l'Europe victime de l'Union européenne

un léger décalage...

Billet

N'est-il pas piquant de lire ceci ?

«L’Union européenne, c’est notre lien vital dans la mondialisation. Elle nous met en position forte pour traiter les problèmes mondiaux qui impactent nos pays.» (Le Manifeste du PSE)

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A l'heure où le continent européen a la croissance économique la plus faible, et au moment où le gouvernement social-démocrate grec s'apprête à accepter le plan d'austérité du FMI du "socialiste" DSK, il est difficile de croire encore en l'Europe.

A moins d'être un fanatique du marché, de la concurrence, du dumping social et du monétarisme, un seul constat s'impose : l'Union européenne est nuisible aux peuples européens.

Le chemin a été long pour un européen convaincu, mais force est de constater que l'Union européenne a apporté tout ce qu'un citoyen de gauche combat : la concurrence dans tous les secteurs d'activité de la société, le rabougrissement des services publics, les privatisations dans des domaines sensibles de l'économie, une politique monétariste qui favorise les rentiers, l'industrialisation de l'agriculture, la concurrence entre les peuples européens, l'éloignement des décisions, le dessaisissement de certaines attributions, et au final, moins de démocratie et de social.

L'Europe devrait incarner un modèle économique, social et écologique, résolument différent du modèle libéral productiviste et mondialisé : développer la coopération entre les services publics, appliquer systématiquement la règle du "mieux-disant" social et la solidarité entre les peuples, en décourager la spéculation financière, taxer les produits importés dont les pays ne respectent pas des normes sociales...

Or, l'idée européenne a été complètement dénaturée et dévoyée... dès le traité de Lisbonne Rome comme l'avait compris Pierre Mendès-France dès 1957.

Sur la crise et l'Europe, on ne peut que conseiller la lecture de L’indispensable préférence communautaire de l'économiste Maurice Allais.

Si nous ne partageons pas les préconisations de Maurice Allais sur le temps de travail, les retraites, les aides sociales, ou encore sur la faisabilité de réformer en profondeur l'UE, le prix Nobel a tout de même l'immense mérite d'analyser froidement la situation, et surtout d'imaginer une autre Europe, une Europe des peuples, profondément confédérale, libérale et protectionniste.

Son constat sur l'Union européenne est sans appel :

«il est tout à fait impossible de soutenir que la politique de libre-échange mondialiste mise en œuvre par l’Organisation de Bruxelles a favorisé la croissance et développé l’emploi. Ce que l’on a constaté, c’est que la politique de libre-échange mondialiste poursuivie par l’Organisation de Bruxelles a entraîné à partir de 1974 la destruction des emplois, la destruction de l’industrie, et la destruction de la croissance.»

Et Maurice Allais d'enfoncer le clou...

«L’ouverture de l’économie communautaire à tous les vents mondialistes dans un cadre planétaire fondamentalement instable, perverti par le système des taux de change flottants et où les échanges sont totalement faussés par des disparités considérables de salaires aux cours des changes, est la cause essentielle d’une crise profonde qui peu à peu nous conduit inexorablement à l’abîme

Et d'affirmer :

«La cause majeure en effet de nos difficultés c’est la politique mondialiste poursuivie par l’Organisation de Bruxelles depuis 1974. On ne peut remédier effectivement à la situation actuelle qu’en rétablissant la Préférence communautaire. (...) Ce rétablissement de la préférence communautaire est indispensable pour protéger l’Union Européenne des multiples désordres de l’économie internationale et de la concurrence perverse des pays à bas salaires et à faible protection sociale».

Maurice Allais a le mérite de briser quelques tabous du prêt-à-penser dominant. Pour lui une autre Europe est possible. Il reste à envisager les moyens.

Peut-on réformer l'UE ? Ou, ne vaut-il mieux pas sortir de l'UE pour fonder une autre Europe ? Plus le temps passe, plus la 2de option nous semble plus réaliste.

Commentaires

1. Le mardi 20 avril 2010, 11:02 par claude

Sortir de l'Europe peut être une option mais seulement si elle est bien préparée en amont : le traité de Lisbonne nous impose deux ans avant une sortie de l'euro ou de l'UE... La Convention de Vienne (qui prévoit 3 mois, moins si l'on a des justifications sérieuses) pour remettre en cause un traité serait certainement plus appropriée pour ce faire.

Deux ans c'est long, bien plus qu'il n'en faut à tous les spéculateurs pour vider leurs comptes bancaires, liquider leurs stocks-options, actions et autres bons du Trésor ! Or, sortir de l'Europe, si l'on ne veut pas se condamner à mener la politique de l'Argentine dans les années 90 (ou celle de la Russie dans la même période) exigera un contrôle des flux financiers drastique et la remise en cause du partage du PIB (en faveur des salariés, bien sûr).

Bref, une option tentante mais à bien réfléchir :-D

2. Le mardi 20 avril 2010, 13:39 par des pas perdus

Bien-sûr Claude, mais c'est sans doute la seule alternative pour réussir le changement.

3. Le mercredi 21 avril 2010, 16:16 par lou

La 'préférence communautaire', c'est une formule de notre aimable voisin, à quelques dizaines de lieues, Philippe de Villiers (se distinguant ainsi de la préférence 'nationale' qui pourrait avoir l'air xénophobe).

'Peut-on réformer l'UE ? Ou, ne vaut-il mieux pas sortir de l'UE pour fonder une autre Europe ? Plus le temps passe, plus la 2de option nous semble plus réaliste.'

C'est bien ce que nous avons déjà dit : Des pas est un marginal versé dans le paradoxe, peut-être contagieux. Il serait altermondialiste et en même temps citoyen du monde que cela ne nous étonnerait même pas.

>>> le paradoxe, c'est ce qui va contre "l'opinion", c'est à dire l'idée reçue <<<

Papédago, pour l'édification des jeunes

4. Le mercredi 21 avril 2010, 18:19 par des pas perdus

Oui Lou, c'est l'objet de l'édito de Ruffin dans le dernier Fakir...

5. Le mercredi 21 avril 2010, 18:43 par lou

Peux-tu donner le lien vers l'article du Fakir ? je ne vois pas "l'objet" sur le site.

Autrement, son livre récent chez Fayard a l'air très intéressant.

Quant à la censure dans la presse régionale - il fait appel à témoins, je m'en occupe déjà mais tout cela est au brouillon ou plutôt c'est encore 'brouillon'.
(c'est l'histoire sans histoire de Valognes, dont je t'ai parlé, et je n'en suis qu'au n°3 ou 3bis, mon "effet de perspective" restant dans la ligne ---
--- ainsi que mon article sur les pinces à baguettes (l'histoire de Valognes n'est pas à prendre même avec des pincettes) et ma réponse à un tag sur les morts vivants, mais il n'y a que moi qui connaît (qui souffre de) la logique impitoyable de Lib.

6. Le jeudi 22 avril 2010, 22:33 par des pas perdus

Je n'ai pas le lien.

La version papier de Fakir, disponible depuis le 20 avril dernier, est en vente dans toutes les bonnes maisons de la presse...