En juin 2012, nous avions vivement réagi quand le nouveau gouvernement n'avait augmenté que de 2 % le SMIC, soit un bonus de 46 centimes de l'heure (+ 16 euros par semaine).
Le quinquennat commençait mal.
Depuis le train du social-libéralisme est lancé : ratification du pacte budgétaire, cadeaux au MEDEF, poursuite de la RGPP, pacte de compétitivité, absence de réforme du secteur bancaire, hausse de la TVA , absence de loi interdisant les licenciements boursiers, crédit d'impôt aux entreprises sans aucune contrepartie au coût global de 20 milliards d’euros, atlantisme aveugle, répression à Notre Dame des Landes, silence au sujet d'EADS, fiasco de Florange où salariés et organisations syndicales ont été exclus des négociations comme si une sorte d'apartheid social les frappait...
Tout cet ensemble de décisions s'apparentant trop à une politique de droite, le gouvernement Ayrault a organisé la semaine dernière une sorte de grande messe sociale pour enfumer l'opinion publique. Nous nous sommes abstenus de commenter le plan contre la pauvreté malgré sa nature hautement homéopathique et l'enthousiasme forcé et forcené de la socialosphère. Après tout, nous ne critiquons pas pour critiquer, ledit plan va dans le bon sens... N'est-ce pas ? Il est d'alleurs de bon ton de relativiser en société - surtout quand cela ne nous concerne pas directement - et de s'esbaudir devant la retenue et le sérieux de nos Ayrault du PS : un exercice de style où les blogueurs de gouvernement frisent la perfection qu'ils devraient atteindre en 2017... [1]
Sauf que des mesures, même celles qui vont dans le bon sens, ne se jugent pas in vitro. Elle doivent être analysées avec toutes les autres mesures qui constituent l'ensemble de la politique gouvernementale.
Ainsi, nous jugeons que l'augmentation du RSA est un coup de communication qui se double d'un véritable foutage de gueule.[2] D'une part, ladite augmentation de 0, 28 euro par jour ne permettra pas de porter les revenus des titulaires du RSA au-dessus du seuil de pauvreté et de les sortir de la très grande précarité. D'autre part, elle apparaît d'autant plus dérisoire - une sorte d'aumône - au regard des primes de fin d'année accordées aux collaborateurs des cabinets ministériels : Ils se partagent 20 millions d'euros ! Joyeuses fêtes !.
Cette élite, recrutée sur contrat de droit public à des postes aux missions qui relèvent parfois du fait du prince et plutôt bien payée, empochera entre 4 939 euros et 13 725 euros en moyenne de prime de fin d'année selon le ministère et la gueule du client ! Il faut bien motiver les troupes pour appliquer TINA, n'est-ce pas ? [3]
OUI, vous avez bien lu : entre 4 939 euros et 13 725 euros de prime de fin d'année, une rondelette somme que ne percevra JAMAIS un bénéficiaire du RSA avec ses 474,93 euros par mois à condition qu'il ne touche pas à l'aide au logement ou ne possède pas de livret A. Certains rétorqueront que la comparaison n'a pas lieu d'être, sauf que la politique est aussi affaire de symboles.
Et d'un point de vue pratique, on comprend pourquoi le gouvernement Ayrault ne s'attaque pas aux privilèges de l'oligarchie pour les redistribuer équitablement au peuple, puisque lui-même mène une politique clientéliste en accordant à certains de ses collaborateurs des privilèges exorbitants des droits des titulaires du RSA et du SMIC. Le peuple, lui, doit attendre l'éventuelle redistribution des fruits de la croissance, ce qui est cocasse et cynique au moment même où l'économie est quasiment en récession !
Bref, pour les "conseillers", ça va très bien, merci ! : le socialisme existe mais seulement pour une infime minorité de privilégiés. En URSS, on appelait ça la nomenklatura...
Tant que les inégalités sociales seront si importantes, tant que le parti socialiste préférera préserver les intérêts de l'oligarchie et du patronat avec une politique austéritaire, tant qu'une noblesse à la tête de l'Etat s'auto-accordera des primes substantielles, le climat politique et social se dégradera malgré le bruit médiatique financé à coups de subventions publiques et de pages publicitaires.
Alors, que la socialosphère ne s'étonne pas si les citoyen-ne-s renvoient dos-à-dos la gauche et la droite et se réfugient dans l'abstention ou le vote Front National.
Bref, le changement, c'est maintenant mais seulement pour la noblesse social-libérale !
Notes
[1] Oups désolé, la tentation était trop forte pour résister !
[2] en notre qualité de citoyens et de blogueurs incompétents, incultes et non introduits dans les milieux autorisés, il nous arrive de juger l'action gouvernementale et nous continuerons parce que c'est notre droit le plus absolu, n'en déplaisent à certains confrères qui rêvent inconsciemment du suffrage censitaire...
[3] Au fait, est-il vraiment indispensable pour le bien commun et l'intérêt général que la République finance une cellule de veille sur les blogs et réseaux sociaux en ces temps d'austérité ?
Commentaires
Que veux-tu qu'on te dise ? Veux-tu qu'on te dise quelque chose ? "Bravo, encore", comme sur certains blogs.
Un mot pourtant.
L'incurie des psistes et la farce des umpistes concourent à faire avancer le 'Marine Vendée Globe' et c'est ennuyeux.
je crois qu'il faut tout simplement revoir la définition du socialisme et tout ira bien...
Chez Larousse:
"Théorie visant à transformer l'organisation sociale dans un but de justice entre les hommes au plan du travail, de la rétribution, de l'éducation, du logement, etc.
Formation économique et sociale telle qu'elle existe dans les États dirigés par des gouvernements qui se réfèrent au marxisme-léninisme et caractérisée par la suppression de l'essentiel de la propriété privée des moyens de production et d'échange."
Très beau papier!
Candide, le socialisme n'a pas changé, c'est seulement le "parti socialiste" qui s'est approprié frauduleusement une appellation qu'il ne mérite en aucune façon.
bjr Bab,
oui je sais bien! mais justement, ce serait plus vite fait de changer la définition que de changer les façons de voir de ce parti au pouvoir et d'y mettre un vrai socialisme!
Lou : bien résumé...
Candide : merci, il est vrai qu'en changeant la définition...
Babelouest : oui il s'en est écarté...
demande d'infos : dans les gouvernements sarko et chirac… c'était pareil ? où c'est vraiment EXCEPTIONNEL ?
je présume que c'est pareil...
La question qui se pose est la suivante: Est-ce la première fois que l'on attribue des primes de fin d'année aux cabinets Ministériels?? Si c'est la première fois il s'agit alors d'un de ces nombrux scandales dont la presse fait état. Si par contre c'est habituel,l'on doit alors s'intérroger sur le fait que ces primes sont, pour la grande majorité des bénéficiaires attribuées à des fonctionnaires détachés de leurs administrations et qui perçoivent : une rémunération du cabinet du ministre+ la rémunération versée par leur administration(ils sont en effet toujours payés-sauf erreur de ma part -par leur administration d'origine+ la prime de fin d'année attribuée par le cabinet du Ministre.
Si celà était confirmé il ne faudrait pas s'étonner que la France soit en faillite!!
Je pense que ces primes sont habituelles. Quant aux fonctionnaires détachés, ils ne touchent pas une double rémunération. Ce n'est pas possible. Sinon, il n'y a pas que des fonctionnaires dans ces cabinets ministériels. Ce qui est choquant ici c'est le haut niveau desdites primes...