en finir avec le mythe de la croissance

un léger décalage...

Billet

Dans son dernier billet Si si, relance par la consommation, Stef estime que:

«l'année 2011 devrait être une période charnière qui verrait les salaires augmenter, si ce n'est sur notre fiche de paie, au moins dans les débats politiques pour une concrétisation dès 2012.»

Même si cette revendication est légitime, ne serait-ce parce que les salariés ont des revenus insuffisants pour vivre décemment, il nous semble que le débat est mal engagé...

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En effet, la relance de l'économie par la consommation via des augmentations de salaires a été expérimentée en 81 et 82 avec le succès que l'on sait...

Ségolène Royal - candidate à la candidature - demande une augmentation de 300 euros du SMIC...

Pourquoi 300 euros ? Pourquoi pas 100 ou 600 euros, voire zéro augmentation ?

Ainsi lancé sur ce thème, le débat politique risque de tomber dans la surenchère.

Augmenter le SMIC relancera la consommation, et dans une moindre mesure la croissance économique, mais cette dernière -si les produits et les services sont produits sur le territoire national- permettra-t-elle de créer un surcroit d'activités ainsi que des emplois intéressants et suffisamment rémunérés ?

De plus, ces nouveaux biens et services sont-ils nécessaires et indispensables à notre bien-être individuel et collectif, au point de consentir à de nouveaux dommages environnementaux ?

La croissance économique est-elle indispensable ?

Vivre mieux, est-ce vivre décemment ?

Ou vivre mieux est-ce consommer plus pour imiter le mode de vie ostentatoire et gaspilleur de l'oligarchie ?

Ne devrait-on pas d'abord veiller à mieux répartir les richesses ?

Toutes ces questions en forment une seule : quelle société veut-on ?

C'est à cette question que devraient répondre les candidat-e-s pour la présidentielle de 2012...

Parce qu'un gouvernement de gauche pourrait augmenter de 1000 euros le SMIC sans que ça ne réduise pas pour autant les inégalités sociales, économiques et culturelles.

Aussi , faut-il réfléchir à ce que pourrait être concrètement une politique de transformation sociale et écologique. Une politique qui dépasse la croissance, la consommation et le pouvoir d'achat....

Pour conclure provisoirement, voici quelques pistes de réflexion : la refondation et la gratuité des services publics, la refonte de la fiscalité, la planification écologique, les relocalisations, la création du salaire maximal (interdiction de dépasser 10 à 20 fois le SMIC) et d'un revenu universel décent (sans obligation de travail), la retraite à 60 ans à taux plein, la réduction du temps de travail...

Commentaires

1. Le lundi 20 décembre 2010, 21:23 par Moukmouk

Oui dans quel monde veut-on vivre, est-ce que le pouvoir est du coté des "marchés" (i.e. les idéologues qui servent les très riches) ou de l'État ?

Et si l'État ne peut pas controler le "marché" ce qui semble bien être le cas, y-a-t-il un espoir quelconque d'éviter la catastrophe écologique ?

2. Le lundi 20 décembre 2010, 21:54 par des pas perdus

Laisser faire le marché? J'en doute.

3. Le lundi 20 décembre 2010, 21:58 par Moukmouk

mais puisque l'État ne peut plus controler le "marché" qui impose alors des décotes et du refus d'investir, il ne s'agit pas de savoir si on laisser faire le marché, mais si un État peut s'opposer à son action destructrice.

le "marché" étant des personnes avec un agenda politique.

4. Le lundi 20 décembre 2010, 22:54 par Stef

"La croissance économique est-elle indispensable ?
Vivre mieux, est-ce vivre décemment ?

Ou vivre mieux est-ce consommer plus pour imiter le mode de vie ostentatoire et gaspilleur de l'oligarchie ?''

Il me semble que tu mélanges plusieurs choses. Quand le smic est proche du seuil de pauvreté, il me parait plus que nécessaire que cela devienne un thème de campagne. Il n'est pas question là, d'imiter le niveau de vie de ceux qui peuvent gagner jusqu'à 100 fois le smic chaque mois.

Que les entreprises accordent des augmentations de salaires en fonction d'un indice INSEE plus que douteux ou en fonction de l'inflation est il est vrai très dérangeant puisque le tassement des salaires depuis plus de vingt ans nécessiterait au moins 10% d'augmentation d'un coup...

Une meilleure répartition des richesses que tu appelles de tes vœux commencerait par une plus juste rémunération du travail...
Si les déclarations populistes de Royal peuvent contribuer à une surenchère, elle aura au moins servi à cela. Et je la souhaite cette surenchère !

5. Le lundi 20 décembre 2010, 23:26 par des pas perdus

Je ne conteste pas l'urgence des augmentations pour les travailleurs pauvres mais les politiques ne doivent pas s'arrêter à cette revendication... Je sais aussi que le travail n'est pas rémunéré à sa juste valeur..

La surenchère des augmentations de salaires, c'est un classique de campagne électorale... Elle pollue le débat et occulte le reste, notamment tout ce qu'on pourrait qualifier de salaires indirects...

6. Le lundi 20 décembre 2010, 23:45 par GdeC

tu connais, je suppose, le dicton fort judicieux à mon sens qui dit que« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » ?

