l'été grec

un léger décalage...

Billet

Que Jacques Lacarrière nous pardonne d'avoir emprunté le titre d'une de ses œuvres emblématiques, qui plus est, un hymne à la douceur de vivre, au temps ralenti, à la compréhension de l'autre, à l'Histoire, à la démocratie, à la culture, à l'Europe.

Un emprunt malheureux mais pertinent pour relater la réalité européenne...

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Le peuple grec, victime de la spéculation et d'une classe politique véreuse, a quasiment été le premier à subir en Europe un plan néo-libéral concocté par le FMI et l'UE. Un plan d'une brutalité sans précédent sur le vieux continent : baisses générales des salaires, des pensions de retraites et des allocations chômage, réduction des effectifs de la fonction publique, et recul de l'âge de départ à la retraite avec allongement du temps de cotisation. Le tout accompagné d'un vaste plan de privatisations qui appauvrira l'Etat grec.

Jusqu'à la chute du bloc de l'est, les autorités européennes s'étaient bien gardées de trop maltraiter les peuples pour conserver leur adhésion. Certains discours, notamment ceux du PS, donnaient l'illusion qu'un modèle économique et social, alternatif au libéralisme débridé anglo-saxon et à l'étatisme autoritaire de type soviétique, se mettait peu-à-peu en place. Il fallait un marché unique, une monnaie unique, et le social suivrait... Tout se faisait pas à pas, prudemment... Oui, le social viendrait. On l'attend toujours... On nous le promet toujours !

Depuis la fin de la guerre froide, les dirigeants européens s'appliquent à tout déréglementer sans aucune retenue pour construire le futur grand marché transatlantique. Dans tous les pays soumis à l'idéologie néo-libérale, les mêmes mesures politiques produisent les mêmes effets...

LES MÊMES MESURES...

  • démantèlement des services publics
  • privatisations massives
  • réductions massives des impôts sur les gros revenus
  • désimpostion des revenus du capital
  • mélanges des intérêts publics et privés
  • appauvrissement des États

PRODUISENT LES MÊMES EFFETS :

  • chômage massif
  • précarité généralisée
  • inégalités sociales
  • système éducatif public fragilisé
  • système hospitalier public en déshérence

Ces dernières semaines, les dirigeants européens, obnubilés par les marchés qu'ils avaient parait-il moralisés et réglementés lors des G20, présentent, dans une sorte de surenchère, des plans d'austérité qui aggravent les inégalitées sociales et la précarité : réformes des retraites, saignée des effectifs de la fonction publique, gel des salaires et du financement de l'aide sociale.

D'ailleurs, saviez-vous que les premières victimes de la rigueur seront les chômeurs et les personnes handicapées en France ?

Les allocations sociales vont être fortement réduites. Si rien n'est encore calé, François Fillon a déjà annoncé une réduction de 10 % en trois ans des « crédits d'intervention », c'est-à-dire des aides économiques et sociales. Certaines aides publiques à l'agriculture et à l'emploi seront concernées ainsi que des prestations sociales comme l'aide pour le logement (APL), le revenu de solidarité active (RSA) ou l'allocation pour adulte handicapé (AAH).[1]

Ainsi, la loi du 11 février 2005 pour “l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées” est remise en cause :

Depuis des mois, les pouvoirs publics, de façon organisée, en catimini, se livrent à un détricotage du socle de cette loi du 11 février 2005 pour “l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”. Rien ne résiste à leur volonté de recul, de remise en cause du droit ! Tous les points forts de la loi sont touchés, mis à bas : l’accessibilité, le projet personnalisé de compensation, les ressources, l’accès à l’école de tous.[2]

La droite s'en prend d'abord aux personnes les plus faibles pour réaliser quelques économies de bouts de chandelles... certainement un signal fort qui plaira aux marchés financiers et aux agences de notation !

Notes

[1] La Dépèche : Plan de rigueur : les premiers qui vont trinquer

[2] Fédération des APAJH : Dignité, citoyenneté …discrimination ?

Commentaires

1. Le vendredi 2 juillet 2010, 13:48 par captainhaka

Quand les peuples commençaient à réclamer leur part du bonheur qui résultait du progrès industriel,
quand ils commençaient à s'éveiller à leurs droits et demander une justice et une redistribution lorsque les richesses abondaient, les pouvoirs politiques organisaient les conflits et les crises.
Un ouvrier ne peut pas manifester dans les tranchées.
On ne fait pas de grève lors d'une bataille.

Les gens de pouvoir et d'argent ne veulent pas le bonheur et le progrès pour le peuple. Ils n'aiment pas le peuple et ce dernier ne sait pas le leur rendre.

2. Le vendredi 2 juillet 2010, 14:19 par des pas perdus

Certains ont manifesté en refusant de combattre en 14-18. Le programme du CNR fut transcris dans la loi, sans doute parce qu'une bonne partie de la résistance n'avait pas été encore désarmée jusqu'au début des années 50...

Le peuple n'a peut-être pas conscience de sa force ?