vers une alliance ou une fusion UMP-FN

un léger décalage...

Billet

A l'écouter, Marine le Pen serait la principale opposante de Sarkozy. Plus le mensonge est énorme, mieux il passe parait-il...

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Au-delà des déclarations tapageuses et des postures électoralistes, le fait que l'UMP et le FN partagent les mêmes valeurs aura, à coup sûr, des conséquences politiques dans un futur proche pour les droites et le pays.

L'avènement du sarkozisme et l'arrivée de la fille du milliardaire Le Pen à la tête de l'entreprise familiale Front national ont changé la donne.

L'U.M.P. AU POUVOIR ou UN AVANT-GOÛT DE FN

Depuis, la création de l'UMP, la droite classique a opéré sa mue. L'adoption des thèses néo-libérales et l'abandon du gaullisme ont concordé avec la référence à l'identité nationale au sein même de la droite dite classique. L'arrivée à l’Élysée de Sarkozy a accéléré la tendance, en inscrivant dans la loi la préférence nationale.

A mesure que les illusions électorales de la campagne présidentielle s'envolaient et que la régression sociale s'affirmait, l'UMP a radicalisé son discours, tout en menant la politique du bouc émissaire d'une rare violence à l'encontre des exclus, du squatteur, de l'habitant d'une habitation non traditionnelle (yourte, mobile-home), du syndicaliste traduit en justice, du travailleur victime d'un plan de licenciements, du sans-papier arrêté sous les yeux des enfants à la sortie des écoles, de l'opposant politique livré menottes aux poignets aux autorités de son pays, du réfugié renvoyé dans son pays en guerre !

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Un discours sécuritaire et nationaliste d'inspiration frontiste, bien relayé par les médias complaisants, dans un contexte intellectuel qui autorise tous les dérapages. Où la mode est de briser les tabous, c'est-à-dire ceux issus de la Résistance et du combat pour la liberté et des droits. Tous les tabous, enfin presque ! Il n'est pas question de remettre en question l'argent roi, les privilèges de l'oligarchie ou le sacrosaint traité de Lisbonne !

Si autrefois, la droite classique RPR et UDF faisait parfois par opportunisme des déclarations putassières pour draguer un électorat infidèle et récupérer élus et militants frontistes, en cinq ans l'UMP est passée à la vitesse supérieure en intégrant l'idéologie frontiste de la préférence nationale, et par là même, en légitimant et en banalisant les idées du Front national.

Cette OPA sur l'identité nationale a provisoirement détourné une partie de l'électorat du Front national, sauf qu'aujourd'hui, à quelques mois du 1er tour de la présidentielle, le siphonneur est en passe d'être siphonné.

LE FN A L'ABORDAGE OU L'UMP EN PIRE

A côté de cette UMP à la dérive qui reprend in extenso les idées du Front national, Marine Le Pen, qui a déjà remporté la bataille idéologique contre les descendants des gaullistes, espère prendre le leadership de toute la droite.

Elle ne laisse rien au hasard, quitte à délaisser, le temps d'une campagne électorale, les thèses néo-libérales pour draguer l'électorat populaire, ouvriers et fonctionnaires, en recouvrant d'un vernis laïc et social son discours identitaire.

Une couche de vernis social qui ne résiste pas deux secondes à l'analyse puisque les fondements économiques de l'idéologie frontiste sont néo-libéraux (par exemple refus d'encadrer les loyers, baisses des charges patronales).

Dans cette vaste entreprise de mystification, Le Pen s'est forgée une nouvelle image auprès de médias dominants (et complaisants). Tout ce qui peut rappeler l'extrême droite et les origines du FN a été gommé, l'Histoire a été réécrite, les discours sont devenus plus policés et même la flamme frontiste a été relookée : le Front national est prêt à gouverner ! Ou plutôt à co-gouverner.

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Cette opération trahit un changement plus profond : le FN a de nouvelles ambitions. Il ne se contente plus de son rôle de diable de confort de l'oligarchie et du régime bipartite. Il entend devenir un parti de gouvernement, à l'instar de l'ancien MSI de G. Fini qui a réussi, 20 ans avant elle, à transformer son groupuscule d’extrême droite en un parti "respectable", allié traditionnel de la droite néo-libérale de Berlusconi.

