Mélenchon, le cauchemard des oligarques

un léger décalage...

Billet

Depuis dimanche dernier, Mélenchon subit une sorte de mise à mort politico-médiatique. Il a commis le crime de rappeler que les terroristes choisissent leur jour pour commettre des attentats, parfois à quelques jours du 1er tour de l'élection présidentielle (2012). Et, qu'en l'absence d'attentat, il est arrivé que des faits divers aient été surmédiatisés (2002, papy Voise). Il a ajouté qu'il ne serait pas surpris que cela se reproduise...

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Sitôt, le système médiatique a qualifié Mélenchon de complotiste. Cette qualification vaut condamnation.

Un tel déferlement médiatique unanime peut surprendre. Les chiens de garde chassent en meute. Le pluralisme de l'information est une légende sans fondement quand plus de 95 % des médias dominants appartiennent à des oligarques. D'ailleurs, cette absence de pluralisme est un problème qui ne date pas d'aujourd'hui, le Conseil national de la Résistance avait même inscrit dans son programme des dispositions pour empêcher une telle situation.

Les médias ne sont ni neutres, ni objectifs. Le souci pour le débat public et la démocratique est que les médias dominants défendent les mêmes intérêts économiques et la même classe sociale. En conséquence, ils s'intéressent aux mêmes sujets, se commentent et s'invitent entre eux, produisent les mêmes analyses. Tout cela fait système.

Par exemple, l'ancien ministre a rappelé combien les travailleurs du bâtiment étaient victimes des accidents du travail. Cette information est passée sous leurs radars, les médias surmédiatisant certains sujets au détriment des autres pour servir les intérêts économiques de leurs propriétaires.

En l'espèce, le traitement régulier de la question sociale est potentiellement dangereux pour l'oligarchie. Il contribuerait à intéresser les masses aux inégalités sociales, à susciter un débat et une importante vague d'indignations, et, in fine, à contester la légitimité des fortunes colossales et des privilèges de l'oligarchie.

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Non seulement, certaines informations sont volontairement surmédiatisées comme les faits divers, d'autres censurées ou traitées à doses homéopathiques, à l'instar des accidents du travail, mais, en plus, les médias dominants réservent un traitement particulier à Mélenchon, le candidat le plus sérieux qui place la question sociale au centre de son programme. Ce dernier, l'Avenir en commun, prévoit, en particulier, de revenir sur certaines privatisations, de démanteler les empires médiatiques, ou encore, de réformer la fiscalité, très laxiste avec l'oligarchie. Les dirigeants de ces médias n'ont donc aucun intérêt à ce qu'il remporte l'élection présidentielle et la France Insoumise les législatives.

Aussi, le système médiatique et ses alliés [1] n'hésitent pas à surinterpréter et à déformer les déclarations de Mélenchon, à tomber dans la malhonnêteté intellectuelle et l'insulte. L'histoire a montré que le camp de l'ordre établi est prêt à employer tous les moyens pour conserver sa domination et ses privilèges.

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Note

[1] les partis (LREM, LR, RN, MoDem, UDI, PS) favorables aux politiques néolibérales de casse sociale

Commentaires

1. Le lundi 7 juin 2021, 20:08 par AgatheNRV

Bien dit, justement dit, tout est dit ....

2. Le mardi 8 juin 2021, 11:34 par Robert Spire

Sur le fond je suis d'accord avec toi. Par contre les propos de Melenchon sur France Inter sont inacceptables. Dans ces médias où les journalistes passent leur temps à savonner la planche des opposants de gauche, c'est pas malin de sombrer dans leurs discussions dignes du café du commerce! Melenchon "le cauchemard des oligarques", certes, mais aussi de beaucoup de monde dans la gauche radicale.

Jean-Claude Michéa:
"Chaque fois que vous croyez utiliser les médias, observait Tod Gitlin, ce sont en réalité les médias qui vous utilisent. Ce sont eux, par exemple, qui choisissent de médiatiser tel ou tel porte-parole du mouvement radical en fonction de leur seule logique et à partir de leurs propres critères.
(...)
Il conviendrait donc de réactualiser ainsi la célèbre formule d’August Bebel : « Quand l’ennemi de classe accepte de me médiatiser, je me demande toujours quelle bourde j’ai encore bien pu commettre. » Si TF1 ou Canal + accepte de vous envoyer trois journalistes chaque fois que votre association réunit 300 personnes, il est effectivement temps de vous interroger sur ce que vous êtes réellement en train de dire et de faire, surtout si quelques stars du showbiz ont décidé de se joindre à vous. D’autant, comme je l’ai dit, que les médias ne médiatisent naturellement que ce qu’ils veulent bien médiatiser."
http://acontretemps.org/spip.php?ar...

3. Le mercredi 9 juin 2021, 16:17 par des pas perdus

Tu as raison, son erreur a été de croire que ses propos ne seraient pas instrumentalisés par les médias.
A gauche et dans la gauche radicale, on se paie le luxe d'être sourcilleux sur telle ou telle virgule, alors qu'en face, on fonce sans se poser de question...