Pierre Mendès-France et le Front de Gauche

un léger décalage...

Billet

Ministre du front populaire, résistant, président du conseil, Pierre Mendès France était un homme de convictions.

Dans son discours du 18 janvier 1957 à l'Assemblée nationale, PMF fait part de son opposition à une construction européenne respectant les dogmes de l'idéologie libérale.

Ce discours détonne quand on le compare aux propos fades et inconsistants des actuels ténors socialistes, d'autant plus que PMF ne passait pas pour un dangereux gauchiste au sein de la gauche socialiste...

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"Notre politique doit continuer à consister, coûte que coûte, à ne pas construire l'Europe dans la régression au détriment de la classe ouvrière et, par contrecoup, au détriment des autres classes sociales qui vivent du pouvoir d'achat ouvrier. Il faut faire l'Europe dans l'expansion et dans le progrès social et non pas contre l'une et l'autre."

" Pas un travailleur ne doit être condamné au sous-emploi ou au chômage. C'est encore sous cet angle que nous devons considérer les projets qui nous sont soumis. Ils ne doivent pas mettre en danger les possibilités d'expansion et de plein emploi de la main-d'œuvre."

" La tendance à l'uniformisation n'implique-t-elle pas que les pays les plus avancés vont se voir interdire, au moins momentanément, de nouveaux progrès sociaux ? Tout relèvement de salaire ou octroi de nouveaux avantages sociaux n'est-il pas dès lors, et pour longtemps, exclu pour les ouvriers français ? "

"(...) nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre liberté de décision dans des matières qui touchent d'aussi près notre conception même du progrès et de la justice sociale; les suites peuvent en être trop graves du point de vue social comme du point de vue politique."

"Il est évident que le mouvement naturel des capitaux, surtout des capitaux privés, sera orienté vers les pays à faibles charges, c'est-à-dire vers les pays où la politique sociale, les obligations militaires et autres sont les moins coûteuses."

"le projet de marché commun tel qu'il nous est présenté ou, tout au moins, tel qu'on nous le laisse connaître, est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes."

"L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale."

Discours de Pierre Mendès-France, 18 janvier 1957, Assemblée Nationale.

Toujours actuel...

Alors, le 7 juin prochain, montrons aux eurocrates béats du PSE et aux adorateurs du marché libre et sans entrave de l'UMP et du PPE, notre détermination à changer les choses en votant pour la liste du Front de Gauche.

Commentaires

1. Le lundi 1 juin 2009, 00:19 par Etiam Rides

"au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, "

En termes marxiens, on appelle ça "idéologie".

Visionnaire.

2. Le lundi 1 juin 2009, 00:39 par gauchedecombat

j'en rêvais. pas perdus l'a fait. Il n'est pas inutile de rappeler à notre mémoire ce Pierre là, dans une époque où tout ce qui est à gauche du PS est extrémiste, avec la complicité sans cervelle des médias, alors que le ps a tout simplement fait bouger son épicentre.. vers la droite. Et je ne suis pas un extrémiste. Simplement de gauche.

3. Le lundi 1 juin 2009, 09:09 par pas perdus

Très juste Etiam...

GDC : sur agoravox un commentateur avait mis cette citation sans donner précisément la source... Après de longues recherches vaines mais grâce au mensuel de JF Ruffin, Fakir, j'ai pu enfin l'avoir...

4. Le lundi 1 juin 2009, 16:16 par Jean Claude Goujat

Oui bien sur,mais quel dommage que son anticommunisme viscéral l'ai poussé plus souvent à voter avec la SFIO qu'avec eux et à se taire devant les saisies répétées de l'Humanité et son soutien à JJSS et à l'Express.
Et son attitude face au soutien des communistes pour la paix en Indochine n'est pas un très bon souvenir..
Et ses déclarations pour l'Algérie elles sont la:« ... Il n'y aura pas de la part du gouvernement ni hésitation, ni atermoiement, ni demi-mesure dans les dispositions qu'il prendra pour assurer la sécurité et le respect de la loi. Il n'y aura aucun ménagement contre la sédition, aucun compromis avec elle, chacun ici et là-bas doit le savoir. À la volonté criminelle de quelque hommes doit répondre une répression sans faiblesse car elle est sans injustice. On ne transige pas lorsqu'il s'agit de défendre la paix intérieure de la Nation, l'unité, l'intégrité de la République"
Pas tout rose le monsieur!Plus proche de Mittérand et son "l'Algérie c'est la France"
Et la famille de Fernand Iveton s'en souvient!

