L'Euro-tartufferie du PS

un léger décalage...

Billet

En ces temps difficiles, le site officiel du parti socialiste est résolument optimiste :

« Jean-Christophe Cambadélis a défendu un nouveau traité social en Europe qui permettra aux salariés, aux exclus, étudants, jeunes, de pouvoir vivre décemment dans une Europe solidaire. »

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L'espoir renaît, pas vrai ? Un nouveau traité social... Je n'étais pas au courant qu'il y avait déjà eu un traité social... Entendre Europe et traité social dans une même phrase me semble suspect de la bouche du 1er secrétaire du PS qui a veillé au grain pour permettre l'adoption de plus de 50 milliards euros de coupes budgétaires et autant de cadeaux au patronat.

L'UE n'est qu'une Europe de marchands, faite par des marchands, pour des marchands. De gros marchands qui délèguent le sale boulot d'exécution à leurs gens du PPE et du PSE. L'UE est une machine de guerre capitaliste avec le zéro inflation pour garantir la rente du Capital, et la concurrence libre et non faussée partout pour détruire les droits sociaux. [1]

Certains ont répondu vivement à l'enfumage socialiste:

« Voici venu le temps des euro-tartuffes. Drapés de la vertu des européens convaincus, ils n’ont jamais de mots assez forts à Paris ou à Berlin pour pourfendre les reculs de l’Europe politique et sociale et dénoncer les politiques mises en oeuvre à Bruxelles. Ils peuvent ainsi rappeler, des trémolos dans la voix, devant un Parlement européen enthousiaste, la nécessité d’un budget européen sérieux et ambitieux et celle de grands plans d’investissement pour, quelques semaines plus tard, déserter en rase campagne et faire voter au Parlement - pour la 1ère fois de son histoire -un budget en baisse. »

Et de souligner :

« Ce sont encore les mêmes qui viennent enflammer en pleine campagne électorale les tréteaux des salles parisiennes, pour dénoncer les choix austéritaires d’une Europe, dont ils ont pourtant voté et défendu tous les plans successifs, y compris en acceptant sans broncher le mandat donné à la Troïka pour mettre en couple réglée la Grèce, l’Espagne, Chypre et le Portugal. »

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J'espère que ce parler cru et dru de Pascal Durand n'a pas trop heurté les âmes sensibles qui, il y a peu encore, préféraient se laisser berner bercer par Hollande, plutôt que d'écouter au même moment l'exposé de Mélenchon sur le TSCG et le Grand Marché Transatlantique.

A mon avis, le temps des euro-tartuffes ne date pas de ces dernières semaines... mais au moins des précédentes élections et du dernier mandat.

Je me rappelle qu'à l'époque, je m'étais astreint à analyser le Manifesto, le programme du PSE. Torture que je ne m'inflige pas cette année.

Depuis la troïka a révélé de façon plus flagrante le vrai visage de l'UE. Sa vraie nature, antidémocratique. Son seul objectif, l'extension du domaine des privilèges de l'oligarchie. Sa vraie politique étrangère, le valet de l'empire étasunien.

Depuis aussi deux ans de purge hollandaise à la sauce Ayrault puis Valls, j'ai estimé que la lecture du nouveau programme du PSE était totalement inutile. Pourquoi lire un copier-coller du Manifesto - alors que nous sommes dans l'austérité et la régression sociale, la stagnation économique et la désindustrialisation, la perte de souveraineté populaire et le déni démocratique depuis plus de vingt ans à cause de l'incompétence économique, de la cécité sociale, de la soumission idéologique et du caractère oligarchique du PS et de l'UMP, et de leurs amis européens ?

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L'UE ultra-libérale et antisociale (désolé pour le pléonasme) est le fruit de la collaboration active du PPE et du PSE qui, devant les citoyen-ne-s, n'assument même pas l'UE qu'ils ont construite, puisque, le temps des élections, le 1er veut "une autre Europe" et le second "réorienter l'Europe".

Bref, réorienter l'Europe est un slogan pour réorienter une partie de l'électorat socialiste qui s'abstiendra ou votera pour les listes du Front de gauche, d'EELV, de Nouvelle donne ou du NPA... Il est vrai que voter PS reviendrait à approuver cette UE et la politique de Hollande, mais aussi à envoyer des députés roses pâles et à donner des moyens financiers supplémentaires au PS...

Note

[1] Je renvoie à la lecture du discours de Pierre Mendès-France en 1957 et de L'Europe sociale n'aura pas lieu.

Commentaires

1. Le mardi 6 mai 2014, 08:26 par Lou de Libellus

Pour être socialiste, on n'en est pas moins fourbe,
Et lorsqu'on vient à voir du gain tous les appas,
Un cœur se laisse prendre, et ne raisonne pas.
Je sais qu'un tel discours de moi paraît étrange,
Mais, Despas, après tout, je ne suis pas un ange,
Et si vous condamnez l'aveu que je vous fais,
Vous devez vous en prendre au flouze et ses attraits.
Dès que j'en vis briller la splendeur inhumaine,
L'oseille alors devint ma seule souveraine,
De ses éclats divins l'ineffable douceur
Força le socialisme où s'obstinait mon cœur,
Elle surmonta tout, l'austérité, les larmes,
Et tourna tous mes vœux du côté de ses charmes.