ALLIANCE OU FUSION

Hormis une large victoire de Sarkozy dont la dynamique sauverait l'actuel rapport de forces à droite, en conservant la majorité absolue à l'Assemblée nationale, deux scenarri peuvent se produire :

  • en cas de victoire de Sarkozy sans dynamique positive, l'UMP aura vraisemblablement besoin du FN pour conserver la majorité à l'assemblée nationale. Une alliance électorale marquera vraisemblablement l'arrivée de ministres d'extrême droite au gouvernement...
  • en cas de défaite de Sarkozy, l'UMP risque non seulement d'être laminée aux législatives, mais également de perdre son hégémonie à droite, d'autant qu'elle est déjà très fragile localement [1]. Dans cette hypothèse, tout est possible, la fusion avec le FN ou l'éclatement, une partie -la droite populaire et d'autres- allant rejoindre les rangs du FN.

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UNE PÉRIODE PLEINE D'INCERTITUDES

La montée du FN n'est pas un cas isolé sur un continent européen frappé par la crise malgré l'Union européenne et l'euro qui protègent !

Le Front national se nourrit de l'insécurité sociale ainsi que de l'incapacité de la droite classique et de la social-démocratie à résister aux dogmes néo-libéraux dont l'application aggrave la crise.

Cette crise du capitalisme et cette crise politique ne sont pas sans rappeler les années 30 :

« Si la république de Weimar avait débouché sur le nazisme, ce n'était pas un hasard. L'ultra-libéralisme avait débouché sur l'ultra-totalitarisme; non, pas un hasard. Cela signifiait qu'il ne fallait pas se laisser avoir par les apparences » (André Schwartz-Bart)

Toutes les politiques d'austérité de droite, du centre ou de gauche qui sont par nature conformes aux dogmes néo-libéraux précipiteront le peuple dans la misère sociale et dans le vote FN.

Aussi, pour saper durablement l'influence du FN, le seul vote utile est le vote Front de gauche. [2]


Ce billet fait suite à l'excellent Alexis Corbière “Le Parti de l’étrangère” du Cri du peuple. Nul doute que l'ami des échos de la gauchosphère à son mot à dire sur le Front national...

Notes

[1] des pas perdus : Requiem pour la droite classique

[2] des pas perdus : la rigueur ou la relance sociale

Commentaires

1. Le jeudi 2 février 2012, 09:45 par Stef

Excellent billet. Effectivement, il est à craindre que le vote FN soit encore plus important que ce qu'il est dans les sondages... Plus de 40% de l’électorat ne fait plus confiance dans les candidats UMP-PS, ils veulent essayer autre chose ou même ne pas voter du tout...

Abstention et vote FN seront les gros enseignements de cette élection, il me semble...

2. Le jeudi 2 février 2012, 10:56 par babelouest

Bien sûr Stef. D'où cette OBLIGATION que nous avons de poser le Front de Gauche comme la seule alternative à une droite de plus en plus décomplexée. Et là-dessus, j'irai un peu plus loin encore que DPP : cette aile de l'UMP appelée la droite populaire est peut-être encore plus à droite que le FN si c'est possible, d'où l'on voit ce FN phagocyté par un mouvement de tenaille entre le gros des troupes et cette droite populaire extrême.

Bien entendu, parmi le gros des troupes il faut compter le clan Bayrou, simple subdivision électoraliste, et une partie au moins du PS (voir Manuel Valls, mais d'autres aussi).

La clique qui sévit dans les médias sème le trouble en mettant des étiquettes pour le moins inexactes : le Front de Gauche n'est tout simplement aujourd'hui qu'une Gauche modérée (et non l'extrême gauche), où personnellement je me reconnais mal parce qu'elle est trop modérée sur un certain nombre de points. Ce n'est que parce que le choix n'existe pas qu'il faut le soutenir malgré tout : c'est notre seule chance, la seule chance des citoyens face à la catastrophe qui vient.

3. Le jeudi 2 février 2012, 12:08 par HB

Bonjour,

très bonne analyse. C'est en effet une tendance européenne. Pour info, dès 1998, Franck Biancheri anticipait cette évolution dans un article qui tourne beaucoup sur le net européen ces dernières années :
Europe 2009: Quand les petits-fils d’Hitler, de Pétain, de Franco et de Mussolini prendront pouvoir
http://www.newropeans-magazine.org/...
cordialement
HB

4. Le jeudi 2 février 2012, 12:30 par des pas perdus

HB merci

5. Le jeudi 2 février 2012, 15:19 par d3gl1ng0

"personnellement je me reconnais mal parce qu'elle est trop modérée sur un certain nombre de points."
Je suis d'accord avec toi, Babelouest.
Cependant, comme DPP, je pense également que "le Front de gauche se rapproche le plus de mes convictions" et aussi que, pour des considérations plus "tactiques", le Front de Gauche a le plus de chance d'y arriver (que les autres partis de la vraie gauche ou encore qu'un hypothétique "grand soir").
Comme je l'ai expliqué ailleurs... ;)

