populisme et conservatisme de la réforme de l'enseignement

un léger décalage...

Billet

En lisant cozop ce matin, nos pas se sont perdus dans un billet publié sur nickcarraway.fr qui s'intitule, "le conservatisme dans le monde enseignant".

L'auteur, étudiant de son état, soutient sur le ton de l'évidence la réforme initiée par notre omniprésident.

Nos pas perdus, très modeste salarié de la Boite, s'attendaient de la part d'une personne qui appartient à l'élite intellectuelle un billet d'une autre teneur et d'une certaine épaisseur.

Or, les arguments sont décevants et s'avèrent très basiques.

Dans un 1er temps, il tente de démontrer que le système actuel est à bazarder. Tout part à vau-l'eau, mon bon monsieur...

Pour construire sa démonstration, il n'hésite pas à employer des formules chocs :

Une enfilade de cours théoriques sur la psychologie de l’adolescent. Une véritable épistémologie de l’enseignement professée par un bataillon serré de psychologues héroïnomanes. Où l’on vous apprend à jouer les assistantes sociales (...).

Nous nous sommes permis de souligner certains mots... Plus loin, les IUFM sont qualifiés de tonneaux des Danaïdes !

Les partisans des actuelles réformes utilisent une rhétorique néo-populiste qui ne s'embarrasse pas d'arguments trop compliqués.

Ils désignent un bouc émissaire à jeter en pâture à la foule. Ici, ce sont les IUFM. Ils expliquent doctement qu'en les supprimant, tout va s'arranger!

Aussi, les populistes utilisent des formules simplistes, destinées à frapper l'imagination et à susciter l'adhésion des gens. Cela passe par le choix d'un coupable facilement identifiable. Ainsi, le FN s'est attaqué aux immigrés pour expliquer un certain nombre de phénomènes économiques et sociaux...

Les partisans des réformes sarkozistes utilisent la même rhétorique en désignant là les IUFM, et ailleurs les 35 heures, qui selon eux, sont la source de tous les maux. Du néo-populisme, donc.

Le 2ème argument qui entre en résonance avec les 1ers, joue sur le registre de la nostalgie.

L'oubli, la mémoire sélective et la patine du temps permettent d'idéaliser une époque ancienne et de la proposer quasiment comme modèle.

Le modèle de Nick, c'est celui d'avant les IUFM. Les enseignants enseignaient, les élèves apprenaient... et les vaches étaient bien gardées !

C'était une époque bénie des dieux. Le système était parfait :

Rien ne vaut la pratique, le compagnonnage. C’est cette méthode qui était mise en avant jusque dans les années 60, notamment dans les Écoles normales. Les mêmes qui ont fait la fierté de l’histoire de l’enseignement républicain français. Celles où furent formés nos hussards noirs de la République.

C'est si bon et si réconfortant de s'immerger dans un passé idéalisé, réduit à quelques images d'Epinal.

Aussi, n'est-il jamais question de l'environnement socio-économique, comme si l'école était coupée de la société et du reste du monde...

C'est étonnant. Stupéfiant. Par quel(s) moyen(s) les partisans des réformes sarkozistes peuvent-ils être réalistes et pragmatiques s'ils ne tiennent pas compte du monde réel ?

C'est impossible, n'est-ce pas ? Sous-couvert de réalisme et de pragmatisme, les réformes initiées sont avant tout idéologiques...

Nous ne nions pas le besoin d'une réforme dans l'enseignement. Mais, elle devrait être concertée pour :

  • susciter la participation et l'adhésion du monde enseignant à la réforme;
  • permettre à ce secteur d'évoluer et de s'adapter pour répondre aux besoins et aux défis de ce monde;

Or, Sarkozy ne consulte pas le monde de l'éducation. Il n'initie pas de réflexion, ni de concertation. Il avance à toute vitesse et à la hache !

Sarkozy fait sa révolution culturelle : éliminer l'héritage de mai 68...

Commentaires

1. Le mercredi 4 juin 2008, 18:30 par Rébus

Éliminer 68 est une posture chez Sarkozy, toujours flatter le vieux réac dans le sens du poil, mais éradiquer l'éducation et transformer les étudiants ou "apprennants" en emplyable et non en citoyens éduqués est une réelle volonté.
Rome refusait les sciences humaines aux esclaves ou aux non citoyens, ils auraient pu remettre l(organisation sociétale en question.
Je doute que Sarkozy le sache mais c'est la même démarche

2. Le mercredi 4 juin 2008, 21:19 par pas perdus

C'est bien vu.