les misères municipales du MoDem

un léger décalage...

Billet

Le Modem a suscité pas mal d'espoirs. Les 17 % et des poussières de F. Bayrou semblaient créer une nouvelle donne politique, celle du refus du bipartisme, du bon sens près du patronat de chez vous, ou d'une certaine intégrité politique, qui fut confirmée aux soirs du 1er tour de la présidentielle et des législatives...

Ces dernières années, le clivage droite-gauche a été moins marqué grâce à un double mouvement convergent : le renoncement de la gauche à toute politique de transformation sociale et l'assouplissement de la droite sur les questions sociétales. Du coup, la démarche personnelle politique de Bayrou a séduit de nombreux amnésiques électeurs sur le thème du "ni gauche ni droite".

Mais depuis le congrès fondateur, quelques militants et élus sont allés si la soupe est meilleure à l'UMP, ou chez les frères ennemis du Nouveau Centre. Avec la proximité des municipales et la constitution des listes, le Modem a du mal à conserver sa ligne et donne du coup le tourni à ses électeurs...

A Bordeaux et à Lyon, le Modem redevient la bonne vieille UDF traditionnelle soumise à la droite. Les velléités d'indépendance des nouveaux inscrits sont étouffées par les petits barons locaux qui entendent rester de respectables notables élus... La soirée narrée sur Libé Lyon nous rappelle le PS du congrès de Rennes : débats houleux et magouilles négociations en petits comités... C'est étonnant d'ailleurs, ce décalage entre le discours du Modem "style Monsieur Propre" et donneur de leçons, et la basse réalité...

A Strasbourg, la confusion des sentiments politiques règne. Les uns poussent vers une liste autonome qui pourrait se fondre après le 1er tour dans une majorité PS, Verts et Modem, et les autres trainent les pieds pour constituer, dès le 1er tour, une liste commune avec l'UMP ...

Ailleurs, le positionnement du Modem est également ambigu. A Paris, le flou est complet même si le Modem a constitué ses propres listes. En effet, au soir du 1er tour, que feront les élus municipaux du Modem, actuellement toujours unis à l'UMP dans l'opposition, et ceux qui aujourd'hui gouvernent avec Delanoë ? Mystère !

Prenons l'exemple de Madame X, fidèle électrice du Modem. Comment les conseillers municipaux Modem se comporteront après le 1er tour ? Soutiendront-t'ils au 2d tour la liste d'opposition ou celle de la majorité municipale sortante ? Voteront-t'ils ensuite Panafieu ou Delanöe ? Nous sommes dans le flou politique.

Si madame X réside dans le 18ème, nous présumons que la tête de liste, adjointe de Delanöe, et ses suivants ex-verts pencheront ensuite pour une alliance avec la majorité sortante. Par contre, si madame X habite le 7ème, la liste du Modem est menée par une élue profondément ancrée à droite (proche de Madelin). Bref, alliances et votes des élus du Modem risquent de varier suivant les arrondissements...

Ce manque de clareté n'est pas sain. Négocier en catimini son soutien et des places, à gauche et à droite, sans aucune transparence rappelle les pires travers de la IVème République : le Modem s'éloigne de la pratique politique vertueuse dont Bayrou se fait le hérault... Tout cela illustre la difficulté de sortir, voire même l'impossibilité de quitter le bipartisme.

Commentaires

1. Le mardi 15 janvier 2008, 06:02 par patrick

bipartisme? oui ou comme disait Duclos c'est blanc bonnet et bonnet blanc.

2. Le mardi 15 janvier 2008, 07:59 par pas perdus

difficile de rester en équilibre sur la crête...

3. Le lundi 21 janvier 2008, 11:53 par L'hérétique

Dites, je ne veux pas vous vexer, mais vous vous limitez drôlement dans votre analyse politique :
1. la position du MoDem et de Bayrou, y compris pendant les présidentielles, a toujours été que les municipales étaient des élections locales. Alors droite, gauche, est-ce que c'est vraiment le débat ?
2. Juppé est tout sauf un sarkozyste : observez-bien les alliances du MoDem quand elles ont lieu à droite, et vous verrez que c'est très rarement avec les sarkozystes au sein de l'UMP.
Le MoDem n'est pas a priori hostile à l'UMP. En revanche, il estime les valeurs sarkozystes incompatibles avec les siennes.

4. Le mardi 22 janvier 2008, 11:46 par pas perdus

Je suis également désolé mais je n'ai jamais prétendu écrire l'exégèse de la pensée de F. Bayrou.

Et puis, je constate, d'ailleurs en lisant votre blog, que les divisions internes au MoDem ne sont pas négligeables dans certaines contrées à l'approche des municipales.

De plus, aujourd'hui, l'UMP c'est Sarkozy même si certains élus UMP ne sont pas des supporters acharnés de l'omniprésident. Ils soutiennent sa politique, ce qui n'est pas neutre...

Juppé a été le numéro 2 du gouvernement Fillon... Ce n'est peut-être pas un intime de Sarkozy, mais c'est tout de même significatif politiquement. N'est-ce-pas tout même regrettable qu'un élu lourdement condamné puisse revenir faire de la politique ? Comme s'il n'y avait dans la vie que la politique. Il a peut-être réalisé de belles choses pour Bordeaux mais cela n'excuse pas tout.

Pour Paris, que feront les élus du MoDem ? Soutiendront-ils le maire sortant ou son opposante au 2d tour ? Quelle est la position du MoDem. A priori, c'est le flou total. Cela manque de clareté pour l'électeur qui est susceptible de voter pour un candidat du MoDem dont il ne sait ce qu'il fera une fois élu...