l'open space m'a tuer

un léger décalage...

Billet

"Accessible (tutoiement), ouvert (open space), le nouveau management joue sur un registre intime, plus participatif. De l'extérieur, ça donne envie. De l'intérieur, on se rend compte que rien n'a changé : sur fond d'imposture, d'attaques personnelles, de "toxicité émotionnelle" (comme disent les "behaviouristes" américains) et de dictature du bonheur, les rapports sont violents et les hiérarchies bien violentes."

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"Chez Altilog, on peut déconner avec son patron faire du sport ensemble, partir deux jours en séminaire, bref, on s'éclate. On est dans le no limit, dans l'entreprise de tous les possibles. (...) Pas de contraintes. David peut rentrer chez lui, mais ne le fait pas, pour paraitre plus impliqué. Thierry renforce son côté humain en se montrant soucieux de la santé de son collaborateur. Le manager à l'ancienne dictait les tâches et contrôlait derrière leur bonne exécution. Thierry laisse ses collaborateurs libres de l'organisation de leur temps..." pages 23-25

En 27 saynettes, Alexandre des Isnards et Thomas Zuber explorent l'univers quotidien des jeunes cadres dynamiques travaillant dans des secteurs qui jouissent encore de l'image flatteuse de la modernité : communication, audit, marketing, nouvelles technologies.

C'est le règne de la cool attitude, où chacun peut tutoyer son N plus plus, voire son patron, les anciens usages sont bannis, le syndicalisme symbolise le ringardisme le plus absolu, les attributions stables pour chaque poste sont remplacées par des projets et missions aux contours qui évoluent en permanence, les bureaux perso ou à quelques uns ont disparu au profit de l'open space, tout le monde bosse avec tout le monde, chacun a à portée de main son portable et son blackberry pour communiquer à toute heure avec les collaborateurs ou les clients, adieu la frontière vie privée et travail...

C'est aussi le règne de l'apparence où officiellement, chacun doit montrer son intérêt pour le job, paraître impliqué et passionné, beau et d'jeun, les objectifs professionnels se sont transformés en défis, le travail en une activité quasiment ludique, la hiérarchie est devenue très accessible, une sorte de grand frère, enfantilisant les subordonnés tout en les surchargeant à dessein du poids écrasant des responsabilités qui ne pesaient pas sur les épaules de leurs aînés...

Mais, cette façade séduisante qui attire les jeunes hyper diplômés ambitieux des meilleures écoles est un leurre où se cachent des entreprises qui ont su renouveler leurs codes et leurs organisations afin d'exploiter et d'aliéner plus encore leurs cadres supérieurs.

Un livre intéressant qui traite de situations parfois graves avec humour, ou tout au moins sans tomber dans le pathos. A lire.

Commentaires

1. Le mardi 5 janvier 2010, 06:30 par replica watches
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