Le président de la République, françois Bayrou, dissout l'assemblée nationale

un léger décalage...

Billet

Après trois années de mandat, le Chef de l'Etat vient d’annoncer solennellement aux Français(e)s, dans le journal de 20 heures de TF1 présenté par Jean-Marie Cavada, sa décision de dissoudre l’assemblée nationale.

Depuis le vote de défiance du groupe UMP présidé par Patrick Devedjian, le gouvernement de Michèle Alliot-Marie (MAM) et le Président de la République sont dans une impasse. Pour la première fois sous la Vème République, le 49-3 se retourne contre un gouvernement. La cuisante débâcle de la liste présentée par la majorité présidentielle UMP - UDF aux élections européennes a provoqué le revirement du groupe UMP contre la loi de sauvetage qui portait privatisation de la sécurité sociale .

Elle est bien lointaine l'époque bénie de l’état de grâce qui avait permis au Président François Bayrou, d’une part de s’appuyer dès juin 2007 sur une majorité UMP – UDF rééquilibrée, d’autre part de réviser la Constitution pour interdire aux parlementaires de voter un budget en déséquilibre, et enfin de faire approuver le projet de constitution européenne par le Congrès. Mais depuis les crises se sont succédées. Le Président Bayrou et ses gouvernements successifs (Jean-Louis Borloo1 et 2, Nicolas Hulot 1 et 2, MAM 1, 2 et 3) ont rapidement été confrontés à une absence de marges de manœuvre aussi bien politiques qu’économiques.

Politiquement, malgré les efforts conjugués du fameux groupe Spartacus et du ministre des relations avec l'opposition, Maurice Leroy, le Président Bayrou a échoué dans son entreprise de débauchage et d’ouverture à gauche. L’aile social-libérale du PS est restée à gauche, et DSK règne désormais sur le nouveau Parti socialiste. A l’instar de VGE qui rêvait de rassembler 2 Français sur 3, le Président Bayrou s’est tourné vers sa droite. L’UMP de Nicolas Sarkozy lui a apporté son franc soutien mesuré et critique. Economiquement, la politique des gouvernements Borloo, Hulot et MAM n’eut de centriste que le nom : une entreprise délibérément libérale voire ultra-libérale enrobée dans un discours digne de la pure tradition du catholicisme social.

Les premiers mois qui suivirent le vote du budget 2008, qui rappelons-le fut le premier budget équilibré depuis plus de 25 ans, furent très pénibles. Bizarrement, l’argent manquait. Le 2ème gouvernement Borloo et en particulier son ministre de l’économie, des finances et de la liberté d’entreprendre, le très charismatique Jean-Louis Bourlanges, privatisa à 100 % toutes les entreprises publiques. Le Medef, l’UMP, l’UDF ainsi que les principaux médias et bloggueurs influents vantaient le courage de cet obscur et ancien député européen qui, du temps de sa longue traversée du désert, usait ses fonds de culotte sur les chaises de l’émission dominicale et matidunale de Philippe Meyer (qui refusa le ministère de la communication gouvernementale et culturelle finalement attribué à la paire Duhamel - P. Sébastien). Malgré quelques résistances sociales assez isolées et bien réprimées, et des difficultés économiques croissantes, le Président Bayrou a maintenu le cap. Les forces du ministère de l’immigration et de l’identité nationale (concession majeure faite à l’UMP) et l’application des nouvelles lois, d’inspiration révolutionnaire tendance Le Chapelier, intitulées « lois libertés du travail » et opportunément publiées avant le train final des privatisations l’y aidèrent. L’argent récolté permit de tenir une année.

