fraude fiscale = dette publique = austérité = régression sociale = enrichissement de l'oligarchie

un léger décalage...

Billet

Depuis plus de 20 ans, la dette publique est le leitmotiv du discours des politiciens de droite, du centre, du MoDem, du FN et du PS :

« La France vit au dessus de ses moyens (blablabla) la dette publique explose (blablabla) l'État est trop dépensier (blablabla) il donne des allocations familiales à des ménages qui n'en ont pas besoin (blablabla) le pays n'a pas les moyens d'avoir des immigrés qui coûtent plus qu'ils ne rapportent (blablabla) il y a trop de fonctionnaires (blablabla) vu la démographie et l'état des finances publiques, la réforme des retraites est indispensable, tout doit être mis sur la table sans tabou (blablabla) soyons responsables nous ne devons pas faire payer les générations futures (...) »

fraude_vol.jpg (ceci est un montage d'après une image publiée dans Le Monde)

Un discours qui justifie les politiques d'austérité et la régression sociale en France et dans toute l'Union européenne. De réformes néolibérales en réformes social-libérales, la sécurité sociale devient une peau de chagrin, le droit à la retraite à 60 ans est impossible à réaliser pour la majorité des travailleurs, les services publics deviennent exsangues, le pouvoir d'achat des classes populaires et moyennes stagne parce que :

« La France est en faillite, il faut faire des économies »

Pourtant, l'endettement n'est pas dû à un État trop dépensier mais à des politiques volontaristes qui ont sciemment utilisé divers leviers pour créer et accroitre de la dette publique :

  • l'interdiction à l'État d'emprunter directement auprès de la banque centrale;
  • l'asséchement des ressources de l'État par la défiscalisation;
  • l'obsession anti-inflationniste;
  • surévaluation du poids de la dette publique.

Il faut ajouter la fraude fiscale qui représente 40 à 50 milliards d'euros par an. Dans un entretien à L'Humanité le sénateur communiste du Nord, Alain Bocquet estime :

« Dans un monde idéal où on maîtriserait l'évasion fiscale, en quelques années, on aurait résorbé le déficit. »

La fraude fiscale, c'est du vol. Et, probablement un double vol parce que certains fraudeurs fiscaux s'enrichissent aussi en qualité d'actionnaires des Investisseurs Institutionnels qui accordent des prêts à l'Etat. Voire même un triple vol parce ce que la dette publique est le produit de politiques néolibérales qui ont favorisé la déréglementation des activités financières et la défiscalisation. Sans entrer dans le débat de la dette illégitime, l'oligarchie gagne sur tous les tableaux.

Tous ces éléments devraient conduire la majorité PS-EELV à ne plus poursuivre la politique austéritaire de Sarkozy et à lutter contre la fraude fiscale.

Mais, tant que Hollande ne donnera pas des moyens humains et matériels supplémentaires nécessaires à l'administration en charge de la répression de la fraude et de l'évasion fiscale, tant qu'il ne renoncera pas à la RGPP et à l'austérité, tant qu'il ne renoncera pas au social-libéralisme ses belles paroles sur la moralisation resteront vaines !

fraude.jpg

Commentaires

1. Le vendredi 12 avril 2013, 15:24 par BA

Mercredi 3 avril 2013 :

Fabrice Arfi : « Pierre Moscovici a tenté de blanchir Cahuzac ».

Après quatre mois de dénégations, Jérôme Cahuzac a admis détenir un compte à l’étranger, déclenchant une crise politique.

Fabrice Arfi, le journaliste qui a mené l’enquête pour Mediapart, a répondu en direct à vos questions.

Mez : Pensez-vous que Hollande était au courant et a essayé d'étouffer l'affaire ?