2. Le mardi 6 mai 2014, 09:25 par Arthurin

N'y voit nulle offense DPP, mais j'ai envie de réécrire ce passage là :

nous sommes dans l'austérité et la régression sociale, la stagnation économique et la désindustrialisation, la perte de souveraineté populaire et le déni démocratique depuis plus de vingt ans à cause de l'extrême compétence économique, de la clairvoyance sociale, de la domination idéologique et du caractère oligarchique des libéraux du PS et de l'UMP, et de leurs amis européens.

Voilà, c'est beaucoup mieux :-)

3. Le mardi 6 mai 2014, 09:46 par des pas perdus

Lou, c'est beau comme du Molière !

Arthurin, je prends ça bien. Mais, je conteste un point. Des élites qui nous gouvernent (appareils PS et UMP), on était en droit d'espérer qu'elles résistent à l'idéologie dominante... Or, elles se soumettent.

4. Le mardi 6 mai 2014, 12:44 par Lou de Libellus

Il n'y a plus de honte maintenant à cela : l'hypocrisie est un vice à la mode, et tous les vices à la mode passent pour vertus. Le socialiste est le meilleur de tous les personnages qu'on puisse jouer aujourd'hui, et la profession d'hypocrite a de merveilleux avantages. C'est un art de qui l'imposture est toujours respectée ; et quoiqu'on la découvre, on ne peut rien dire contre elle. Tous les traits moqueurs sont exposés à la censure en ce pays, et un catalan a la liberté de les attaquer hautement ; mais l'hypocrisie est un vice privilégié, qui, de sa main, ferme la bouche à tout le monde, et jouit en repos de l'impunité d'un souverain. On lie, à force de grimaces, une société étroite avec tous les gens du parti. Qui en choque un, se les jette tous sur les bras ; et ceux que l'on sait même agir de bonne foi là-dessus, et que chacun connaît pour être véritablement touchés, ceux-là, dis-je, sont toujours les dupes des autres ; ils donnent hautement dans le panneau des grimaciers, et appuient aveuglément les singes de leurs actions. Combien crois-tu que j'en connaisse qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse, qui se sont fait un bouclier du manteau de la laïcité, et, sous cet habit respecté, ont la permission d'être les plus méchants hommes du monde ? On a beau savoir leurs intrigues et les connaître pour ce qu'ils sont, ils ne laissent pas pour cela d'être en crédit parmi les Élus ; et quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d'yeux rajustent dans le monde tout ce qu'ils peuvent faire. C'est sous cet abri favorable que je veux me sauver, et mettre en sûreté mes affaires. Je ne quitterai point mes douces habitudes; mais j'aurai soin de me cacher et me divertirai à petit bruit. Que si je viens à être découvert, je verrai, sans me remuer, prendre mes intérêts à toute la Kabbale, et je serai défendu par elle envers et contre tous. Enfin c'est là le vrai moyen de faire impunément tout ce que je voudrai. Je m'érigerai en censeur des artistes, jugerai mal des goyim, et n'aurai bonne opinion que des Justes. Dès qu'une fois on m'aura choqué tant soit peu, je ne pardonnerai jamais et garderai tout doucement une haine irréconciliable. Je ferai le vengeur des intérêts du שמים, et, sous ce prétexte commode, je pousserai mes ennemis, je les accuserai d'incivilité, et saurai déchaîner contre eux des zélés indiscrets, qui, sans connaissance de cause, crieront en public contre eux, qui les accableront d'injures, et les damneront hautement de leur autorité privée. C'est ainsi qu'il faut profiter des faiblesses des hommes, et qu'un sage esprit s'accommode à la modernité.

5. Le mardi 6 mai 2014, 14:25 par Arthurin

Qui peuvent être les représentants de l'idéologie (libérale) dominante si ce n'est eux ?

Nous avions le devoir d'en attendre ce qu'il advient aujourd'hui (et qui adviendra demain, de la même façon, si nous n'y prenons pas garde).

Se soumettre à ce qu'on est ? Avons nous vraiment le choix ?

(oui, de la transcendance, mais ce n'est pas la voie la plus évidente ni la plus aisée, là se trouve l'élite)

@ Lou : la mode (libérale) passe, le style (libéral) est éternel.

6. Le mardi 6 mai 2014, 17:49 par des pas perdus

Arthurin : en effet, pourquoi saperaient-elles les bases d'un système qui les privilégie...?

Lou : c'est une solution individualiste et libérale qui ne dérange pas le système éco et politique...

7. Le samedi 10 mai 2014, 18:53 par Arthurin

C'est très con mais quand je vois des choses injustes et/ou immorales, je me demande toujours à qui profite la situation ; alors des fois je me trompe dans la réponse mais la question reste posée.

TP chez vous à la maison (sur la b...

8. Le samedi 10 mai 2014, 18:55 par Arthurin

oups, il a interprété les crochets comme une balise, si tu peux corriger ça stp DPP, merci.

9. Le dimanche 11 mai 2014, 07:01 par des pas perdus

tu veux que j'ôte le lien ?