Hollande facilite les licenciements abusifs

un léger décalage...

Billet

Décidément, chacune des dispositions de la loi Macron permet de mesurer combien le parti dit socialiste est devenu le laquais du patronat.

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Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, il est bon de citer le François Hollande (18 décembre 2006) pour mesurer l'ampleur de la trahison du parti dit socialiste :

« Le contrat de droit commun doit être le CDI. Les indemnités de licenciement seront significativement relevées, d’autant plus que l’ancienneté est grande et que l’obligation de reclassement n’est pas réalisée.On dira que c’est une forme de taxe sur les licenciements. Oui, d’une certaine façon. »

Cette semaine, David Van der Vlist, avocat spécialisé en droit du travail, démontre combien celui qui est devenu Président de la République fait exactement le contraire de ses promesses. Son article Quand le plancher devient le plafond - à lire absolument - décrypte les conséquences, hautement néfastes, des dispositions portant sur l'indemnisation du licenciement abusif qui vont être totalement réformées par la future loi Macron.

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Grosso modo, les indemnisations auxquelles peuvent prétendre un travailleur abusivement licencié vont être considérablement revues à la baisse, au point que l'indemnisation minimale actuelle deviendra maximale par le truchement de la nouvelle loi. Tous les salariés sont concernés, et non pas "seulement" ceux des PME comme le prétend la communication gouvernementale propagande dominante.

Ipso facto, la faiblesse de l'indemnisation du préjudice découragera les victimes à demander réparation devant le juge prud’homal. En comme ce nivellement par le bas ne suffit pas aux yeux de Macron, il est prévu, de surcroît, qu'une partie de ladite indemnisation revienne à Pôle emploi si le travailleur retrouve rapidement un emploi !

Au final, les employeurs auront intérêt à recruter en CDI puisque l'indemnisation du préjudice en cas de licenciement abusif sera bien moindre que le coût de l'indemnité de précarité de 10 % versée à la fin de CDD ! La précarité sociale va être étendue aux travailleurs dont le contrat est à durée indéterminée !

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Le patronat bénéficiera donc d'une loi sur mesure, bien plus avantageuse que le CPE/CNE du gouvernement De Villepin que le PS avait combattu à l'époque. Inutile de dire que le temps a fait son œuvre puisque aujourd’hui, le gouvernement "socialiste" saupoudré de quelques radicaux de "gauche" et le parti dit socialiste adhèrent totalement à la théorie néolibérale selon laquelle il faut faciliter les licenciements pour créer des emplois...

Aussi, ne puis-je qu'adhérer à la conclusion de David Van der Vlist :

« Nous sommes probablement face à une des pires attaques qu’ait eu à subir le droit du travail depuis les années 1970. Espérons que les syndicats, les partis politiques et la société civile s’en saisiront car il y a le feu. A nous de construire les conditions d’un mouvement majoritaire qui permettra de faire échec à ces projets de destruction systématique de nos acquis sociaux, quels que soient les partis qui les portent ! »

Commentaires

1. Le dimanche 14 juin 2015, 15:40 par Zap Pow

Et tout ça pendant que certains blogueurs s'obstinent à clamer que le gouvernement fait une politique de gauche, et que le PS est un parti de gauche.

2. Le dimanche 14 juin 2015, 20:18 par Un partageux

à Zap Pow

Sur la notion historique de la gauche il y aurait beaucoup à dire. Sais-tu par exemple que Thiers, oui le boucher de la Commune, était de centre-gauche ? Jusqu'aux environs de 1895 la gauche, un courant bourgeois opposé au monarchisme, n'avait absolument rien à voir avec le mouvement ouvrier.

La gauche, en difficulté pour la défense de Dreyfus, a demandé l'aide du mouvement ouvrier. C'est de cette époque que date le rapprochement entre deux mondes qui s'ignoraient. La "gauche" a progressivement bouffé le mouvement ouvrier. Très progressivement puisque le Parti communiste refusait encore en 1969 d'être décrit comme un "parti de gauche".

Hollande ramène la gauche a ce qu'elle a été tout au long du XIXe. Mais aussi à ce qu'elle a été lorsqu'un ministre "de gauche" envoyait la troupe tuer les mineurs en grève en 1906 ou bien en 1948.

Laissons-leur ce mot gauche puisqu'ils l'aiment tant. Et à nous de nommer le mouvement ouvrier comme il nous plaira.

3. Le dimanche 14 juin 2015, 20:43 par des pas perdus

Zap Pow, ils sont enfermés dans une logique sectaire. Si la loi Macron s'appelait la loi Sarkozy, ils seraient déjà dans la rue...

Bien d'accord avec toi Partageux. Cela remonte à loin, au moins à la révolution de 1848 quand les petites gens furent massacrés en juin.