vaccination bureaucratique

En effet, quelques semaines avant noël, nous commençâmes à recevoir quelques mails appelant les collaborateurs de La Boite à se porter volontaires pour animer les centres de vaccination contre la grippe H1N1.

Au fur et mesure, les mails se montraient de plus en plus pressants... Un vendredi matin, la cellule communication revenait à la charge en faisant appel à des volontaires réquisitionnés...

A chaque rencontre informelle devant les machines à café, le sujet portait sur cette campagne de vaccination, avec l'inéluctable question pour savoir si le collègue était volontaire. A la cantoche le midi, la discussion partait dans toutes les directions, les plus redondantes étant les suivantes :

• Faut-il ou non se faire vacciner, avec ou sans adjuvant, voire boycotter la vaccination ?

• Pourquoi la France a-t-elle acheté 10 % des stocks mondiaux de vaccins et ce, au prix fort, quand ses voisins en ont peu acheté et à bas prix ?

• Bachelot mène-t-elle vraiment une politique de santé publique ou sert-elle les intérêts des lobbies de l'industrie pharmaceutique ?

• Ne serions-nous pas les victimes d'une vaste entreprise de manipulation des masses ?

• Le gouvernement n'utilise-t-il pas cette soi-disante pandémie pour améliorer son image et redorer un bilan peu flatteur ?

• Pourquoi nous appeler ? N'y-a-t-il pas suffisamment de chômeurs dans le pays ?

• Volontaires et réquisitionnés, késako ?

• A quoi joue La Boite ?

Vers 16 heures, ce vendredi-là, la rumeur se propageait : nous allions être tous réquisitionnés pour le week-end... Une réunion d'ailleurs, allait être organisée dans le service...

Devant tant d'incertitudes... et un tel amateurisme, vérifiant une dernière fois notre boite à mails, nous prîmes la poudre d'escampette !

Le lundi, nous apprîmes officiellement qu'une réunion avait rassemblé les volontaires aux alentours de 18 heures... Officieusement, une soixantaine de collègues, qui passaient malencontreusement dans les couloirs, furent réquisitionnés quasiment manu militari par les directeurs pour travailler quelques heures le samedi et le dimanche dans un centre de vaccination.

Quelle organisation !

En début d'année, réforme oblige, les grands pontes ont supprimé, purement et simplement le service de crise de La Boite , celui-là même qui s'exerçait à prévenir, à gérer et à sortir d'une situation de crise : pas rentable évidemment, pas suffisamment centré au cœur de "nos activités". Et puis, c'est bien connu, les crises et autres catastrophes n'arrivent qu'aux autres !

Aussi, a-t-on vérifié, de visu, que la bonne gestion d'une crise ne s'improvise pas entièrement... même si le service de communication de La Boite compte de grands professionnels ! On n'ose même pas imaginer les conséquences si à la place de cette campagne de vaccination une véritable crise était survenue inopinément...