«Il en est sorti une chronique personnelle, mais qui aborde toute une série de faits indissociables de la politique de la mémoire de l'Amérique, d'Israël et de l'Europe, de la fin des années quarante jusqu'au début des années quatre-vingt-dix.»
Raul Hilberg, historien américain, émigré aux Etats-Unis un an après l'Anschluss, est l'auteur d'un ouvrage qui fait référence aujourd'hui près de 50 ans après sa sortie : la destruction des juifs d'Europe.
Le moins que loin puisse dire, c'est que Raul Hilberg était doté d'une force de caractère peu commune pour rompre avec le conformisme historique de l'après-guerre quant à la Shoah et pour poursuivre ses recherches en marge du système universitaire.
A l'époque, ses recherches remettaient en cause le mythe d'un peuple juif massivement résistant qui tenait lieu de vérité officielle jusque dans les années 60, en relativisant l'ampleur de cette résistance, démontrant même que les autorités représentatives juives avaient involontairement facilité le travail des nazis.
Aussi, affronta-t-il le scepticisme de ses proches, les tentatives d'entrave aux archives, le mépris de certaines "autorités" intellectuelles... sans parler des difficultés à publier l'œuvre de sa vie. Il sacrifia sa carrière pour cette quête, acceptant après des années de précarité un poste d'enseignant dans l'université du Vermont.
L'auteur s'est intéressé autant aux bourreaux qu'aux victimes, dont certaines étaient ses proches, mais surtout il a prouvé, documents à l'appui, le rôle essentiel de l'administration et de l'industrie allemande, en étudiant les registres ferroviaires, la comptabilité des entreprises comme IG Farben. Il s'est également attaché à étudier la prise de certaines décisions au sein de l'appareil nazi.
Raul Hilberg révèle également combien l'écriture de la destruction des juifs d'Europe lui demanda temps et réflexion pour lui permettre de trouver la clé, étonnamment chez Beethoven, pour construire le plan de son livre et organiser ses notes.
La politique de la mémoire est une étonnante et passionnante biographie.
Commentaires
ça donne envie, même si le sujet ne doit pas être très réjouissant.
Sûr que malgré ses origines, de part ses écrits, il a dû être taxé d'antisémite. Tellement facile comme argument pour balayer d'un revers de mail la moindre démonstration.
Rayon des culpabilités, citons également IBM avec sa filiale produisant des cartes perforées...permettant de lister avec soins les coordonnées des futures victimes du régime.
Cdt,
Cpolitic
Non, mais on ne lui a pas facilité la tâche... Et oui même IBM et beaucoup d'autres.