l'Institut de l'entreprise valide le programme du Front de gauche

un léger décalage...

Billet

Si vous avez une question relative au Front de gauche, la réponse est probablement sur l'excellent site L'argumentoire. Si ce n'est pas le cas, posez-la vous-même, la réponse ne tardera pas.

C'est à l'occasion d'une visite que nous sommes tombés sur cette question :

« http://www.20minutes.fr/ledirect/911593/programme-melenchon-coute-plus-100-milliards-euros-selon-institut-entreprise http://www.institut-entreprise.fr/index.php?id=15 a pose pas mal de questions non ? »

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Pour répondre, puisque l'Institut de l'entreprise est un think tank, il convient préalablement de se pencher sur la nature même d'un think tank. Nul n'échappe aux think tanks. Les représentants des ces institutions sont omniprésents dans les médias dominants pour tout ce qui touche à la politique et à l'économie.

Le think tank est une sorte d'association privée qui ne représente que lui-même contrairement aux organisations syndicales et politiques, et qui échappe à la légitimité démocratique des élections, ce qui ne l'empêche pas pour autant de se prévaloir d'une légitimité en s'attribuant une caution scientifique et objective.

Le think tank recrute des universitaires et des intellectuels, plus ou moins connus, qu'il rémunère ou pas selon leur statut, les moins connus espérant acquérir via l'appartenance au think tank un statut et tout ce qui suit...

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Il se prévaut d'une expertise pour répandre ses notes et ses rapports au cours de diverses manifestations (colloques, conférences, déjeuners...) ou d'émissions médiatiques. Le think tank diffuse également des articles que les médias republient quasiment in extenso.

Le prestige de l'expert place le think tank à un niveau équivalent, voire même à un niveau supérieur aux organisations représentatives dans le débat démocratique organisé par les médias dominants... Du haut de son magistère, il impose son expertise supposée objective de tout penchant partisan. Tout contradicteur - du simple citoyen à l'élu du peuple - est de facto discrédité.

En fait, se prévalant de l'expertise, __le think tank revendique son indépendance bien qu'il soit financé par des entreprises du CAC 40 et des multinationales. D'ailleurs, les représentants du think tank affirment que l'indépendance est garantie grâce à la multitude des généreux mécènes. Ces derniers financent le think tank, mais rémunèrent parfois directement les intellectuels et universitaires du think tank, en leur offrant généralement une place à leur conseil d'administration.

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Lesdits experts, grassement rémunérés par les multinationales, se répandront pour propager les notes et rapports, forcément objectifs, dans les médias dominants en mettant exclusivement en lumière leurs titres universitaires.

Qu'un consensus gauche-droite relatif aux privatisations et à la mondialisation néolibérale se dégage entre le Terra noviste Elie Cohen, conseiller de Hollande, et l'Instituteur Montaigne Nicolas Baverez, proche de Sarkozy, se comprend plus facilement quand on connait leurs liens très très étroits avec le monde des affaires.[1] Des liens qui hélas sont quasiment systématiquement cachés quand ils interviennent dans les médias dominants !

A droite (Institut Montaigne - Fondapol) ou à gauche (Terra Nova), sous-couvert d'expertise objective et indépendante, le think tank défend l'idéologie néolibérale Aucun ne remet en cause l'actuelle Union européenne, ni l'indépendance de la BCE, et moins encore l'austérité qui règne sur le continent européen.

Le think tank fabrique du consentement pour soustraire du débat démocratique certaines questions (Union européenne, mondialisation, réformes néolibérales, les retraites...). Il est l'instrument du Capital.

Maintenant, revenons à l'Institut de l'entreprise qui estime que le programme du Front de gauche coûte 100 milliards d'euros.

Ce think tank a été créé par un ancien dirigeant du Medef (ex CNFPT).

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Son conseil d'orientation est un concentré d'oligarques :

