« C’est devenu ça, cette gauche qui l’a enthousiasmé, plus jeune. D’une part, ceux qui ont gardé une condescendance justifiée par l’exotisme : qu’on laisse les basanés s’épanouir entre le tapis de prière et trois sourates, ça suffira à leur intellect. Et, en face, ceux qui s’approprient la laïcité pour sommer les fils d’immigrés d’être les plus zélés des renégats, toujours prêts à se désolidariser de leurs semblables afin de gagner la médaille de l’intégré exemplaire. La docilité, de part et d’autre, c’est ce qu’on attend de l’Arabe – qu’il se soumette à la barbarie des siens ou à la violence de l’Etat français, peu importe, pourvu qu’il renonce à sa dignité pleine. Et derrière l’Arabe, c’est le précaire qu’on vise : ce que ses collègues de gauche réclament, au fond, c’est que le plus démuni apprenne à souffrir en silence. »