OXI, NO, NEIN, NON, NAO, NU, NIE, NE, NA... à l'UE !

un léger décalage...

Billet

Jusqu'aux négociations entre le gouvernement Tsipras et la Troïka, je pensais naïvement qu'une autre UE était possible.

magritte8.jpg

Une UE sociale et de la coopération qui place l'Humain d'abord au centre de ses préoccupations.

Or, l'UE me parait aujourd'hui impossible à réformer. Il est vrai que le vers était déjà dans le fruit avant même son existence d'après les auteurs de L'Europe sociale n'aura pas lieu.

europe.jpg

Depuis le début, la construction européenne a été un leurre. Elle devait contribuer à asseoir la paix. Or, elle devint, peu-à-peu, la guerre sous une autre forme. La chute du bloc de l'est a été un coup d'accélérateur, et les intérêts de la finance ont été exclusivement privilégiés. Si l'Europe sociale a lieu, ce ne sera pas avec l'UE.

Avec l'UE, les armes ont changé de nature. Elle sont bien moins spectaculaires mais tout aussi efficaces pour soumettre les peuples.

Elles se nomment finance, concurrence économique à outrance (pour casser les services publics), concurrence entre les pays, concurrence entre les régions (la régionalisation pour accentuer la concurrence et casser l'Etat central), concurrence entre les villes magritte3.jpg (via le prétexte culturel), concurrence entre les universités (pour tuer les diplômes nationaux), ouverture de l'UE pour niveler par le bas le droit social et le droit du travail ainsi que pour favoriser les délocalisations et maintenir le rapport de forces en faveur du patronat, concurrence entre les travailleurs (par les détachements avec les salaires du pays d'origine).

Avec la crise des subprimes, les dettes privées des institutions financières ont amplifié les dettes publiques, servant de prétexte à une austérité dont on ne voit pas la fin. L'Allemagne est la puissance dominante de cette UE et son modèle, mais sa population ne profite pas des succès de son économie tant le nombre de pauvres et de travailleurs précaires, notamment les femmes, ne cessent d'augmenter.

Dans ce contexte austéritaire, la Grèce est le pays qui a le plus durement souffert avec des conséquences effroyables, comme le montre cette infographie du site okeanews :

bilan_grec2014.jpg

Aussi, on comprend que le peuple grec ait choisi une force politique vierge de toute responsabilité dans ce bilan du résulte à la fois de 40 années de co-gouvernance de la droite et de la social-démocratie, et, de la politique impulsée par la Troïka depuis 2010.

Or, dès le départ, l'UE n'a pas voulu du gouvernement SYRIZA-ANEL pour éviter la contagion dans l'ensemble de l'Europe. Les négociations - malgré les concessions grecques - n'ont pu jamais aboutir parce que l'objectif de l'UE et du FMI était d'étrangler financièrement le nouveau gouvernement, quitte à ne pas respecter la légalité. Une légalité déjà maltraitée par les divers plans d'aide dont 80 % de l'argent est allé aux banques...

Les déclarations mensongères de Juncker, le mépris hautain de Lagarde, les fuites savamment orchestrées, le double langage de la France et la propagande des médias dominants n'ont pas réussi à occulter le cynisme et l'extrémisme du l'UE et du FMI, ni à embobiner Tsipras.

magritte_tsipras.jpeg

Il ressort de ces derniers événements où l'on voit des institutions non élues - qui ont à leur tête des personnages au passé très lourd - rayer les propositions grecques d'un coup de trait d'encre rouge et tenter de lui en imposer d'autres, que le couple UE et FMI agit comme un pays colonisateur au mépris de la démocratie et de la souveraineté du peuple grec. La chose est si flagrante qu'on ne peut que tirer un parallèle avec la situation des anciens pays du bloc de l'Est soumis à la doctrine Brejnev...

Aussi, n'en déplaisent aux oligarques qui nous gouvernent et aux éditocrates qui nous désinforment, et aux autres amateurs de putsch, le peuple grec devra se prononcer en faveur ou contre le nouveau programme austéritaire d'une Troika qui espérait que Tsipras renoncerait et trahirait comme un vulgaire dirigeant social-démocrate, du genre Hollande.