  • Xavier HUILLARD, président-directeur général de Vinci
  • Robert BACONNIER, président de l'Association Nationale des Sociétés par Actions
  • Pierre BELLON, président du conseil d'administration de Sodexo
  • Alain BENICHOU, président d'IBM Franc
  • Laurent BURELLE, président-directeur général de Plastic Omnium
  • Philippe CARLI, directeur général du Groupe Amaury
  • Henri de CASTRIES, président-directeur général d'AXA
  • Dominique CERUTTI, President and Deputy CEO at NYSE Euronext
  • Philippe CROUZET, président du directoire de Vallourec
  • Antoine FREROT, président-directeur général de Veolia Environnement
  • Pierre-Antoine GAILLY, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris
  • Françoise GRI, présidente de ManpowerGroup France
  • Henri LACHMANN, président du conseil de surveillance de Schneider Electric
  • Bruno LAFONT, président-directeur général de Lafarge
  • Gérard MESTRALLET, président-directeur général de GDF SUEZ
  • Henri PROGLIO, président-directeur général d'EDF
  • Denis RANQUE, président du conseil d'administration de technicolor
  • Pierre RICHARD, administrateur EDF Energies Nouvelles *
  • Jacques RICHIER, président-directeur général d’Allianz France
  • Augustin de ROMANET de BEAUNE, directeur général de la Caisse des Dépôts et Consignations
  • Frédéric SAINT-GEOURS, président de l'Union des Industries et Métiers de la Métallurgie
  • Ernest-Antoine SEILLIERE, président du conseil de surveillance de Wendel
  • Pierre-Sébastien THILL, président du directoire de CMS Bureau Francis Lefebvre

A la lecture de cette liste, il apparait une certaine cohésion ou uniformité sociale : pas de chômeur, pas de smicard, pas de syndicaliste...

L'institut de l'entreprise défend les intérêts de classe de l'oligarchie.

Aussi, fort de cette démonstration, nous pouvons affirmer que le coût du programme L'Humain d'abord estimé par l'Institut de l'entreprise n'est ni expert, ni scientifique, ni objectif.

L'expertise de l'Institut de l'entreprise ne vaut rien ! Les 100 milliards d'euros sont destinés à effrayer l'opinion publique et à discréditer le Front de gauche qui s'attaque directement à leurs intérêts particuliers : tu le vois Ernest-Antoine le revenu maximal ?

Aussi, une fois l'arnaque démontrée, le programme du Front de gauche s'en retrouve renforcé et légitimé !

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Notes

[1] ou le célèbre Dominique Reynié de la Fondapol

Commentaires

1. Le vendredi 6 avril 2012, 08:25 par GdeC

Très bon billet. Avec une toute petite observation toutefois, qui n'ôte rien à la pertinence du billet : nous avons les nôtres... Remember, Copernic...

2. Le vendredi 6 avril 2012, 09:05 par des pas perdus

Merci.

Il y a tout de même des différences essentielles, notamment au niveau de la sociologie et des financements...

3. Le vendredi 6 avril 2012, 10:52 par Un partageux

Petite rectif : Le MEDEF est l'ex-CNPF Centre national du patronat français.

Un remarque : l'évaluation du coût d'un ensemble de mesures comme celle contenue dans le programme du FdG est tout à fait pifométrique. On peut déjà, pour des mesures très simples, voir des devis allant de 1 à 4 ou 5 selon les "experts" ! Alors pour un ensemble très complexe où une myriade de dépenses engendre AUSSI une myriade de rentrées nouvelles en impôts directs et indirects, les ordinateurs les plus véloces ne sont capables que d'approximations d'autant plus fausses que l'on y introduits des paramètres discutables.

Il nous faut toujours rappeler que c'est un pays ruiné par des années de guerre, souffrant de privations alimentaires, avec routes, voies ferrées et ponts dévastés, qui a créé la retraite des vieux et la sécurité sociale... Au plus grand bénéfice économique, et pas seulement social, de toute la population !

4. Le vendredi 6 avril 2012, 14:27 par des pas perdus

Merci Hubert, je me suis emmêlé les doigts ! L'évaluation est une arnaque d'autant plus que le FDG veut rompre avec ce système.

Ton dernier paragraphe me fait penser à cette saine lecture ;-)http://www.despasperdus.com/index.p...

5. Le lundi 16 avril 2012, 18:05 par Pensez BiBi

Cher Camarade.
Bravo pour ton billet qui est plus complet que le mien.
Tous ces experts infiltrent de plus en plus les médias (radios, télés, presse etc) et, dans le même temps, évitent de nous dire d'où ils parlent.
Regarde un membre de Think Tank dans une émission de télé, le bandeau qui le présente n'est jamais de dire qu'il s'agit d'un membre de tel ou tel TT. Ce qui est mis en avant, c'est le grade universitaire.

Tout cela est insupportable et il est à craindre que - passant par le Hollande - on ait quasiment les mêmes effets. Par exemple, aujourd'hui, j'apprends que le bon Martin Hirsch appelle à voter pour le candidat PS.

Pour tes lecteurs et lectrices, voici mon éclairage : "Au secours, v'la les Think Tanks"

http://www.pensezbibi.com/categorie...

6. Le lundi 16 avril 2012, 18:42 par des pas perdus

Merci Bibi, nos deux billets sont complémentaires. Avec Holande, je partage les mêmes craintes que toi...