5. Le lundi 1 juin 2009, 16:30 par pas perdus

Certes. Mais en ce qui concerne l'Europe...

6. Le lundi 1 juin 2009, 21:08 par marsata

Je pense que l'analyse n'a de sens qui si on la replace dans le contexte général :
1/-Il convient de bien considérer cette période politique : un monde bi-polaire. Dans les années 50, le "communisme" stalinien est au faîte de sa gloire. Le rose n'est pas sa couleur, c'est le rouge : le rouge du sang des opposants quels qu'ils soient, mais aussi de ses propres opposants communistes : procès des anciens brigadistes d'Espagne ...et en France même : procès de Moscou à Paris, etc...
2/-Jusqu'à l'effondrement des pays de l'Europe de l'Est, le modèle et l'orientation du PC français convergent pour le soutien absolu des Pays de l'Est. L'objectif final : l'arrimage de la France à cette Europe-là. D'ailleurs, bien plus tard, Marchais approuvera l'intervention soviétique en Afghanistan en assénant cette évaluation : "Le bilan est globalement positif..."... Ceci toujours assorti du fait qu'on ne faisait jamais tourner le roue de l'histoire à l'envers... Ce qui justifiait, en clair, la dictature du Parti. En France comme ailleurs, il s'agissait de diriger, (c'est à dire) de contrôler de façon hégémonique les différents satellites associatifs (syndicats notamment). Au cours de cette période, notons que les votes du PC et des gaullistes sont convergents en matière de politique extérieure. Pour la petite histoire, en 1981, l'appareil votera Giscard sur les conseils de Moscou.
3/Revenons à Pierre Mendès France (PMF). Sans en faire une icône, rétrospectivement, on comprend son refus des voix communistes pour son investiture de chef du gouvernement en juin 1954 !
En 1956, Ministre d'Etat sans attributions particulières dans le cabinet du Front républicain de Guy Mollet, en désaccord avec la politique du gouvernement après l'épisode des "tomates d'Alger" (6 février 1956), il démissionne dès le 23 mai. Pendant des années, il avait dénoncé les nombreuses discriminations faites à la population algérienne.
4/-Il n'est pas inutile aussi de considérer aussi la position de l'homme politique (en situation d'exercice du pouvoir, ou opposant). PMF ne pouvait -pour être crédible- que rejeter les voix du PC pour son investiture. En exercice du pouvoir, un homme d'état ne peut que dénoncer les attentats et les désordres (même s'il en comprend les motivations politiques).
5/-Aujourd'hui, nous subissons la dictature molle d'un système oligarchique. D'une certaine façon, le système "soviétique" contribuait à tempérer la frénésie de la déréglementation économique libérale. L'historien anglais Eric Hobsbawm a bien exposé la problématique.
6/-Alors pour revenir à la situation européenne, l'élection de dimanche est perçue comme un arnaque. On a donné notre avis en 2005. Le débat avait été vif, le vote massif et le résultat sans ambiguité. Alors dimanche, il s'agit de voter contre. Mais pour beaucoup, voter c'est encore cautionner le système. On peut les comprendre sans les approuver... car si la droite sort renforcée du scrutin, elle s'estimera légitimée dans sa politique ultra-libérale et déréglementée...