7. Le lundi 20 décembre 2010, 23:45 par GdeC

tu connais, je suppose, le dicton fort judicieux à mon sens qui dit que« Celui qui croit que la croissance peut être infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. » ?

8. Le mardi 21 décembre 2010, 09:50 par des pas perdus

Oui GdeC et c'est ce qu'on subit...

9. Le mardi 21 décembre 2010, 12:54 par Annie

franchement je vous trouve des plus bizarres concernant cette mode de la décroissance et de la non-augmentation des salaires et pensions de retraites et minima sociaux.
Vous devez pas y être vous.
Vous planez total
il ne s'agit pas de consommation (vous, classes moyennes, vous consommez mais les autres ?) mais de pouvoir :

  • payer son logement et qu'il soit confortable (sans luxe) non humide, isolé, aéré, superficie suffisante (un minimum par occupant de 15 m2 me semble raisonnable) que ce logement ne représente pas plus de 10 % du "revenu" chauffage compris (à 19 ° et non 8 ° par ex.)
  • pouvoir manger du poisson, de la viande, autre chose que des pâtes et de patates, des légumes par ex., des fois quelques fantaisies à l'occasion de fêtes ou juste pour le plaisir et quelques vins agréables
  • avoir un ordi qui date pas de matusalème
  • idem voiture
  • ou des transports en commun dans les campagnes profondes (et pas de taxe carbone si sans existence) à des prix abordables
  • pouvoir se soigner (dont les dents et les lunettes) correctement
  • pouvoir renouveler son frigo ou télé quand par vieillesse ils cassent sans se mettre dans un emprunt à 20 %
  • pouvoir se payer un café dans un bistrot de temps à autre
  • un p'ti restau 1 fois par mois

........ non exhaustif

alors oui nous nous avons besoin d'une augmentation de nos salaires/retraites/minima sociaux
et arrêtez de vous la péter par cette mode faite par et pour les bobos

10. Le mercredi 22 décembre 2010, 15:17 par des pas perdus

Annie,je ne plane pas, je ne vis pas sur l"'or et j'ai connu longtemps le chômage, bien que diplômé... il faut bien lire ce que j'ai écrit. Je ne conteste pas le principe d'augmentations des minimas sociaux et des bas salaires.

Mais, on reste dans l'urgence. A mon sens, il faut à la fois répondre à cette urgence mais en même temps un candidat à la présidence de la République doit apporter des réponses plus profondes qui visent à éliminer la misère sociale, et à réduire les inégalités.

Il ne s'agit ni d'une mode ni de bobos, lesquels ne se posent pas ce genre de questions... mais de changer de système : tous les exemples que tu donnes sont pertinents, d'ailleurs je les cite quasiment tous... Gratuité des services publics, dont les transports en commun, véritable sécurité sociale, meilleure redistribution des richesses, refonte de la fiscalité... et d'autres. Ce que je veux dire, c'est que tu peux toujours augmenter plus les minimas sociaux, ce qui apportera un petit mieux aux intéressés, mais le système restera le même, profondément inégalitaire : relis par exemple toutes les contributions relatives au salaire maximal...

Je n'ai pas évoqué la décroissance parce que c'est une idée qui est maltraitée à coup de slogans par le medef, la droite et une partie de la gauche qui essaient de l'assimiler à la récession et à la misère... pour la discréditer et empêcher tout débat. C'est dommage, la gauche ne doit pas avoir peur d'être de gauche en remettant en question tout le système...

11. Le mercredi 22 décembre 2010, 15:58 par Annie

Merci pour ta réponse argumentée.
J'ai donc relu ton billet. J'avoue que certains mots ou expressions m'ont fait sauter de ma chaise d'où mon commentaire. Et puis après tout les blogs sont aussi notre nouvelle manière de militer et de débattre.
Sur le smic j'ai entendu le medef dire qu'il ne l'envisageait pas et même le "condamnait" car ça écraserait la "suite" des salaires… arguments qu'on entend depuis des lustres.
Cependant je suis pour des choses assez complexes :
ce que tu dis sur l'impôt (et même je serais pour que tous les Français en payent 1 juste pour la citoyenneté qui serait symboliquement de 10 €/an par ex.), services publics, etc... ok d'accord.
Mais je serais aussi pour une taxe à l'entrée de tous les biens produits hors de la zone européenne, et p't même une taxe interne (ex. de l'Allemagne qui nous fait chanter en nous "obligeant" à importer ses produits, l'Irlande sous imposé, etc...) pour favoriser la production, recherche, créations d'emplois en France… quand on voit des régions désertent sans plus aucun emploi sinon ne s'occuper que des vieux… c'est vraiment déprimant.
D'autres part toutes ces remises de cotisations patronales… qui font plonger nos caisses… ça me choque profondément… je pense donc à des cotisations sociales avec des assiettes bien plus larges… (mouvements de capitaux par ex.)
Bon on n'est pas dans un vrai désaccord… des nuances je suppose… à développer encore…

12. Le mercredi 22 décembre 2010, 17:55 par des pas perdus

Bien d'accord avec toi Annie, je te conseille le dernier numéro de Fakir qui consacre un dossier à la fiscalité.