Monsieur une loi par jour

un léger décalage...

Billet

L'expression qui titre ce billet n'est pas notre cru. Elles est tirée d'un excellent billet de Vincent Quivy* intitulé le "roi est nu".

Un billet qui fait écho à ceux de Juan, Nicolas, Etiam et Rébus ainsi qu'au dessin de Dominik vallet

Nicolas Sarkozy exploite systématiquement l'émotion de l'opinion publique provoquée par des faits scandaleux. Par l'intermédiaire des médias, selon une technique de communication bien huilée, Monsieur une loi par jour use d'une de ses formules populistes :

"Et vous croyez que j'vais laissé faire ça ?"

Aussitôt, Monsieur une loi par jour se répond à lui-même, se repose une question et se rerépond...:

"Non, et pourquoi ?"

"Et bien parce que c'est intolérable... (exposé des faits quitte à les grossir, voire à les travestir...) d'ailleurs, je vais immédiatement faire voter une loi pour interdire de laisser faire de tels faits scandaleux !"

A chaque problème, Monsieur une loi par jour sort de son chapeau une loi !

On touche au génie politique quand on pense que ses prédécesseurs et leurs conseillers n'avaient jamais imaginé une solution si simple et si radicale !

Depuis 2002, sous l'impulsion de Monsieur une loi par jour, les lois s'empilent avant même la publication des décrets d'application...Et les problèmes demeurent puisqu'il ne s'agit pas de les résoudre en profondeur mais de communiquer en fournissant aux médias l'image d'un politique qui agit.

Avec la dérégulation néo-libérale, les patrons français ont vite rattrapé leurs homologues les mieux payés à coups de stocks-options et, en cas de départ, de parachutes dorés.

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Ces agissements, sans doute isolés, mais relativement nombreux (!) perdurent alors que leurs entreprises ont été sauvées de la faillite par l'Etat.

De tels comportements remettent en cause un des fondements même du capitalisme : la rémunération est proportionnelle aux mérites de chaque agent économique.

Partant de ce principe fort basique, on nous a longtemps expliqué qu'un patron gagnait plus que les autres travailleurs parce qu'il était le plus méritant.

Etudes longues, prises de risque et responsabilités de diriger... pèsent plus dans la rémunération que le fait de subir toute la vie un boulot chiant, aliénant, pénible physiquement, sous pression, et souvent socialement mal considéré.

La crise et la précarisation massive de la société ont fait évoluer la droite, et même le medef : les patrons non méritants ne doivent plus recevoir de cadeaux sous forme de stock-options et de parachutes dorés...

Il vrai que les stocks-options et les parachutes dorés amortissent considérablement la prise de risque et la précarité des patrons... De telles pratiquent rappellent plus les privilèges de sang de l'Ancien régime que la méritocratie républicaine!

A Saint-Quentin, certains espéraient donc que Monsieur une loi par jour annoncerait un projet de loi pour interdire de telles pratiques... ou pour les décourager par une forte imposition...

Monsieur une loi par jour a beaucoup parlé, comme d'habitude...

Mais Monsieur une loi par jour n'a rien annoncé de concret, même pas la constitution d'une commission idoine...

Qui s'en étonnera ?

  • Nous avions chroniqué Abus de pouvoir (cliquez ici), un livre de Vincent Quivy).

Commentaires

1. Le mercredi 25 mars 2009, 22:50 par Tubasib

Il n'est pas scandaleux que les patrons français aient le même taux de rémunération que les patrons états-uniens. Par contre, il est intolérable que les ouvriers français n'acceptent toujours pas de se contenter d'un niveau de salaire chinois...Affligent !

2. Le jeudi 26 mars 2009, 08:00 par pas perdus

Ne craignez rien Tubasib, avec la convergence de la généralisation de la précarité les classes populaires en France et un niveau de revenu moyen qui s'élève en Chine, le niveau des salaires des ouvriers français sera proche de celui de leurs homologues chinois...
Vous oubliez que les USA vont imposer fiscalement plus fortement les très hauts revenus, dont ceux des patrons...

3. Le jeudi 26 mars 2009, 08:51 par Etiam Rides

Demander au Medef d'encadrer les rémunérations, c'est un peu comme demander à un gang d'encadrer la délinquance.

4. Le jeudi 26 mars 2009, 08:57 par Tubasib

Effectivement, il est important de souligner la saine réaction du nouveau gouvernement Obama envers les entreprises aidées par l'Etat fédéral.

5. Le jeudi 26 mars 2009, 09:55 par pas perdus

Etiam, j'aime bien ta formule.

Tubasib : effectivement ça change d'ici.

6. Le vendredi 27 mars 2009, 00:19 par Rébus

Sarkozy, illustration vivante du fameux "c'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule".
Surtout si c'est pour jouer les matamors devant des militants qui font la claque

7. Le vendredi 27 mars 2009, 16:07 par pas perdus

Surtout que ce meeting aurait coûté 400.000 euros...

8. Le mardi 31 mars 2009, 13:16 par Kamizole

Nicolas Sarkozy devrait méditer cet aphorisme des juristes : "trop de loi tue la loi !"... Les siennes sont le plus souvent ineptes, impossibles à mettre en oeuvre quand tout simplement elles ne reprennent pas des dispositions existantes, qu'au besoin il suffirait d'amender. Mais ce ne serait pas assez d'agitation et de cirque permanent.

En revanche, sur le plan de l'encadrement des rémunérations et autres avantages faramineux des patrons, banquiers, traders, rien ou si peu : Fillon accouche - avec comme la montagne de la fable, force clameurs - d'une ridicule souris (naine ! de surcroît).

Il eût suffit, à l'époque où tant d'argent à été investi dans ces banques qui profitent des deniers publics sans remplir le moins du monde leurs engagements, qu'en contrepartie l'Etat imposât de rentrer dans le capital pour bénéficier d'une minorité de blocage et que ses deux administrateurs, prévus par la loi ! s'opposent à ces largesses.

Mais telle n'est pas la volonté réelle de Sarko au double discours permanent...

9. Le mardi 31 mars 2009, 15:06 par Etiam Rides

10 000 fois d'accord avec Kamizole (notamment l'avant-dernier §)..

10. Le mercredi 1 avril 2009, 09:16 par pas perdus

Effectivement, il pratique toujours un double discours.