ArcelorMittal, symbole de la soumission au capitalisme financier ?

un léger décalage...

Billet

Le couperet est tombé lundi :

« La direction d'ArcelorMittal vient d'annoncer la fermeture définitive des hauts fourneaux ce lundi matin lors d'un comité central d'entreprise. Quelque 600 salariés risquent de se retrouver au chômage. »

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Mittal est un capitaliste, essentiellement un financier, n'en déplaise au ministre de l'économie, Thierry Breton, qui affirmait en 2006 :

« Monsieur Mittal ne connaît pas la grammaire des affaires »

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A la différence des familles et des proches des salariés de Florange et de Gandrange, Monsieur Breton se porte très bien, il est redevenu PDG et il a toujours son rond de serviette au Siècle. Mais revenons à notre sujet.

Mittal a acquis à vil prix Arcelor avec la bénédiction du gouvernement, récupéré le savoir-faire des travailleurs, et pour des raisons purement spéculatives. Aujourd'hui, il ferme les hauts fourneaux de Florange, puis fermera l'ensemble du site assurent les syndicats. A l'instar de Gandrange acquis pour un euro symbolique.

La veille de l'annonce officielle, Montebourg préparait le terrain en affirmant que la nationalisation était exclue au motif que l'État n'a jamais été un bon actionnaire ! Certes, l'exemple du Crédit lyonnais lui donne plutôt raison (Qu'en pense ce bon Monsieur Trichet ?) mais en matière industrielle, les entreprises nationalisées ont été sauvées et sont devenues très compétitives, voire même des leaders dans leur secteur, avant d'être privatisées.

Ce mensonge grossier enterre la promesse du candidat Hollande de plan de reprise de sites industriels, sauf volte-face du pouvoir.

Cette décision étonnera probablement celles et ceux qui gardaient l'image de Montebourg, héraut de la démondialisation et pourfendeur du néo-libéralisme aux primaires du PS et qui espéraient que le ministre du redressement productif trouverait quelques marges de manœuvre pour stopper la désindustrialisation.

Les faits sont têtus relevait Vladimir Illitch.

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Et les réactions montebourgeoises à base de déclarations patriotiques au plan social (quel oxymore !) de PSA, et aux menaces de délocalisations des centre d'appel des opérateurs du secteur de la téléphonie auguraient une retraite politique en basse campagne.

L'annonce d'ArcelorMittal confirme l'impuissance de Montebourg et du gouvernement Ayrault, ainsi que le conformisme, pour ne pas dire le conservatisme du président Hollande.

Ainsi, dans le même article du Parisien, figure cette phrase significative :

« La direction d'ArcelorMittal qui a annoncé lundi en fin de matinée lors d'un comité central d'entreprise (CCE) la fermeture définitive des hauts fourneaux de Florange, à l'arrêt depuis 14 mois, a donné 60 jours au gouvernement pour trouver un repreneur pour la filière liquide, y compris la cokerie (...). »

Vous voyez, c'est le capitaliste qui donne ses ordres au gouvernement en lui laissant 60 jours ! Et que ça saute ! la bonté et la patience de M. Mittal a quelques limites !

Et pourquoi se gênerait-il ?

Le pouvoir politique n'impulse rien d'autre que la résignation et la soumission devant le fait accompli de la toute puissance d'un prédateur du capitalisme financier. Le gouvernement Ayrault, comme son prédécesseur, est celui de l'impuissance qui laisse mourir à petits feux un des fleurons stratégiques de l'industrie...

Le PS et EELV vont-ils laisser le pays perdre sa production d'acier et son savoir-faire ?

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Comme nous l'avons lu ailleurs, le gouvernement Ayrault dispose d'une base constitutionnelle qui pourrait lui permettre de légiférer et de réglementer dans le sens de l'article 9 du préambule de la constitution de 1946 :

«Tout bien, toute entreprise, dont l'exploitation a ou acquiert les caractères d'un service public national ou d'un monopole de fait, doit devenir la propriété de la collectivité.»

Qu'attendent les socialistes et les environnementalistes ? Ils disposent de TOUS les leviers !

Que les libéraux de tous poils ne crient pas au communisme de guerre :

« Dans La Sarre, les politiques, les syndicats et les travailleurs ont voulu créer un modèle »

Ils ont sauvé la Montan Stiftung Saar, une entreprise sidérurgique qui emploie plus de 5500 salariés, ce qui prouve que des solutions alternatives à la résignation ambiante et au laisser faire néo-libéral sont viables :

« Présidée par un directoire de 7 sages, la Montan veille aux destinées du secteur en le préservant d’éventuels OPA hostiles. " Mittal possédait 50 % du capital de Dillinger Hütte ", raconte Roman Selgrath, " mais sa participation est descendue à 30,08% en 2008, (...). Impossible pour un actionnaire de faire cavalier seul. Résultat : chaque année Dillinger Hütte investit 3% de son chiffre d’affaire dans ses installations. " Notre créneau sur le marché c’est de produire des aciers de haute qualité .»

Alors amis socialistes et environnementalistes, vous croyez toujours que l'Etat ne peut rien faire ni intervenir dans l'économie ?

Commentaires

1. Le mardi 2 octobre 2012, 09:34 par Le Parisien Libéral

ok si on fait comme en Allemagne : pas d'intervention gouvernementale.

2. Le mardi 2 octobre 2012, 18:51 par des pas perdus

je n'ai jamais dit ça...

