La disparition des langues à laquelle nous assistons aujourd'hui -des douzaines sont chaque année irrémédiablement réduites au silence-, strictement parallèle à la dévastation de la faune et de la flore, est plus irrévocable. On peut replanter des arbres, on peut, au moins en partie, conserver l'ADN d'espèces animales et, peut-être le réactiver. Un langage défunt reste défunt ou survit à titre de relique pédagogique dans le zoo universitaire. La conséquence en est un appauvrissement drastique de l'écologie du psychisme humain. La véritable catastrophe, à Babel, n'est pas la dispersion des langues. C'est la réduction du discours humain à une poignée de langues planétaires, "multinationales". Réduction redoutablement attisée par le marché de masse et les technologies de l'information, et qui est en train de redessiner la planète. (...) Ainsi, l'effondrement des tours jumelles du World Trade Center le 11 septembre était-il un simulacre écœurant mais troublant du mystère de Babel. ("Les livres que je n'ai pas écrit", George Steiner)
Vous avez dit :
- globalisation...
- mondialisation...
- concurrence...
- uniformisation...
- pollution
- standardisation...
- domination...
?