Molex, Petroplus, Florange : « l'État ne peut pas tout ! » ???

un léger décalage...

Billet

Moins d'un an après le 5 mai 2012, les travailleurs de Florange et de Petroplus doivent avoir en tête les promesses du candidat Hollande sur l'interdiction de la fermeture de sites rentables ou stratégiques pour le pays.

Après tout, comme disait Henri Queuille, un politicien corrézien admiré par le depuis (sans fond) Président :

« Les promesses n'engagent que ceux qui les croient. »

Mais aujourd'hui, après la décision du tribunal de commerce de Rouen pour le site de Pétroplus, et la diffusion du documentaire sur France 5 relatif à la lutte des sidérurgistes de Florange, nous reviennent en mémoire les paroles de Lionel Jospin prononcées 13 ans plus tôt :

« L'État ne peut pas tout ! »

trvail.jpg

Si l'État ne peut pas tout dans le contexte de l'économie capitaliste mondialisée, et après l'échec de l'expérience soviétique, il n'en demeure pas moins que la puissance publique a malgré tout des obligations, en particulier celles de garantir l'indépendance du pays, laquelle passe par la capacité à se défendre sur tous les terrains, y compris économique.

Aussi, même si l'économie de marché impose aux différents acteurs à se spécialiser et quand bien même les fanatiques de la mondialisation nient aux États le rôle d'acteur économique, il en ressort que c'est au pouvoir politique de définir jusqu'où la puissance régalienne est prête à agir et à laisser faire.

La réponse de la majorité PS-EELV aujourd'hui aux commandes de l'Etat est claire :

  • D'abord, elle se limite à prendre acte des décisions de fermeture prises unilatéralement par des multinationales qui s'inscrivent dans une logique plus financière qu'industrielle.
  • Ensuite, la réponse consiste à rechercher un éventuel repreneur pour montrer combien le gouvernement est solidaire et volontaire, et accessoirement, enfumer les futures victimes du capitalisme financier.

C'est la réponse d'un pouvoir politique impuissant qui n'essaie même pas d'engager un rapport de forces avec la multinationale. Un pouvoir soumis aux dogmes de l'idéologie néolibérale qui estime à l'instar des déclinistes, quand on lui rappelle l'importance de certains secteurs industriels clés pour l'indépendance de la France, qu'il ne faut plus raisonner à l'échelle du pays mais de l'UE.

Cette logique néolibérale est irresponsable d'un point de vue écologique et même économique parce que le coût d'acheminement des produits de la sidérurgie et des hydrocarbures raffinés va forcément exploser à moyen et long termes avec la raréfaction des sources d'énergie carbonée.

mediacratie.jpg

Irresponsable également quant à l'indépendance nationale parce ces deux secteurs industriels sont indispensables à toutes les autres productions.

Irresponsable socialement dans des régions où les emplois stables à plein temps sont extrêmement rares.

Irresponsable politiquement parce que cette impuissance volontaire, produit de la soumission au néolibéralisme, profite au Front national qui brandit le fameux "UMPS", version relookée du "ni gauche ni droite" de l'extrême droite traditionnelle,

Moins d'un an après la défaite de la droite, force est de constater que de Sarkozy à Hollande, la désindustrialisation du pays continue au même rythme. Et la crise aussi...

Mais la crise n'est pas une fatalité, c'est un système qui perdure depuis au moins 30 ans et qui permet aux capitalistes de reprendre le pouvoir en imposant la régression sociale avec la complicité d'une droite et d'une social-démocratie démissionnaires et impuissantes, réduites à gérer les affaires courantes et à ostraciser l'étranger pour séduire les électeurs attirés par le discours du FN.

Aussi, la marche du 5 mai pour la VIème République doit rassembler toutes celles et tous ceux qui refusent l'impuissance et la démission du politique au nom de TINA et qui affirment qu'une autre politique sociale, écologique et économique est possible.

©commune-communication_VIte:2 [1]

Note

[1] le dernier visuel est de l'Agence Commune communication

Commentaires

1. Le jeudi 18 avril 2013, 09:13 par Lou

« Les promesses n'engagent que ceux qui les croient. »
Je dis :
"en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets"
la foi n'est pas une croyance, le "tu" ne s'adresse au même.