3. Le mercredi 3 octobre 2012, 08:04 par Lou

Arcelor, c'est le tout bel exemple.
Mon copain Émile pensait même faire un billet là-dessus.
Il y a des industries dont le maintien n'est pas forcément nécessaire, parce que leurs produits sont dispensables ou bien qu'on les importe déjà de... Chine.
La sidérurgie, lorraine notamment, c'est autre chose.
On soulignera d'abord qu'il n'en reste que des miettes. Ils ont fait ce qu'ils ont pu, de fermeture en fermeture.
Ensuite, même s'il y a des solutions de rechange à l'acier, dont le matériau de base n'est pas renouvelable, pour le moment, c'est très utile.
Enfin, les produits sont reconnus d'excellente qualité et ils sont exportés... en Chine.

Quand les ouvriers disent (je l'ai lu sur des pancartes) "Rendez-nous notre outil de travail", ils devraient dire "Donnez-nous notre outil de travail, ainsi nous ne seront plus des prolétaires (ceux qui ne possèdent pas les moyens de production), et notre patron ne sera plus un bourgeois, on le gardera, il aura un bon salaire, dans les 10 000 euros, il est irremplaçable pour la gestion, les relations avec les clients, la prospection et le suivi.

Seulement, j'ai employé deux gros mots : prolétaire, bourgeois.
Et pourquoi pas la dictature du prolétariat ? C'est vilain, la dictature.
Et la lutte des classes ? Comme s'il n'y avait déjà pas assez de problèmes dans les collèges.
Quant à la plus-value...

Trois concepts marxiens fondamentaux rayés des registres de tous les partis.

On dit "marxiens" et non pas "marxistes".
Ce dernier terme venait des communistes français (qui n'avaient pas tout compris) dont Marx s'est moqué en disant qu'il n'était pas "marxiste".

4. Le mercredi 3 octobre 2012, 18:21 par des pas perdus

Et les martiens dans tout ça ?

5. Le mercredi 3 octobre 2012, 20:59 par Joel

Ils sont en train de les enfumer avec cette loi ! Un repreneur à 60 jours ! cette loi, doit être discutée avec les partenaires sociaux d'abord, c'est ce qu'a dit ce matin le Breton , président du groupe PS à l'assemblée chez Bourdin ! y'en a pas un qui dit pareil ! d'ici là , çà sera fermé ! de toutes facon depuis le temps qu'ils sont arrêtes , c'est comme si ils sont fermés !

Gouvernement de branquignoles ! qui ne sait pas sur quel pied danser , et qui tourne autour du pot , pour nous embrouiller tous !

Aux sidérurgistes et la populace de réagir vivement , surtout pas écouter les sornettes !

6. Le jeudi 4 octobre 2012, 06:30 par des pas perdus

Je partage ton avis.

7. Le jeudi 4 octobre 2012, 14:00 par Lou

Des pas,
"les martiens" ?
Et Dieu dans tout ça ?
Il s'en occupe, il me l'a écrit dans son dernier SMS.

Tu veux dire "les Martiens = les Verts" ? Oui, ça va. Depuis que Le Rouge les a dénoncés (c'est une coutume allemande de dénoncer), ils sont moins vert-de-gris.

Martiens, go home !
(Babelouest va revenir, sois tranquille)


***

Message perso

Il se pourrait (ça se négocie actuellement dans les bureaux de la prod) que tu passes avant 'François', et après 'Duchamp', c'est-à-dire dans une dizaine de jours.
Ce sera dur. Luxuriant, mais dur.
Pour Baquié, le disciple qu'on aime, no problem, pour Delvoye, il est logé : - ) (trad. Mouaaarf)
Et tu as droit au mieux, à l'égal de Duchamp, je le ferai.
là, Des pas rampe sous sa couette


***

Le premier qui dit que je blasphème... je n'en dis pas plus

8. Le jeudi 4 octobre 2012, 17:36 par des pas perdus

Je crois que je vais me cacher...

9. Le vendredi 5 octobre 2012, 06:49 par patrick

En marge du problème majeur de la désindustrialisation à laquelle le gouvernement n'a ni les moyens ni la puissance encore moins la volonté de s'opposer, à quoi sert un ministère qui en toute fin n'aura fait que comptabiliser les destructions d'emplois rendus nécessaires par la finance toute-puissante? A quoi sert Montebourg. Ce bourgeois bien-pensant n'est-il paas la première insulte faite à ceux qu'on va jeter loin des beaux quartiers, des centre-villes, dans ce quart-monde que la France construit à tours de bras?

10. Le vendredi 5 octobre 2012, 17:20 par des pas perdus

Je suis plus optimiste que toi, il faut de la volonté pour sortir de ce système. Pour le reste, je suis bien d'accord.

11. Le lundi 3 décembre 2012, 11:28 par Lou

Arnaud Montebourg doute de l'honnêteté de M. Mittal. Pauvre chou, il a un doute et il est bien seul. Personne d'autre n'a un doute sur le sujet.

12. Le lundi 3 décembre 2012, 15:00 par joel

" les entreprises nationalisées ont été sauvées et sont devenues très compétitives, voire même des leaders "

euh pas tout à fait ok .. et je cite des exemples sur mon blog , pour le Nord, un commentateur en cite un autre en Lorraine !

13. Le lundi 3 décembre 2012, 17:59 par des pas perdus

Lou : oui en effet.

Joel : tu as raison, pas toutes...