Fabrice Arfi : Bonjour à tous... Pour répondre à la question beaucoup posée sur la connaissance par la présidence de la République des faits aujourd’hui reprochés à Jérôme Cahuzac, nous pouvons dire que, à ce jour, factuellement, rien ne nous permet d’affirmer que monsieur Hollande était informé, et depuis quand, du compte suisse de son ancien ministre du Budget.
Cela étant, la question se pose évidemment, parmi de nombreuses autres. Le fait est que François Hollande, comme tous les gens qui lisent Mediapart, était au moins informé depuis début décembre et la publication de nos premières révélations d’un faisceau d’indices graves et concordants, visant l’ancien ministre.
En revanche, il est apparu qu’un membre important du gouvernement, le ministre des Finances Pierre Moscovici, de concert avec Jérôme Cahuzac, a mis en branle fin janvier les moyens de l’Etat pour tenter de blanchir de manière factice l’ancien ministre, en diligentant ce que l’on appelle une demande d’entraide fiscale administrative avec la Suisse. Monsieur Moscovici a publiquement assumé sur France Inter la paternité de cette opération, et a dit que la soi-disant réponse des Suisses n’ébranlait pas ses certitudes sur l’innocence de monsieur Cahuzac.
Des journaux sont même allés jusqu’à titrer : «La Suisse a blanchi Cahuzac», alors qu’aucun journaliste n’a eu entre les mains le fameux document des Suisses, et que l’on sait aujourd’hui que les questions posées par l’administration fiscale française (dont monsieur Cahuzac avait la tutelle), n’étaient pas formulées correctement. Je rappelle que cette tentative de blanchiment orchestrée depuis Bercy a eu lieu alors qu’une enquête judiciaire était en cours depuis plus de deux semaines. Cela apparaît très clairement aujourd’hui comme une étonnante tentative de hold-up sur une enquête en cours. Et l’on voit bien à quel point les aveux foudroyants de monsieur Cahuzac viennent à eux seuls briser cette manœuvre.

http://www.liberation.fr/politiques...

2. Le vendredi 12 avril 2013, 21:48 par Un partageux

Les chiffres varient beaucoup en fonction de celui qui en parle et de ses positions politiques. Si certains la minorent, Cahuzac la jugeait négligeable ou presque et, à l'autre bout j'ai lu qu'un syndicat des impôts évalue la fraude fiscale entre 60 et 80 milliards d'euros. Ce qui fait beaucoup en francs, en anciens francs ou en sous...

3. Le samedi 13 avril 2013, 06:27 par des pas perdus

Merci BA pour l'info. On devrait avoir des précisions dans les jours qui viennent. Moscovici semble en mauvaise posture.

Je crois Hubert que Cahuzac devait parler de sa propre fraude ;-)

4. Le samedi 13 avril 2013, 07:01 par Lou

Tout est juste.
Monsieur BA, faites une Bonne Action (le Suez ne marche pas mal en ce moment), n'enfoncez pas ce pauvre Monsieur Moscouvichy, il va finir par passer aux aveux.
Despas, sans te remontrer, tu oublies : la propriété, c'est le vol.
Proudhon est peut-être en bas de ta PAL (Pile A Lire).
Bien sûr, Proudhon, comme Marx, ne parlait que de la propriété des moyens de production, pas de la propriété personnelle : mon crayon, il est à moi, tant que je sais m'en servir pour écrire, et (des)pas toujours avec ironie ; - )

5. Le samedi 13 avril 2013, 07:21 par babelouest

Tu te trompes en partie, Lou : l'important n'est pas de posséder jusqu'au droit de détruire ce que tu possèdes, mais d'en avoir l'usage. La nuance est importante.

N'est-ce pas Saint-Exupéry qui disait :

"Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants" ?
6. Le samedi 13 avril 2013, 11:25 par jocegaly

Plutôt concis, précis, documenté et percutant: je mets l'article sur mon blog pour le diffuser (twitter et FBook) . Merci , DPP !

7. Le samedi 13 avril 2013, 11:46 par Lou

Evidemment, BAB, si tu copies tes devoirs sur Saint-Exupéry...
Un grand écrivain, doit-on le dire ?