Ce matin, j'ai écouté France Musique. Ca paraît moins dangereux que BFMtv, mais à 7 heures, il y a un journal et, à 7 h 30, une revue de presse.
"Austérité" et "récession" sont maintenant dans le discours officiel des porte-parole officiels du président officiel.
Tu ne peux plus trafiquer tes images avec tes légendes préférées, ou bien tu deviens la voix officielle.
Très habile. C'est de la communication, on y requiert pas la "clause de sincérité" (John Austin).

2. Le jeudi 18 avril 2013, 09:48 par des pas perdus

Lou : quand les images sont suffisamment parlantes, je les laisse en l'état... Les susnommés remplacent ces mots par rigueur et stagnation de l'activité économie...

3. Le jeudi 18 avril 2013, 10:58 par BA

Jeudi 18 avril 2013 :

Accords UMP/FN aux municipales : Le Pen s'en félicite.

A moins d’un an des élections municipales de mars 2014, une majorité de sympathisants UMP se déclarent favorables à des accords électoraux locaux avec les candidats du Front national, selon un sondage exclusif Ifop-Fiducial pour Europe 1 publié jeudi.

Ils sont ainsi 53% à se déclarer favorables à de telles alliances, contre 44% en novembre 2012.

Parallèlement, 73 % des sympathisants FN sont favorables à de tels accords avec l’UMP.

Invitée jeudi matin sur Europe 1, la présidente du FN s'est félicitée de tels résultats. "Nous avons toujours dit que nous envisagions de pouvoir passer des alliances au cas par cas aux élections locales".

"Nos électeurs sont d'accord avec nous !", s'est exclamée Marine Le Pen.

http://www.europe1.fr/Politique/Acc...

Ca dégénère.

La situation de la France est en train de dégénérer.

4. Le jeudi 18 avril 2013, 15:15 par des pas perdus

BA, merci pour l'info qui ne me surprend pas. En 10 ans de pouvoir, l'UMP s'est considérablement rapprochée du FN au plan idéologique. J'avais écrit ce billet sur cet inéluctable rapprochement : http://www.despasperdus.com/index.p...

5. Le jeudi 18 avril 2013, 18:22 par Lou

Avec Gérard Longuet, Alain Madelin, Claude Gatignol, et ils ne sont pas isolés, il y a plus qu'un cousinage entre l'UMP et le FN.
Cela vient de ce que l'UMP n'est plus un parti gaulliste (on sait, ou on lit Libellus, ce que je pense du projet de de Gaulle, projet qui l'a ruiné politiquement : la participation, terme galvaudé en 1968, de Gaulle en parle dans ses 'Mémoires d'espoir', avant la grande braderie de mai, c'était la fin du patronat et des syndicats, puisque les employés et ouvriers devenaient propriétaires des moyens de production).
L'UMP regroupe les anciens gaullistes et l'UDF de l'accordéoniste (de 1974 - on sait que je refuse d'écrire son nom).
Je l'ai dit :
Si, un accident du jet élyséen, sait-on jamais, des élections avaient lieu maintenant, JLM serait au second tour.
Marine = 20%, elle aurait fait le plein, à quelques voix près.
JLM (sondage récent) = 16%, et il y a du rab, côté socialiste et umpiste.
Je suis pessimiste (ce qui n'est pas bien pour un camusien) de caractère, mais LUI, j'y crois.
Si un jet s'écrase entre le Maroc et Orly, je devrai, en toute urgence, m'inscrire sur une liste électorale.
Je veux par-ti-ci-per.

6. Le vendredi 19 avril 2013, 08:33 par des pas perdus

Lou : Ah je reconnais le gaulliste de gauche qui sommeille en toi.
N'attends pas pour t'inscrire.

7. Le vendredi 19 avril 2013, 13:41 par Lou

Bon, ça va, la dernière fois c'était le "soviéticophile pratiquant" : - )))
De Gaulle n'était pas de gauche, il était libertaire - il ne l'a pas toujours été auparavant.
Et je ne vois pas où je m'inscrirais. Le plus proche, c'est JLM, je commence à "faire de la politique", quelle époqué !

8. Le vendredi 19 avril 2013, 18:38 par des pas perdus

Je note. Où va nous conduire cette époque ?