6. Le jeudi 2 février 2012, 18:40 par Un partageux

Heureux hasard, la rénovitude nous gratifie aujourd’hui sur le même thème d’un hilarant porte-à-porte : http://renovitude.net/?p=4520

7. Le jeudi 2 février 2012, 19:02 par des pas perdus

J'ai lu, excellent

8. Le vendredi 3 février 2012, 01:04 par Le citoyen engagé

Je vois que vois n'avez toujours pas compris parce que vous êtes restés dans l'idéal et non dans le pragmatisme. L'idéal c'est l'internationalisme, le mondialisme, l'Europe et les méchants sont les nationalistes, les souverainistes, les socialistes. Vous faites partie du monde gouverné par les bobos qui vous vendent l'idéal pour appliquer leur politique de destruction massive des nations. Bien sûr je comprends bien qu'aimer la France, son peuple, c'est du populisme, voir du nazisme, pour les trotsko-gauchos et pourtant nous sommes de nombreux français à aimer la France d'abord ne vous en déplaise.

Bizarrement je ne me sens aucune accointance fraternelle avec un croate ou un espagnol. Certes je n'ai pas de haine contre lui mais culturellement je me sens proche des français. Et des français quels que soient leurs origines et leurs différences. De plus comme je suis socialiste je crois, moi, en la souveraineté populaire et celle-ci ne peut s'exercer que dans un cadre national comme on le constate chaque jour avec la dictature européiste qui se met en place (MES).

Alors pour retrouver ma souveraineté populaire il faut que je retrouve ma nation et ma nation c'est la France. Je ne suis ni européen, ni américain et encore moins israélien. ne vous en déplaise bien sûr. Et si vous ne comprenez pas que le fascisme ce n'est donc pas ceux qui défendent l'intérêt du peuple français mais bien ceux qui le nient! Et qui veulent imposer une autorité supra-nationale qui travaillera pour d'autres intérêts que celui du peuple français. Si c'est cela être nationaliste, fasciste ou nazi et bien alors je le suis. Vous dans votre idéal de gauchos-boboifiés vous faites le jeu des vrais fachos qui travaillent à instaurer sur le monde une dictature bancaire qui affament les peuples du monde via un gouvernement mondial que défend l'UMPS et pour lequel votera Mélenchon contre la menace de la souveraineté nationale incarnée par MLP. Il vous l'aura bien mis jusqu'à l'os mais c'est normal n'est-ce pas pour un franc-maçon?

9. Le vendredi 3 février 2012, 01:13 par babelouest

...C'est qui ce gusss ?

10. Le vendredi 3 février 2012, 08:23 par d3gl1ng0

Ben, j'ai bien une idée, y'a quelques signes qui ne trompent pas, comme:
- "nous sommes de nombreux français à aimer la France d'abord ne vous en déplaise."
- "je ne me sens aucune accointance fraternelle avec un croate ou un espagnol"
- "encore moins israélien. ne vous en déplaise bien sûr"
- "Il vous l'aura bien mis jusqu'à l'os mais c'est normal n'est-ce pas pour un franc-maçon?"

Voilà, toutes les caractéristiques du genre sont énoncées, jusqu'à l'aveu sans surprise:

- "Si c'est cela être nationaliste, fasciste ou nazi et bien alors je le suis."

Comme disait Pierre Fresnay dans "Les vieux De La Vieille":
"Dans la vie, il faut toujours se fier aux apparences. Quand un homme a un bec de canard, des ailes de canard et des pattes de canard, c'est un canard."

Fermez le ban...

11. Le vendredi 3 février 2012, 08:37 par des pas perdus

Babelouest : un type qui fait des procès d'intention, mélange tout, nie un peu ses véritables convictions politiques, et bien-sûr en pratique l'insulte...

Comme par hasard, il n'est nullement question de classes sociales, et tout est une question de frontières et de nationalité... Je présume quand c'est un bon français qui licencie ou/et qui exploite, il ne trouve rien à redire...

12. Le vendredi 3 février 2012, 08:46 par des pas perdus

d3gl1ng0 : excellente citation. Je conseille d'aller jeter un œil sur son site : fin du monde apocalyptique et théorie du complot...

13. Le vendredi 3 février 2012, 11:18 par d3gl1ng0

Ah oui, effectivement, c'est du lourd... ;)

14. Le vendredi 3 février 2012, 13:11 par d3gl1ng0

NB: Je n'ai pas mis la fin de la citation pour ne pas devenir méchant. Je te laisse la découvrir... ;)

15. Le vendredi 3 février 2012, 19:08 par des pas perdus

il faut rester cordial ;-))