La fable du volontariat

un léger décalage...

Billet

Les adorateurs du capitalisme (Hollande, Sarkozy, Le Pen) aiment raconter des fables, reprises en boucle 24/7 par les "grands médias". Selon ces zozos, le droit social et le droit du travail constituent un carcan qui empêche les patrons de créer des emplois (Gattaz ne pense qu'à ça, c'est bien connu et surtout pas à sa fortune, ni à celle de ses pairs !) et les salariés de s'épanouir physiquement et intellectuellement dans la vie en travaillant plus.

Par exemple, la belle fable du volontariat des salariés qui veulent travailler plus pour gagner plus. En l'occurrence, ils occultent la réalité des bas salaires. Si les salariés avaient un revenu décent, ils ne se porteraient pas volontaires pour gagner quelques sous en plus.

Mais, soyons naïfs...

fermeture11092016.jpg

Cette fable nous fut maintes fois racontée par les thuriféraires de la loi Macron.

Une des dispositions de ladite loi prévoit que les salariés volontaires pour travailler le dimanche doivent bénéficier de quelque prime ou repos compensateur en semaine conformément à un accord entre "partenaires sociaux" au sein de chaque entreprise.

Normal, non ?

fermeture1109216.jpg

Sauf que ces contreparties pour chaque dimanche sacrifié au boulot qui ne représentent que quelques miettes sont de trop pour le patronat.

En l'espèce, le patron d'un grand magasin parisien qui a instauré le travail dominical en accordant quelques primes aux volontaires du dimanche ne veut plus verser les primes (jusqu'à 260 euros par mois) des salariés qui travaillent volontairement après 19 h en semaine...

fermeture110916.jpg

Pourquoi ?

Parce qu'il supprime unilatéralement le volontariat de la semaine... Ce qui est exceptionnel - travail après 19 h pour les salariés volontaires - ne le sera plus, donc pas de primes ! C'est aussi simple que ça ! Le fait du prince...

En d'autres termes, ce patron qui fera plus de profits grâce au travail dominical (merci la CFDT ! pour toute son oeuvre, notamment dans cet établissement) reprendra en semaine à ses salariés les primes qu'ils gagneront le dimanche.

ET pourquoi cette mesure ? Parce que heu explique-t-il doctement, cette mesure, comment dire... ah oui :

« vise à s'adapter aux standards du métier de Grand Magasin et à accompagner la transformation culturelle de l'entreprise, dans un contexte concurrentiel très fort. »

fermeture1192016.jpg

Si ce patron réussit son coup, que croyez-vous qu'il fera ensuite ? il récidivera plus tard pour supprimer la prime dominicale...

Ah oui, quel carcan ce droit du travail !

Commentaires

1. Le dimanche 11 septembre 2016, 11:54 par Lou de Libellus

"un carcan qui empêche les patrons de créer des emplois"
Du temps des Romains, tous les esclaves avaient un emploi. Seuls quelques rouges, comme un certain Sénèque, contestaient la chose.

Même l'Intérim est fermé et la Radiologie paraît squelettique.

2. Le dimanche 11 septembre 2016, 12:40 par Robert Spire

Les arguments de ce type de volontariat relèvent plutôt de l'escobarderie.

3. Le dimanche 11 septembre 2016, 18:11 par babelouest

C'est pourtant un carcan qui n'empêche pas les patrons français de créer des boulots en Indonésie ou au Bangladesh... et même sans le carcan, ils continueront , bah voyons !

4. Le dimanche 11 septembre 2016, 19:05 par Gédécé

à rapprocher de la saillie drôlatique de Fillon, ce grand moderne, pour qui les emplois précaires sont nécessaires...

5. Le lundi 12 septembre 2016, 06:25 par lediazec

Idéalement il faudrait que les salariés prennent conscience de la chance qu’ils ont de pouvoir marner le dimanche et les jours fériés. Voici l’idée qui pourrait ravir le patronat : puisque les ouvriers ont un emploi, ils peuvent faire des emprunts à la banque pour se verser la « prime » que les patrons leur refuse et, pourquoi pas, acquitter les charges patronales dans la foulée. En négociant un taux intéressant sur le long terme, ils pourront atteindre l’âge de la retraite avec le sentiment d’avoir œuvré pour le bien de l’économie libérale et postuler pour une distinction nationale : l’Ordre du Mérite !
Content, monsieur Gattaz ? Saaalauds !

