l'espoir entre PS et NPA : le Parti de Gauche.

un léger décalage...

Billet

"Tout ce qui divise la gauche favorise le maintien au pouvoir de la droite."

Benoit Hamon ne croyait pas si bien dire le 19 novembre dernier quand Le Monde lui demandait pourquoi il restait au parti socialiste.

Depuis Reims jusqu'à la fameuse comédie de la désignation de la 1ère secrétaire, preuve est faite que le PS est durablement balkanisé.

Au-delà des postures et des discours opportunistes liés à la crise, on s'aperçoit que les deux camps partagent essentiellement les mêmes idées, la même vision d'une France au sein d'une Europe néo-libérale. N'en a-t'il pas été ainsi sur des questions essentielles telles que la ratification du traité de Lisbonne ou le plan de soutien au gouvernement Fillon ? N'en est-il pas de même pour les alliances au MoDem puisque les exemples ne manquent pas dans les deux camps.

Le mode de désignation du 1er secrétaire a provoqué une sorte de présidentialisation qui a d'une part exacerbé les tensions entre deux fortes personnalités et, d'autre part empêché tout débat.

Le Parti socialiste va donc passer de la guerre ouverte à la guerre froide.

Derrière l'unité de façade qui se dessine, le PS restera figé, et ce jusqu'en 2012... Entre les deux camps, la gauche du parti emmenée par Hamon est satellisée. Comment ce courant peut-il dès lors espérer peser davantage dans le débat qu'autrefois en ayant deux fois moins de poids ?

Dans ce contexte de glaciation, espérer stopper la dérive du PS et sa soumission à l'idéologie néo-libérale, imaginer une ligne politique claire, revoir le mode de fonctionnement interne et rénover le PS s'avèrent tout aussi utopique que le grand soir cher au NPA. Au contraire, l'emprise de l'appareil sera encore plus importante sur fond de discours gauchisants et d'actes fluctuants au gré de l'opportunisme ambiant.

Nous serions ravis de la défaite de la droite.

Mais si le PS gagnait en reprenant les idées du MoDem et les thèses néo-libérales de M. Bayrou (M. Camdessus le soutenait ) cette victoire serait encore plus désastreuse qu'une défaite pour la démocratie et les droits des citoyen-ne-s. Cela marquerait également la dilution de la gauche.

Et, il faudrait ne rien entreprendre, ne rien dire, sous prétexte qu'avec un peu de chance (l'impopularité de la droite), le PS pourrait remporter les élections présidentielle et législatives en compagnie du MoDem en 2012 ? Version moderne du fameux : "il ne faut pas désespérer Billancourt " !

pdg.jpg Aussi, comme l'année 2012 est relativement lointaine et le prétexte de la division de la gauche pas recevable, n'en déplaise à B. Hamon, l'espoir ne peut venir que de l'extérieur du PS. Il n'est pas interdit d'espérer l'émergence d'une nouvelle force de gauche, républicaine, laïque, écologique et de gouvernement.

D'ailleurs, combien de citoyen-ne-s de gauche, militants ou ex militants du PCF, du PS, de l'extrême gauche, de syndicats, d'associations altermondialistes se sentent peu ou pas du tout représenté-e-s par le PS ? Combien tombent dans l'abstention quand ils ne croient plus au vote socialiste ou d'extrême gauche pour transformer la société ?

Par conséquent, la création du Parti de gauche est une bonne nouvelle pour la gauche, mais également pour le PS.

Si l'initiative de Jean-Luc Mélenchon et ses amis réussit, le Parti de gauche permettra d'une part de rééquilibrer la gauche, d'autre part de lui apporter une nouvelle dynamique en termes d'idées et de militants. Et enfin, d'éloigner le PS des idées néo-libérales du MoDem et de la droite.

Commentaires

1. Le mercredi 26 novembre 2008, 18:33 par patrick

quand on est de gauche, on prend aux riches : c'est le point de départ et si on commence à louvoyer, alors là on a Royal en Chanel et ces airs de gendarmette refoulée...moi je l'aime bien Aubry.

2. Le mercredi 26 novembre 2008, 18:40 par KesJenDi

Comment dire ?
J'ai rien dit à ce sujet, mais si je l'avais fait, j'aurais dit pareil.

3. Le mercredi 26 novembre 2008, 19:03 par patrick

mon commentaire à moi, pftt, il s'est évaporé pas grave, on recommencera plus tard, évaporé comme l'espoir des plus démunis, ma maman au téléphone "qu'est-ce que ça nous faire à nous qui n'avons rien, droite, gauche, ont-ils jamais pensé à nous?"