Si le Non l'emporte, les premiers temps seront extrêmement difficiles, mais c'est le peuple qui aura tranché, pas des technocrates. Le probable et souhaitable retour de la monnaie nationale et la fin du fardeau de la dette illégale et illégitime devraient permettre le redémarrage de l'économie. Ce sera la fin d'une politique austéritaire qui conduit à la tiers-mondialisation et qui nourrit l'extrême droite. Et, peut-être bien le début de la fin de cette UE qui opprime.

Enfin, le peuple grec aura choisi la démocratie et l'indépendance à la soumission aux laquais de la finance, à l'instar des islandais qui aujourd'hui ne peuvent que se féliciter de leur choix :

« L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement « une politique », au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »(Pierre Mendès-France - Assemblée nationale, le 18 janvier 1957)

Et pour conclure, j'ai la faiblesse de croire que la guerre de civilisation n'est pas celle que les médias dominants et nos gouvernants nous vendent...

avec_les_grec.jpg

Commentaires

1. Le mercredi 1 juillet 2015, 10:51 par nosconsolations

Du temps où j'étais libraire, et commençais à m'intéresser à la politique, fidèle lecteur du Diplo, avant d'y écrire, il m'arrivait de discuter Europe avec mes collègues pour qui je passais pour un dangereux réac. Je soutenais par exemple le non à Maastricht, reprenant les arguments de Ramonet et cie. Oui, le vers était dans le fruit, on le soulignait et on nous accusait de jouer les Cassandre...

2. Le mercredi 1 juillet 2015, 11:25 par des pas perdus

Nosconsolations : J'aurais aimé travailler au milieu des livres... Oui, le bouquin dont je parle montre que le projet de l'UE était dans les cartons avant la deuxième guerre mondiale.

3. Le mercredi 1 juillet 2015, 11:49 par Lou de Libellus

Le référendum, c'est le 5.
Mais la mayonnaise a l'air de tourner :
http://www.lemonde.fr/economie/arti...

4. Le mercredi 1 juillet 2015, 11:50 par nosconsolations

C'est une dictature en pantoufles, c'est pourquoi peu d'observateurs l'ont entendu venir... (je me suis permis de mettre un lien vers votre excellent billet sur nosconsolations)

5. Le mercredi 1 juillet 2015, 15:46 par des pas perdus

Lou, je préfère attendre la fin de la journée pour juger, les infos fuitent, l'intox est à son comble.

Nosconsolations : j'allais vous remercier dans les commentaires, mais je n'ai pas de profil google.

6. Le mercredi 1 juillet 2015, 16:21 par nosconsolations

Mais comment faites-vous sans profil google ? Je ne comprends pas !

7. Le jeudi 2 juillet 2015, 11:07 par des pas perdus

Pas pour le blog, mais vous avez certainement la possibilité d'ouvrir les commentaires aux url.

8. Le jeudi 2 juillet 2015, 15:51 par nosconsolations

Je m'étonnais pour rire. Mais je viens d'aller voir et non, je n'ai pas la possiblité d'ouvrir les commentaires aux url, j'avais opté pour les commentaires profil gougueule car je recevais de fâcheuses visites anonymes avec commentaires insultants et cie... Mais pas grave, on se parle ici ou sur l'adresse mail référencée sur mon blogue. Bien à vous

9. Le dimanche 5 juillet 2015, 04:46 par babelouest

Le NON grec, c'est en quelque sorte la prolongation, dix ans après, du non français, du non néerlandais, du non irlandais. C'est leur revanche. C'est le NON à ce machin inventé il y a si longtemps par des banquiers, et mis sur les rails par les traîtres Monnet et Schuman.

La semaine dernière, plusieurs de mes copains, grâce à la collecte du parti, étaient à Athènes pour le forum international anti-union européenne. Ils étaient les seuls Français. Une douzaine de pays étaient représentés par des formations du même genre. Il est temps de replier ce montage financier arrogant qu'est l'union. Une simple union de financiers, au demeurant. Nous de France, d'Espagne, d'Italie, du Portugal, sortons tous ensemble de ce cloaque. Virons les saloperies qui ont réussi à prendre "légalement" le pouvoir dans nos pays respectifs, et qui ont énormément durci les répressions.

10. Le dimanche 5 juillet 2015, 10:51 par des pas perdus

Bien d'accord Bab.