Renvoi d'ascenseur (Jean-Marc Parisis)

un léger décalage...

Billet

"Petit écrivain de merde, tu écriras qu'il y a quarante ans les shérifs français en deuil de westerns ont bâti des villes fantômes dans les déserts qui entouraient Paris."

"Maintenant, ils nous matent à la télé, ils se branlent à l'insécurité, à la pornogéographie des cités". (page 22)

"Hier ils exploitaient nos muscles et notre résistance aux odeurs, aujourd'hui ils exploitent notre image."

"J'ai vu les hommes des médias venir dealer des infos pour dramatiser leurs flashes."

Ce petit bouquin de 90 pages, sorti dans la collection de poche des éditions des mille et une nuits, est un ovni dans le ciel paisible de la littérature française... Jean-Marc Parisis ne ressemble pas aux écrivains de salon et de concours qui s'autocélèbrent et s'autocongratulent.

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Voici un livre sur la banlieue et Paris, la France, sur la politique et les intellectuels, sur un naufrage collectif et individuel, sur un copain "mal né" et un "petit écrivain de merde." Un cri de rage. Un bouquin unique, autant par son contenu, parfois excessif, que par son style percutant et efficace.

On lit ce récit de A jusqu'à Z en une seule traite, tant ce qu'il raconte est passionnant, tant il est jouissif de lire une si belle écriture :

"Vingt ans après la fondation de SOS Racisme, Julien Dray écrirait : "Nous allons ramer, nous, socialistes, pour redevenir crédibles. Nous devrons assumer nos manques. Nous avons été bien incapables, malgré les intentions affichées, de donner leur place à tous ces jeunes Français issus de l'immigration."

"C'est le tocsin d'un amateur de montres qui ne fut jamais à l'heure de l'Histoire."

"(...) Une telle gauche peut mourir et elle meurt déjà".

A lire...

Commentaires

1. Le mardi 10 novembre 2009, 17:40 par albin

Elle bouge encore hélas.

2. Le mardi 10 novembre 2009, 19:24 par des pas perdus

Exact albin, une longue et lente agonie...

3. Le mercredi 11 novembre 2009, 08:21 par patrick

je m'interroge sur le "hélas" d'Albin.

la gauche, on a compris depuis Mitterrand qu'elle était incapable de répondre aux attentes des "laissés pour compte" et depuis on a fait semblant d'y croire encore.

c'est peut-être par manque de courage individuel, collectif que nous en sommes réduits à l'espoir toujours repoussé à demain d'une société différente.

je veux croire que l'avenir appartient aux plus nombreux.