En finir avec le circus politicus !

un léger décalage...

Billet

Circus politicus est le livre politique de ces derniers mois. Il le mérite.

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S'il n'apporte guère de révélations au militant politique et au citoyen informé, sa lecture s'en relève néanmoins très utile car elle regroupe des informations, souvent disséminées et partielles, et trop rarement traitées dans les médias dominants.

En fait, ce bouquin confirme que la République est quasiment devenue une coquille vide de toute démocratie par la combinaison de trois phénomènes convergents :

  • des réseaux d'influence atlantistes et néolibéraux

A côté des institutions internationales telles que le FMI et l'OMC, Circus politicus s'attarde sur des réseaux se matérialisant sous la forme d'associations, plus ou moins informelles, telles que La Trilatérale, le réseau Bilderberg, le Cercle Jefferson et d'autres moins connues qui se réunissent régulièrement en invitant des politiques triés sur le volet, selon des critères abscons. Leurs membres sont cooptés parmi l'élite des chefs d'entreprise, surtout du monde de la finance.

Si les auteurs n'affirment pas que ces cénacles d'oligarques orientent directement la construction européenne dans un sens favorable aux USA et à l'idéologie dominante, il n'en demeure pas moins qu'une sorte "d'infusion idéologique" à force de rencontres, de discussions, d'échanges et de services, ces réseaux sont de précieux outils pour défendre les intérêts des Etats-Unis et de l'oligarchie. A ce titre, l'IPSAS Board vaut toutes les démonstrations.

  • des institutions européennes adémocratiques

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Le pouvoir exclusif d'initiative de la commission, le désintérêt des médias (français pour la plupart) et des gouvernants aux décisions de la commission, le culte et la préservation du secret, le parlement européen fantoche privent les peuples européens de leurs droits démocratiques. Plus l'intégration se renforce, plus l'UE invente des règles - de type règle d'or- qui délimitent et rétrécissent la démocratie : la règle néolibérale interdit au peuple de s'exprimer et faire lui-même ses propres choix !

Les institutions européennes fonctionnent de telle manière qu'elles empêchent volontairement le citoyen de s'intéresser au fonctionnement et aux décisions prises en son nom... pour le plus grand profit des lobbies qui influencent ou qui noyautent les institutions européennes.

La description qu'en font les auteurs dépasse tout ce qu'il est possible d'imaginer en termes de relations et de prises de décisions entre initiés et "obligés", de mélange et de confusion des genres entre l'intérêt général et les intérêts particuliers, de pantouflages, même pour le lecteur de L'Europe sociale n'aura pas lieu.

  • une classe politique eurobéate et néolibérale

Difficile d'être plus néolibéraux que les dirigeants européens qui ont ouvert tous les secteurs de l'économie européenne à la concurrence internationale, sans aucun garde-fou, en veillant même scrupuleusement à défavoriser des entreprises européennes championnes dans leur secteur, ce que ce sont bien gardé de faire les Etats-Unis ou la Chine. Une orthodoxie qui confine au fanatisme, à la naïveté et à la bêtise, mais qui surtout désindustrialise et appauvrit le continent européen.

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De tout cela, les citoyen-ne-s qui se contentent de l'information des médias dominants n'en savent rien, d'autant que leurs dirigeants s'évertuent à cacher ou à relativiser les décisions prises à Bruxelles en transposant en catimini les directives européennes par voie d'ordonnances. L'expérience du TCE en 2005 a traumatisé l'oligarchie européenne. En France, les médias largement acquis à la "cause" de l'UE relaient sans vérifier les moindres communiqués de Bruxelles ! Toute parole déviante, même celle de Maurice Allais, prix Nobel d'économie, a été systématiquement censurée !

Les plus naïfs des lecteurs qui se demandaient encore par quel truchement le parti socialiste est devenu un rassemblement atlantiste et néolibéral ont du comprendre en lisant les noms de E. Guigou, H. Védrine, M. Valls et P. Moscovici, soit les plus proches collaborateurs de F. Hollande...

On ressort de Circus politicus soit abattu, soit convaincu qu'il faut mener le combat contre cette dictature de l'oligarchie qui asservit et prive le peuple de ses droits les plus fondamentaux. La privation des droits démocratiques étant indissociable de la privation des autres droits (économiques, sociaux, culturels, etc). Et ne comptez pas sur les dirigeants de l'Internationale socialiste et du parti socialiste européen, et tous les dirigeants qui s'en réclament pour rendre aux peuple ses droits. Tous ses droits !

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Commentaires

1. Le lundi 16 avril 2012, 08:07 par babelouest

C'est clair, répétons-le partout, imprimons-le partout :
http://ti1ca.com/pyboqgv6-le-peuple...

2. Le lundi 16 avril 2012, 12:26 par Un partageux

En écho à ton texte je tombe sur un entretien avec François Hollande qui dit 1) "il n'y a qu'une seule gauche" et 2) "C'est autour du projet que JE porte que se fera le rassemblement." Et surtout
pas dans une discussion pour se mettre d'accord sur un programme commun...

http://bit.ly/J49MZt

3. Le lundi 16 avril 2012, 18:44 par des pas perdus

Espérons-le Babelouest !

Hubert, je crains qu'il ne faille subir d'abord la politique de Hollande avant que les gens de gauche ne se rendent compte que la social-démocratie et la droite sont très très proches...