs des partis politiques classiques sur la misère du monde et les odeurs nauséabondes, l'instrumentalisation de l'identité nationale et de la laïcité...
Et, je ne m'étends pas sur la criminalisation du mouvement social, les syndicalistes interpellés chez eux au petit matin comme des terroristes, les travailleurs condamnés en justice au motif de s'être battus pour sauver leur outil de travail, l'état d'urgence détourné pour surveiller des militants écolos lors de la COP 21...
Que dire aussi de la complaisance des médias dominants proches du PS et de la droite classique pour le Front national et sa cheffe, ces médias qui appartiennent pour 90 % d'entre eux à des oligarques et qui sont généreusement financés par l'argent public ?
Bref, le PS et la droite classique ont mis certaines idées du FN dans la loi et contribué ainsi à légitimer l'idéologie frontiste et à banaliser le Front national.
Aussi, l'élection présidentielle de 2002 aurait du marquer la fin de cette stratégie politicienne dangereuse pour la démocratie.
Or, Chirac, puis Sarkozy n'ont eu de cesse de draguer l'électorat frontiste. Et, Hollande et sa majorité ont continué en voulant inscrire dans la Constitution une proposition du Front national : la déchéance de la nationalité. Quant à la droite classique, elle reprenait une vieille idée de l'extrême droite : la suppression de l'aide médicale gratuite pour les immigrés !
Pour conclure, les plus naïfs se demanderont pourquoi le PS et la droite ont persisté à jouer avec le FN ?
Tout simplement parce que le Front national empêche une vraie alternance politique et garantit ainsi la continuité des politiques néolibérales...
Par conséquent, concevez que j'ai quelque difficulté à voter pour Macron, un pyromane déguisé en pompier.
Note
[1] Raison pour laquelle, j'ai milité au Manifeste contre le Front National. Ironie de l'histoire, le Manifeste contre le FN a été créé et dirigé par Cambadelis qui oublia rapidement ce que signifiait la préférence sociale... La carrière avant tout en bon socialiste qu'il est, favorable à la réforme Juppé de 1995, quelques casseroles aussi qui ne l'empêchent pas de faire la leçon...
Commentaires
démonstration implacable
Merci