600 millions d'euros, 2 démissions et 4500 emplois supprimés chez l'Ecureuil

un léger décalage...

Billet

Ce matin, les démissions des numéros 1 et 2 de la Caisse d'Epargne (CE) occupent les médias traditionnels. Qu'on se rassure, ils ont démissionné de leurs fonctions mais demeurent salariés de la CE...

Lesdits dirigeants comparaient la perte de 600 millions d'euros à un simple incident causé principalement par une bourse "volatile".

Plus que la Bourse, devenue un parfait bouc émissaire, c'est l'évolution même du fonctionnement et de la politique de la CE qui est responsable de cette perte, et de bien d'autres.

Depuis la modernisation des statuts de cette banque (abandon de son statut d'entreprise à but non lucratif en 1999 : merci Lionel J. ), la CE a progressivement abandonné ses missions de service public.

En 2005, l'Expansion révèle que :

En moins de six ans, on est passé du vieil Ecureuil de papa à un groupe de dimension internationale : 543 milliards d'euros d'actifs gérés, ce qui en fait le vingtième banquier mondial.

La CE a modifié son organisation interne en créant une caisse nationale des caisses d'épargne, sorte de directoire du groupe. D'une simple banque de dépôt, la CE est devenu un groupe bancaire qui s'est considérablement diversifié sous l'impulsion de son désormais ex-PDG.

La CE s'est lancée dans de très (trop ?) nombreux achats de sociétés (Financière OCEOR, la banque privée Compagnie 1818, la Banque Palatine pour les PME et la Gestion Privée, le Crédit Foncier de France, l’EUROSIC, la banque de financement et d’investissement Natxis, la banque spécialisée Nexity). En 2006, la CE via NatIxis est côtée en bourse.

Mais, plus elle "jouait" en bourse, plus les droits sociaux de son personnel fondaient comme neige au soleil :

  • 1999 : fin du régime de retraite CGR et passage aux retraites AGIRC et ARRCO;
  • 2002-2003 : Remise en cause de plus de 80 % du statut social : Suppression des PDE, primes familiales, primes de vacances. Disparition de la valeur du point, individualisation des salaires avec la création des RAM et de la part variable;
  • 2004 : Suppression des « volets sociaux » de 1991dans les caisses;
  • 2005 : La protection sociale, (mutuelle, prévoyance, retraite supplémentaire) est réduite par accord minoritaire au nom de la maîtrise des coûts.

Plus la CE s'éloignait de ses missions traditionnelles, plus le personnel devenait une variable d'ajustement qu'utilisait la direction de la CE pour satisfaire ses actionnaires...

A tel point qu'entre 2008 et 2012, la CE a prévu plus de 4500 suppressions d'emplois et la fermeture de 1000 agences.

Ce matin, bizarrement, les médias traditionnels n'évoquent pas cette politique qui a fragilisé la CE et détruit des droits sociaux et des emplois.

Il est vrai que la "libéralisation" de la CE, entreprise depuis 1999, remet en cause certaines idées reçues sur la supériorité, en termes d'innovation, de croissance et de gestion, des entreprises cotées en bourse par rapport à des sociétés mutualistes ou à l'Etat...

Il est vrai aussi que le gouvernement n'a pas exprimé sa volonté d'abroger la loi relative à la libéralisation de la gestion du livret A en 2009...

Il est vrai que cette nouvelle libéralisation aura certainement des conséquences néfastes sur l'emploi...

Pour conclure, nos pas perdus ont du mal à percevoir les avantages et les progrès apportés par cette libéralisation du secteur bancaire et financier...

Commentaires

1. Le lundi 20 octobre 2008, 13:38 par Liberty

Tiens, un petit coup de griffe au passage, l'écureuil a perdu 600 milions d'euro ayant investi à haut risque en pleine crise et juste après l'affaire Kerviel .
Il ne faut pas me dire que c'est in-intentionnel !!!
Le directeur a démissionné, c'est présenté comme une sanction , ha ha ha la bonne blague .
Là où le premier employé venu ayant fait perdre 1000 euros à son entreprise aurait été viré pour faute grave (donc sans indemnité).

Idem pour le plan Pauslon à la Française, on nous dit que donner de la liquidité aux banque permettra qu'elles redistribuent aux entreprises et donc évitera des dépôts de bilan : Faux les critères de crédit restent et resteront inchangés, pas de placements à risque.
Les banques ne prêteront pas plus facilement qu'actuellement .

Je ne suis pas dupe, en France nous avons la banque de France qui aurait pu prêter à taux zéro aux entreprises pour éviter une débâcle économique ...
Encore là on prend les citoyens pour des imbéciles !
On ne tente pas de sauver les entreprises mais les banques uniquement !

Cependant qui crée de l'activité économique et sociale : Les entreprises !!!
Là, une fois de plus, ce gouvernement prend les citoyens pour des crétins !!!

2. Le lundi 20 octobre 2008, 18:01 par rachid

Capitalisme et Pornographie

Il y a beaucoup de ressemblances entre le capitalisme et la pornographie. Même gros plans bâclés et répétitifs sur la Bourse ou les bourses, même pauvreté de langage qui confine à la répétition de phrases minimalistes :
« La Bourse chute », « La Bourse est en hausse » ou « Oui, oui c’est bon », « Non, non, c’est pas bon ». Regardez bien : les visages qui annoncent les cours du plaisir ou de l’argent ont les mêmes mimiques stéréotypées, la même hébétude. D’ailleurs, un cinéaste amateur pourrait très bien s’amuser à plaquer une bande-son porno sur des images de la Bourse, et inversement commenter par des sons empruntés à la Bourse des plans pornographiques, sans que personne n’y remarque rien. Dans les deux cas, on méprise les corps. Corps des citoyens ou des travailleurs interchangeables : corps des acteurs, hommes ou femmes, au creux de leur forme. Peu importent les humains pourvu que ça passe par tous les trous des paradis buccaux, vaginaux, anaux et fiscaux. Les corps deviennent des marchandises épuisables et donc jetables. Quant aux décideurs pornographiques ou capitalistes, ce sont à s’y méprendre des maquereaux, à la différence près qu’un maquereau à l’ancienne pouvait être sentimental avec sa gagneuse. Est-ce un hasard si le premier visage qu’a pris le capitalisme dans les ex-républiques soviétiques, c’est le recyclage d’ouvrières en hordes de putes blondes lâchées sur les trottoirs de l’ancienne Europe ? Face à ce film pornographique (ou bordel géant) qu’est devenue l’économie planétaire, on entend des indignations. Madame Parisot, nouvelle Madame Claude du Medef, les UMPistes puceaux de l’horreur économique, les libéro-socialistes qui commençaient à se faire aux partouzes avec le capital, tous demandent la bouche en cœur ( ! !) que l’on atténue la brutalité des plans du film. Un capitalisme régulé, avec photos floutées et cache-sexe, serait tellement plus acceptable. Plus moral en somme…

3. Le lundi 20 octobre 2008, 18:28 par pas perdus

la comparaison est osée mais il est vrai que les citoyens n'ont guère d'influence...

4. Le mardi 21 octobre 2008, 10:02 par Donatien

Tres bon billet, j'en apprends de belles sur l'ecureil...

Des que je rentre en France je ferme mon livret chez eux...

5. Le mardi 21 octobre 2008, 17:24 par pas perdus

Donatien, le gouvernement est à la parade, ne t'inquiète pas...