                                                                                           Marsata
7. Le lundi 1 juin 2009, 23:43 par Rébus

PMF, celui dont toutes les gauches se réclament toujours, notamment actuellement la tendance Joffrin, en oubliant comme le fait pas perdus, de rappeler les discours qui seraient taxés d'anti européens selon nos glorieux analystes actuels.
Pourtant, PMF était un ardent européen, avait il déjà perçu que cet europe portait en elle le capitalisme pur et dur, dépourvu de la moindre vision sociale et sociétale ?

8. Le mardi 2 juin 2009, 05:42 par pas perdus

L'époque a changé mais le risque perçu par PMF est devenu réalité.
Voter ou non, on est de toute manière dans le système... alors je préfère me rendre a bureau de vote pour dire mon opposition à cette gauche version Joffrin.

9. Le mardi 2 juin 2009, 20:30 par marsata

Voter contre, c'est voter aussi CONTRE le PS qui a voté la plupart des textes de déréglementation. Quand ils étaient majoritaires au plan européen, les partis sociaux-démocrates n'ont aucunement remis en cause l'orientation économiste et libérale de déreglementation et de privatisations. Quant à Bayrou, c'est encore pire ! Les uns et les autres ont voté le texte de remplacement (Lisbonne) proposé par le ventilateur qui gouverne la France.
Donc confirmer son vote NON de 2005, c'est voter contre toute la droite et l'arc gouvernemental qui inclus le PS.

                  Marsata
10. Le mardi 2 juin 2009, 20:30 par marsata

Voter contre, c'est voter aussi CONTRE le PS qui a voté la plupart des textes de déréglementation. Quand ils étaient majoritaires au plan européen, les partis sociaux-démocrates n'ont aucunement remis en cause l'orientation économiste et libérale de déreglementation et de privatisations. Quant à Bayrou, c'est encore pire ! Les uns et les autres ont voté le texte de remplacement (Lisbonne) proposé par le ventilateur qui gouverne la France.
Donc confirmer son vote NON de 2005, c'est voter contre toute la droite et l'arc gouvernemental qui inclus le PS.

                  Marsata
11. Le mardi 2 juin 2009, 20:30 par marsata

Voter contre, c'est voter aussi CONTRE le PS qui a voté la plupart des textes de déréglementation. Quand ils étaient majoritaires au plan européen, les partis sociaux-démocrates n'ont aucunement remis en cause l'orientation économiste et libérale de déreglementation et de privatisations. Quant à Bayrou, c'est encore pire ! Les uns et les autres ont voté le texte de remplacement (Lisbonne) proposé par le ventilateur qui gouverne la France.
Donc confirmer son vote NON de 2005, c'est voter contre toute la droite et l'arc gouvernemental qui inclus le PS.

                  Marsata
12. Le mardi 2 juin 2009, 20:30 par marsata

Voter contre, c'est voter aussi CONTRE le PS qui a voté la plupart des textes de déréglementation. Quand ils étaient majoritaires au plan européen, les partis sociaux-démocrates n'ont aucunement remis en cause l'orientation économiste et libérale de déreglementation et de privatisations. Quant à Bayrou, c'est encore pire ! Les uns et les autres ont voté le texte de remplacement (Lisbonne) proposé par le ventilateur qui gouverne la France.
Donc confirmer son vote NON de 2005, c'est voter contre toute la droite et l'arc gouvernemental qui inclus le PS.

                  Marsata
13. Le mardi 2 juin 2009, 20:30 par marsata

Voter contre, c'est voter aussi CONTRE le PS qui a voté la plupart des textes de déréglementation. Quand ils étaient majoritaires au plan européen, les partis sociaux-démocrates n'ont aucunement remis en cause l'orientation économiste et libérale de déreglementation et de privatisations. Quant à Bayrou, c'est encore pire ! Les uns et les autres ont voté le texte de remplacement (Lisbonne) proposé par le ventilateur qui gouverne la France.
Donc confirmer son vote NON de 2005, c'est voter contre toute la droite et l'arc gouvernemental qui inclus le PS.

                  Marsata
14. Le mardi 2 juin 2009, 20:51 par pas perdus

Bien d'accord avec toi...