6. Le lundi 12 septembre 2016, 08:17 par babelouest

www.youtube.com/watch?v=BP3_dgTofKA

7. Le lundi 12 septembre 2016, 08:18 par babelouest

Pas marché ?
https://www.youtube.com/watch?v=BP3...

8. Le lundi 12 septembre 2016, 13:05 par Robert Spire

De Fillon à Valls, la classe politique française impose l'austérité (causes: crise + danger ennemis ext. et int., Daesh et le terrorisme), malgré le risque de prise du pouvoir par l'E.D.; car elle subit la pression nationale du patronat qui est aux ordres du patronat allemand et anglo-saxon. Ce schéma est exactement le même que celui des années 30-40 pour l'Allemagne (causes: crise+ danger ennemis ext. et int., l'URSS, les communistes allemands) à la différence prés qu'à cette époque c'est la classe politique allemande qui subissait la pression patronale française allié avec le patronat anglo-saxon (plan Young, moratoire Hoover).
Dans les 2 cas le but avoué est de tuer l'Etat Providence. Contrairement à aujourd'hui, le patronat avait moins de scrupules. On peut lire dans sa presse, le "Bulletin quotidien" tous les arguments pour imposer une "austérité intérieure draconienne" à l'Allemagne. On peut lire dans le numéro du 25 juin 1931 (Archives Nationales) par exemple: "Nous ne prétendons certes point que les frontières de 1919 aient été tracées au mieux de la sagesse et de la prévoyance économiques, ni que les réparations ne puissent être parfois génantes pour ceux qui ont à en faire les frais. Mais le trouble économique européen n'est pas là. (...) c'est la gangrène socialiste, comme le prouve surabondamment les exemples allemand, autrichien, voire anglais. L'accroissement ininterrompu des charges sociales, le recours incessant à l'Etat providence sont inconciliables avec une saine gestion financière et, partant, avec un retour à l'équilibre économique."
(Source: "Les élites françaises dans les années 1930", A. Lacroix-Riz)

On connait la suite, un cycle infernal: nazisme, guerre mondiale, guerre froide pour un retour de l'Etat providence...Connaissant ce cycle nous pourrions faire l'impasse sur les première étapes.:-)

9. Le lundi 12 septembre 2016, 18:24 par des pas perdus

Lou, en effet, j'ai regardé dernièrement un documentaire sur Pompéi.

Je le pense aussi Robert.

Gédécé, c'est vrai que le métier de politicien est très précaire.

Lediazec, seul le bien de l'économie libérale compte...

Bab : Je vais la mettre pour mon réveil pour me lever plein de bonne volonté productive.

Robert, pour faire suite à ton dernier commentaire, il faut regarder cette conférence en deux parties https://www.youtube.com/watch?v=kBK...

10. Le mardi 13 septembre 2016, 18:54 par marianne68

Les temps changent . Mais que des soi- disant patrons (ils ne sont qu'employés de grosses boîtes et managent leurs avenirs carnets d'adresses ouverts sur le bureau ) se permettent de trouver des parades pour récupérer ce qu'ils avaient accordés ne peut que les rendre méprisables . Au fait au Medef , ce qui le mec qui les représentent ?
Gattaz !

11. Le mercredi 14 septembre 2016, 14:23 par Robert Spire

DPP, intéressante cette vidéo; j'avais déjà visionné la plupart de ses conférences vu que j'ai acheté ses bouquins qui sont une mine de renseignements. Annie Lacroix-Riz est une excellente historienne et vulgarisatrice comme l'était H.Guillemin. D'ailleurs, les deux partagent parfois ce défaut génant de tirer des conclusions trop définitives sur des détails de la vie de certains personnages historiques. Mais dans l'ensemble j'adhère à leurs visions de l'Histoire.

12. Le mercredi 14 septembre 2016, 16:13 par des pas perdus

À ceci près Marianne, qu'ils partagent avec des retraites en or ou des parachutes dorés..

Je suis d'accord Robert.