4. Le mercredi 26 novembre 2008, 19:51 par pas perdus

c'est vrai que souvent les débats internes au PS et puis les grandes déclarations semblent étrangers au commun des citoyen-ne-s. J'ai tendance un peu à penser que ces grands partis pensent d'abord à eux... et ensuite au peuple qu'ils devraient servir...

5. Le mercredi 26 novembre 2008, 20:44 par Bob

Franchement ce nouveau parti de gauche, qu'est-ce qu'il va vous apporter ?
Diviser encore plus la gauche ? Affaiblir les coco et le NPA ? Faire un PS sauce marxiste ?

D'autant plus que la politique économique de N. Sarkozy n'a rien à envier à celle du parti socialiste. c'est à se demander si on a encore une droite dans ce pays. Ça fait peine à voir.

6. Le mercredi 26 novembre 2008, 21:01 par pas perdus

Qu'attends-tu du NPA ? Le grand soir ?
Le PCF agonit... et n'est plus capable de peser à gauche.
Alors qu'est-ce qu'on fait ?
Le PG peut permettre l'émergence d'un front à gauche du PS, non pour diviser mais pour rassembler...

7. Le jeudi 27 novembre 2008, 06:00 par patrick

Hamon ou M de la Palisse, même combat!

8. Le jeudi 27 novembre 2008, 14:31 par Bob

Je n'attends strictement rien du NPA, j'espère juste qu'il ne fasse pas trop un bon score à cause de la crise économique et de la politique lamentable du gouvernement actuel.
Idem pour le Parti de Gauche. Peut être que le PG permettra d'évacuer le P.S. de ses derniers sympathisants/militants aux relents marxistes (oui je parle de ceux qui chantent l'Internationale à la fin d'un meeting de Mme Aubry), permettant ainsi de débarrasser le PS de sa dialectique misérabiliste et encore emprunt de lutte des classes.
Pour moi ces deux partis (NPA, PG) ne se rendent pas compte de la situation économique extrêmement précaire de la France, qu'on est à la limite de la cessation de paiement (rappelez-vous de l'Argentine). Je prends même les paris qu'on y sera dans les deux ans qui viennent.
Pour eux il suffit de taper sur le salaire des patrons et sur les bénéfices des entreprises pour financer la protection sociale française (je caricature à peine). Ils ne se posent pas la question du pourquoi on est arriver là, pourquoi en France on a un taux de chômage faramineux, une croissance anémique, alors que nos voisins européens ont redresser la barre ces dernières années. Se demandent-ils pourquoi les entreprises françaises n'embauchent pas ? Pourquoi les boites françaises payent 76 Mds € de taxes et impôts et reçoivent 65 Mds € d'aides ? Pourquoi le budget de l'E.N. a explosé depuis ces 20 dernières années, alors que le nombre d'élèves a diminué ? J'en ai des tonnes de questions comme celle-ci et ces partis sont incapables d'y répondre.

9. Le jeudi 27 novembre 2008, 17:46 par pas perdus

Vous savez, la crise vient de démontrer que la mondialisation néo-libérale conduisait à la catastrophe.

Le budget d'un Etat n'est pas celui d'un ménage... Vous parlez de l'Argentine. Là-bas, tant qu'ils appliqué les dogmes néo-libéraux imposés par le FMI, ils se sont enfoncés dans une crise qui mit ce pays en faillite. Et puis, voyez-vous, la situation s'est nettement améliorée quand ils ont mis en oeuvre une autre politique...

D'ailleurs, les pays de ce continent qui ont été les 1ers à appliquer les politiques néo-libérales furent aussi les 1ers à cesser de les appliquer, tant elles furent catastrophiques.

Je vous encourage à lire le bouquin de Néomi Klein, chroniqué dans ces lieux...

10. Le jeudi 27 novembre 2008, 18:14 par Bob

Nous n'avons pas la même analyse de la crise.
Si la crise a bien démontré quelque chose, c'est que l'interventionnisme étatique dans la politique monétaire via les banques centrales conduisait à la création de bulles spéculatives.

