le mort qu'il faut (Jorge Semprun)

un léger décalage...

Billet

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Républicain Espagnol réfugié en France, étudiant le jour à la Sorbonne, militant communiste et résistant du MOI la nuit, Jorge Semprun est déporté à Buchenwald. Dans son malheur, il a chance d'être dans l'un des seuls camps où les déportés politiques, notamment communistes, ont réussi à occuper au fil des mois les postes stratégiques.

Dans l'univers concentrationnaire, les nazis déléguaient un certain nombre de tâches aux déportés qu'ils sélectionnaient. L'organisation clandestine de Buchenwald a permis de sauver des militants communistes et des résistants en leur confiant des tâches moins ingrates.

C'est par le biais de ce réseau de résistance qui occupe les postes clés du camp, que Semprun apprend qu'une note de la Gestapo en provenance de Berlin s'intéresse à lui. Généralement de telles notes ne sont pas annonciatrices de bonnes nouvelles pour celui qui en est l'objet.

L'un de ses contacts l'informe aussi qu'ils ont "le mort qu'il faut". Un jeune homme comme lui, mais mourant qui ne passera pas la nuit. Semprun sera officiellement mort et prendra l'identité du "mort qu'il faut"... Il devra aller au lager, dormir aux côtés d'un certain François, pas si inconnu...

Semprun raconte également la vie quotidienne du camp, les différentes catégories de prisonniers, les militants communistes qui occupent des postes clés, les résistants politiques, puis les prisonniers de droit commun, et enfin les "musulmans", c'est-à-dire ceux qui se laissent mourir comme son professeur de philosophie.

Le récit fait quelques digressions entre ce passé-là et la vie post concentrationnaire, sur le destin de ses camarades communistes derrière le rideau de fer, la présence de la langue allemande, son attachement (vital) à la poésie, son évolution d'homme et de militant...

A lire.