On croit mourir pour la patrie...

un léger décalage...

Billet

Le 11 novembre n'est pas une date banale, elle marque la fin d'une guerre qui fut comme aucune autre...

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Une guerre industrielle et barbare au sein du vieux continent dit "civilisé"...

Une guerre qui aurait pu et du être évitée, et dont la première victime fut Jean Jaurès.

Une guerre où des Cendrars, Apollinaire, des apatrides et des immigrés se sont volontairement engagés pour défendre la France, terre de la République, contre une armée impériale, soit autant d'éléments historiques qui ne sont pas raccords avec le roman historique sarkoziste et lepéniste, et sa notion rabougrie de l'identité nationale...

Une guerre que la sarkozie banalise en transformant le 11 novembre en une commémoration fourre-tout à l'ensemble des soldats tombés pour la France !

De cette guerre, quelques enseignements furent retenus par quelques fines plumes...

«On croit mourir pour la patrie : on meurt pour des industriels.» (Anatole France, L’Humanité, 18 juillet 1922)

«De la grandeur et la richesse d'un pays, ils font comme une maladie dévoratrice. (...) une espèce de cancer qui absorbe toutes les forces vives, prend toute la place et écrase la vie... Combien de crimes dont ils ont fait des vertus, en les appelant nationale- avec un mot ! Même la vérité, ils la déforment. » (Henri Barbusse, Le feu)

«Quelques fleurs mouraient sur sa dalle - fleurs défraîchies qui sentaient l'ordure. On était de la même famille, de ceux que l'on rassemble tous les vingt ans sur les champs de bataille pour d'étranges moissons. Citoyens honnêtes, sérieux, ponctuels, toujours prêts à acquitter leurs impôts directs ou indirects, rubis sur l'ongle, sans barguigner, et, quand il faut, au premier appel, l'impôt du sang, couleur rubis. Toujours présents pour payer le prix des conflagrations et conflits. Pour qui il faudrait construire des arcs de triomphe à n'en plus fini. Pour qui, pour quoi avions-nous pâti, lui et moi? (...). Pour la France. Mais pourquoi nous voulait-elle tant de mal à nous?» (Henri Calet, Le bouquet)

Épitaphe sur un monument aux morts de la guerre :

Le général nous a dit
le doigt dans le trou du cul
L'ennemi
est par là Allez
C'est pour la patrie
Nous sommes partis
le doigt dans le trou du cul
La patrie nous l'avons rencontré
le doigt dans le trou du cul
La maquerelle nous a dit
le doigt dans le trou du cul
Mourrez
ou sauvez-moi
le doigt dans le trou du cul

Nous avons rencontré le kaiser
le doigt dans le trou du cul
Hindenburg Reischoffen Bismarck
le doigt dans le trou du cul
le grand-duc X Abdul-Amid Sarajevo
le doigt dans le trou du cul
des mains coupées
le doigt dans le trou du cul
Ils nous ont cassé les tibias
le doigt dans le trou du cul
dévoré l'estomac
le doigt dans le trou du cul
percé les couilles avec des allumettes
le doigt dans le trou du cul
et puis tout doucement
nous sommes crevés
le doigt dans le trou du cul
Priez pour nous
le doigt dans le trou du cul

(Benjamin Péret, Je ne mange pas de ce pain-là)

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Commentaires

1. Le vendredi 11 novembre 2011, 18:23 par Zgur_

Belles citations.

Tu devrais apprécier mes billets de onze novembre, et particulièrement celui avec la "Marseillaises des requins" de Gaston Couté.

14-18 la der des der ?
Si seulement ...

Paz y salud

Zgur_

2. Le vendredi 11 novembre 2011, 19:23 par Didier Goux

Sur la réalité de cette guerre-là, je crois que le meilleur roman écrit reste celui de Léon Werth : “Clavel soldat”. Et puis, évidemment, la première partie du “Voyage” de Céline, dans un genre très à part.

(C'est agaçant de ne pas pouvoir faire d'italique, chez vous…)

3. Le samedi 12 novembre 2011, 06:47 par des pas perdus

Zgur_ : Merci mais tu sais, je passe régulièrement chez toi ;-) et vais de ce pas lire ton billet du jour...

Didier Goux : merci pour le conseil de lecure, je ne pense pas avoir lu Lon Werth

4. Le mercredi 16 novembre 2011, 06:48 par patrick

Il y a les mots et la provocation habituelle de sarkozy qui peut-être n'a jamais rien éprouvé d'autre que le bonheur de sa propre suffisance, il y a aussi ( et moi j'en viens et j'y retourne à chaque fois que j'ai l'occasion de le faire au grand dam de ma mère) ce que la périphérie de Verdun offre encore, éternellement maintenant, de traces de ce que fut le massacre. Les arbres des forêts dissimulent mal ce qui fut vraisemblablement une tuerie à une échelle jamais connue jusqu'alors, il faut voir les forts ou bastions abandonnés, les longs couloirs de béton, les charnières rouillées qui portaient les paillasses entassées, les affûts plantés dans la terre avec derrière l'ombre des soldats, les barbelés qui se tordent encore au-dessus des fougères, les casques si rouillés qu'ils ne supportent même plus qu'on les déplace, les croix toutes bêtes alignées devant Douaumont, à perte de vue, avec sur chacune d'elles, un prénom et un nom, la première guerre mondiale ne peut pas s'effacer ni la seconde comme la troisième peut-être à venir, ni aucun des crimes commis au nom d'une idéologie.

sarkozy le dira-t-on jamais assez c'est la bêtise, un jour qu'il présidera à l'ouverture d'une école, sa proposition sera certainement de ne faire plus qu'un livre de cent pages de toute la littérature à laquelle personne aujourd'hui ne s'intéresse plus, croit-il et bertrand d'applaudir, morano de surenchérir et juppé de sourire.

Qui sommes-nous ou que sommes nous devenus pour mériter ça?

5. Le mercredi 16 novembre 2011, 09:16 par des pas perdus

Je partage ton analyse.

On a le président qu'on mérite... tu ne crois pas?