Sur les raisons de la crise immobilières, les socialistes des Gracques s'exprimeront bien mieux que moi :

« Ce qui s'est produit ne se prête pas à une analyse idéologique univoque. Gardons-nous donc des vieilles antiennes de l'économie administrée. Ce n'est pas la fin du capitalisme, ce n'est pas la remise en cause de l'économie de marché. Ce n'est même pas seulement une crise de la dérégulation. Elle n'est née ni des hedge funds (fonds spéculatifs), ni des paradis fiscaux, mais aux Etats-Unis et sur un segment de marché assez régulé, les crédits hypothécaires. Elle a, dans l'histoire des crises financières, la caractéristique unique de venir de ce que les banques ont trop prêté... aux pauvres. Le dérèglement ne vient pas seulement de la dérégulation, mais aussi d'une mauvaise régulation, doublée d'une passivité des autorités face aux contournements de la loi.

Mauvaise régulation que celle qui forçait les banques américaines à prêter aux communautés les plus défavorisées, et qui leur permettait ensuite de socialiser ce risque auprès d'agences privées sous-capitalisées - donc très rentables aux heures fastes - et bénéficiant de la garantie de l'Etat. Pile l'actionnaire gagne, face l'Etat perd. Mauvaise dérégulation que celle qui permettait de replacer ces prêts auprès de la clientèle dans des produits endettés et assurés par des assureurs sans capital. »

On est très loin d'une politique libérale, c'est même plutôt tout le contraire. Pour prendre l'exemple des États-Unis, le plus souvent qualifier de néo-libéral : depuis un siècle, le poids de l'état américain dans l'économie a triplé. En France, il a été multiplié par 6. Si vraiment les néo-libéraux étaient à l'œuvre, ne pensez vous pas que le poids de l'État auraient diminué ?

11. Le jeudi 27 novembre 2008, 19:41 par pas perdus

Les Gracques sont des néo-libéraux.

Vous croyez au néo-libéralisme. Votre analyse est logique. Il y aura toujours trop d'Etat... pas assez de libéralisme économique.

Vous êtes autant dogmatique que l'étaient les cocos quand ils expliquaient que les pays de l'Est avaient certes des défauts, justement parce qu'ils n'étaient pas encore assez communistes... Ce n'était jamais assez... pour arriver à l'idéal...

Je vous ai pris l'exemple de l'Argentine. Vous n'avez pas rebondi dessus... Il y a pourtant 10 ans, ce pays était en faillite, la misère touchait même les classes moyennes...

Vous citez un texte des Gracques, c'est bien joli les chiffres... ça fait sérieux, ce sont des technocrates, mais le problème c'est qu'ils semblent ignorer qu'à part une oligarchie aisée, la population américaine souffre de la précarité sociale, du système de santé ... Bientôt me direz-vous que les USA sont devenus un pays communiste ?

Certes, l'Etat est interventionniste mais surtout dans ses domaines régalienss 'voir le poids. du budget de l'armée américaine)...

Vous ignorez toutes les privatisations en France, la santé aux USA, l'emprise de Mosanto sur une administration fantômatique, et maintenant vous m'affirmez que les subprimes sont dues à l'Etat étasunien ? Très bien... Bientôt, vous me direz que les anciens élèves de l'Ecole de Chicago de Friedman n'occupaient pas des postes importants dans les secteurs privés et publics...

Vous savez depuis 20 ans, on subit cette idéologie à longueur de JT... Alors, effectivement, tout discours la mettant en doute parait dingue... Mais regardez la réalité.

je vous encourage à lire : la stratégie du choc, la montée d'un capitalisme du désastre (Naomi Klein).

12. Le jeudi 4 décembre 2008, 08:54 par Yasârî

''On est très loin d'une politique libérale, c'est même plutôt tout le contraire. Pour prendre l'exemple des États-Unis, le plus souvent qualifier de néo-libéral : depuis un siècle, le poids de l'état américain dans l'économie a triplé. En France, il a été multiplié par 6. Si vraiment les néo-libéraux étaient à l'œuvre, ne pensez vous pas que le poids de l'État auraient diminué ?
''

Dire que le néolibéralisme est du moins d'Etat relève, par bien des aspects, d'un slogan de ses promoteurs.

Pierre Bourdieu employait une métaphore beaucoup plus adéquate en disant que le néolibéralisme consistait à faire passer les dépenses de la main droite à la main gauche de l'Etat. En gros, plus de police et de prisons et moins de politique sociale et d'éducation.

Thèse parfaitement illustrée dans le petit livre de Loïc Wacquant Les Prisons de la misère (1999) où il retraçait le processus par lequel les dépenses carcérales ont explosé aux Etats-Unis pendant qu'on taillait dans les crédits de l'enseignement.

13. Le jeudi 4 décembre 2008, 19:12 par pas perdus

Merci pour le conseil, je vais voir si je peux le trouver à la bibli