Début 2009, en dépit des engagements antérieurs et des promesses de décentralisation plus approfondie du Président de la République, l’Etat central stoppa net tout transfert budgétaire aux collectivités territoriales. Certains programmes relevant de l’aide sociale, de la formation professionnelle cessèrent du jour au lendemain. D’autres « agonisent » encore selon les richesses respectives des départements et des régions. Le ministère de l'Education Nationale du "survivor" Gilles de Robien fut dissout : certains services furent confiés aux villes, d'autres purement privatisés, en particulier la Recherche. L’Etat dut également réduire son train de vie. Les deux gouvernements Hulot tentèrent en vain d'engager le pays sur la voie du développement des énergies renouvelables en interdisant la vente des hydrocarbures. L'arrivée de l'hiver 2009 et la pression des lobbies contraignirent Hulot à jeter l'éponge ! Grâce à ses prérogatives exorbitantes du droit commun, les commandes et les contrats publics furent résiliés sans préavis ni dédommagement par la puissance publique commandée par l'énergique MAM. Dans le pays, l’impact de ces restrictions budgétaires fut terrible pour le secteur privé : licenciements, délocalisations, faillites, etc. La non intervention économique de l’Etat engendra un cercle vicieux qui toucha le secteur privé avant de se répercuter sur la collecte des prélèvements obligatoires, autrement dit les impôts directs et indirects, sur le secteur public. Puis, à nouveau sur le secteur privé avec de nouvelles vagues de faillites d'entreprises provoquées par la dégradation générale des infrastructures.

Fin 2009, l’argent manquait encore une fois dans les caisses de l’Etat pour financer ses dépenses de fonctionnement. Nadine Morano, ministre de la Défense et de la paix montra l'exemple en bradant certaines armes... Le gouvernement MAM 2 supprima d'ailleurs la mesure phare du "Bayrouisme", le 2ème emploi aidé. Hervé Morin, le ministre de la modernisation de la fonction publique et de la rationalisation des coûts mit en œuvre une nouvelle loi relative à la réforme de la fonction publique. Dès le 1er janvier 2010, l’Etat licencia sans aucune indemnité l’ensemble des personnels non titulaires des fonctions publiques, bloqua jusqu’à nouvel ordre les carrières des fonctionnaires, supprima les régimes indemnitaires et les concours de recrutement. Chaque administration dut vendre la moitié de son parc immobilier, reverser 85 % du produit des ventes au ministère de l’économie, des finances et de la liberté d’entreprendre. Les 15 % devant permettre à chacune de fonctionner jusqu’à la fin du mandat présidentiel. S’agissant du volet social, l'uniforme revenu maximum de retraite, voté sous l’impulsion d'Alain Madelin, ministre de la retraite et de la solidarité oecuménique, remplaça l’ensemble des retraites par répartition, ce qui dégagea un peu de sous. Sous son égide et dans la même logique de réaliser des économies drastiques, la pension de réversion fut également supprimée.

Aujourd'hui, malgré l’exercice plein de deux lois budgétaires non déficitaires et la baisse considérable du train de vie de l’Etat, la France subit une récession économique et une régression sociale sans précédent malgré les importantes aides de l’Union Européenne. La courbe du chômage croît de façon exponentielle malgré les trois millions de personnes déclarées inemployables par les services du ministère du travail et de l’aide sociale de Patrick Balkany. Pour dégager quelques fonds, André Santini, le ministre de la santé et des cultes a proposé la privatisation des hôpitaux dans une logique à la fois économique et sanitaire...

Certaines voix "off" dans la majorité, aussi bien à l'UDF qu'au sein de la tendance de l'UMP restée fidèle au Chef de l'Etat Bayrou, laissent entendre que la gestion du budget de l'Etat est par essence radicalement différente de la "gestion du budget d'un bon père de famille".

Toujours est-il que pour sortir de cette impasse, le président Bayrou a décidé de dissoudre l'assemblée nationale. S’appuyant sur les sérieuses analyses croisées et concordantes de la Banque mondiale, du FMI, de l’OCDE, ainsi que de l’Institut de l’entreprise qui estiment qu'en 3 ans le travail réalisé par les 7 derniers gouvernements de droite et du centre est remarquable tant « il a permis d’assainir les bases de l’économie Française des scories soviétiques », le Chef de l'Etat, François Bayrou, a exprimé sa profonde conviction que les citoyen(ne)s l'aideront à sortir de cette crise passagère en votant majoritairement en juin 2010 pour les candidats UDF à la députation...